Mandat prorogé de la Commission Diène «afin qu’elle puisse approfondir ses enquêtes». Ainsi en a décidé le Conseil des droits de l’Homme, vendredi 27 septembre, à l’issue de sa 42e session. La société civile en exil crie victoire.
La veille de l’adoption de cette résolution se jouait une pièce en un acte, à l’hôtel Source du Nil à Bujumbura, le pendant de l’issue de Genève. 15 des 18 gouverneurs présents ont procédé à des tirs croisés contre le CNL, accusé d’être le responsable de l’intolérance politique à l’encontre des militants du parti CNDD-FDD.
La teneur de la lettre pastorale des évêques catholiques, censée être portée à la connaissance des catholiques, dimanche 22 septembre, résonne, au regard de cette théâtralisation de la vie politique, comme une fausse note. Ainsi s’explique la rhétorique incendiaire, les injures infamantes à l’encontre des prélats, dans la foulée de la fuite de leur lettre pastorale.
Sur l’autre bord de l’échiquier politique, contre toute attente, on exhibe le V de la victoire après s’être prêté au jeu de la confrontation entre rapport et contre-rapport. «Comme prévu, la Résolution de l’Union européenne vient de passer avec 23 voix POUR tandis que 11 ont voté ABSTENTION et 13 l’ont rejetée. En plus qu’elle restera sans effet, ce résultat devrait interpeler la conscience de la Commission européenne. Le Burundi reste vainqueur», a réagi sur Twitter, Willy Nyamitwe, conseiller principal à la présidence de la République, chargé de l’Information, de la Communication et des Relations avec les médias.
Surprenante arithmétique que celle qui consiste à additionner les voix contre et l’abstention. Cette position adoptée par 13 pays révèle leur tiraillement entre le credo de la solidarité entre pays du sud et la réalité implacable des faits. Tandis que les 11 voix contre semblent obéir au principe de la non-ingérence dans les affaires internes d’un Etat. Avec la Chine comme chef de file. Les 25% de soutiens de Gitega représentent 50% des voix pour. Un échec diplomatique d’autant plus cuisant qu’il n’a réussi à rallier à sa cause que 37% des pays du sud. La majorité se subdivisant en pro résolution et indécis.
Les conclusions de la Commission Diène relèvent pour la première fois l’existence des huit facteurs de risques communs aux atrocités criminelles au Burundi. Et ledit conseil se dit particulièrement inquiet par le rôle et la latitude accrus accordés aux Imbonerakure et relève la possible responsabilité du gouvernement burundais dans les actes illicites commis par les Imbonerakure.
En face, le principe du déni est à l’œuvre. Rien de nouveau sous le soleil, semble dire le propagandiste en chef du système DD.
« Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir », dira en son temps celui qui se présenta à maintes reprises comme le Fils de l’homme.