Egide est un mordu de lecture. Depuis les premiers jours de son incarcération à Bubanza, il passe l’essentiel de son temps le nez plongé dans les livres.
« C’est pour voyager », dit-il humblement. S’envoler loin de Bubanza.
On pense alors à ces paroles du chanteur Jean-Jacques Goldman : « Envole-moi, envole-moi, envole-moi
Loin de cette fatalité qui colle à ma peau
Envole-moi, envole-moi
Remplis ma tête d’autres horizons, d’autres mots
Envole-moi »
Egide s’envole donc car « la lecture est un voyage de l’esprit, une agréable absence de la vie et de soi-même.», disait Montesquieu. Les pages d’un bon roman font oublier notre condition d’homme, femme, riche, pauvre, libre, prisonnier, malade, bien portant.
La lecture est un voyage de l’âme. Egide a beau être derrière les barreaux, son esprit navigue dans le temps, l’espace, le présent ou le futur. Mieux, il est sans doute souvent confronté à son Moi le plus profond. Car les livres, c’est aussi l’introspection. Un voyage dans notre Moi intérieur à travers les émotions qu’ils induisent en nous. Le voyage, c’est la liberté. Donc, la lecture rend l’esprit libre. Au final, de compagnons de voyage à l’intérieur d’une cellule de prison, les ouvrages sont devenus des compagnons de liberté de l’esprit pour Egide privé de liberté physique.
Et si, malgré tout, Egide était libre en prison ? C’est ce que l’on se dit à Iwacu, peut-être pour se donner un peu de courage. Les murs de la prison de Bubanza sont bien réels, froids, lugubres…