Parmi les dernières activités de son projet ‘’Média pour le dialogue’’, l’organisation néerlandaise la Benevolencija a organisé ce 11 octobre un « Collège tour » réunissant des étudiants, burundais, congolais et rwandais. Un seul but : évaluer. Depuis qu’ils se rencontrent périodiquement pour faire entendre leurs voix, qu’est-ce qui montre qu’ils sont entendus par ceux qui portent le destin des trois pays ?
Les activités de cette session ont été menées autour d’un débat qui avait pour thème « Jeunes, sommes-nous écoutés ? ». Un débat qui a vu la participation de 150 étudiants burundais et quelques Congolais.
La plupart ont apprécié les efforts déjà entrepris par le gouvernement en leur faveur. À titre d’exemple, ils ont cité la création de la Banque d’investissement des jeunes (BIJE) et le Programme d’autonomisation économique des jeunes (PAEJ).
Des institutions mises en place pour encourager les jeunes à créer des entreprises en leur facilitant l’accès au crédit et sans intérêt. Ils apprécient également l’inclusion de jeunes dans les instances du pouvoir, afin de prendre part aux décisions de l’Etat.
Néanmoins, certains jeunes trouvent que ce n’est pas encore assez. Sur le plan socio-économique, ils déplorent les difficultés de décrocher ces crédits auprès du PAEJ et de la BIJE : « Très peu de candidats aux crédits y ont accès ». Des crédits souvent octroyés à une seule catégorie de jeunes, ont lâché certains de ces jeunes. « Face à un pays ayant une inflation de plus de 30%, il faut des mesures gouvernementales favorisant les jeunes à embrasser plus dans l’entreprenariat », a insisté Guillaume Muhoza, directeur d’Iris News, un média en ligne, en révélant que la plupart des jeunes qui se sont lancés dans l’entrepreneuriat font aussi face souvent au problème de marché d’écoulement de leurs produits.
Ce jeune responsable de média regrette que la représentativité des jeunes dans les instances de prise de décision reste encore faible. Pour lui, le gouvernement burundais, mais aussi les États membres de la région devraient favoriser la mobilité de leur jeunesse pour partager des expériences, et élaborer aussi des stratégies politiques favorisant l’entrepreneuriat des jeunes. « Aussi longtemps que les jeunes ne seront pas assez indépendants économiquement, ils ne pourront pas participer activement dans la consolidation de la paix ni même dans le développement de nos pays ». Et d’insister que tout cela sera réalisable une fois que l’espace politique sera sain.
La jeunesse congolaise de leur côté, s’est beaucoup plus focalisée sur le volet socioculturel qui d’après elle, joue un rôle crucial dans la consolidation de la paix dans la sous-région. Elle a fait appel à des politiques permettant la libre circulation des citoyens et l’organisation des événements inter régionaux, comme le festival de Goma qui rassemblait des artistes burundais, congolais et rwandais sur un même podium.
Quelques efforts déjà menés par le gouvernement burundais
En plus de la création du PAEJ et de la BIJE, le ministère ayant la Jeunesse dans ses attributions a indiqué qu’en vue de pouvoir renforcer la voix des jeunes, un Conseil National des Jeunes a été aussi mis en place. Un cadre conçu pour pouvoir collecter les doléances des jeunes afin de mener des plaidoyers efficaces envers eux, a fait savoir Zabron Sindayigaya, directeur Jeunesse au ministère de la culture et de la Jeunesse. « Tout cela démontre la volonté du gouvernement d’accompagner et de soutenir toutes initiatives des jeunes », a-t-il indiqué. Et d’inclure dans ces actions menées, les rencontres annuelles des jeunes organisées par le président de la République.
Toutefois, le directeur Jeunesse reconnaît que les efforts pour encourager l’entreprenariat des jeunes doivent être renforcés tant au niveau national que dans la sous-région. Comme cela, continue-t-il, la force de notre jeunesse sera plus mobilisée dans le développement de leurs pays. « Notre président aime le dire, une jeunesse qui a de quoi à faire ne sera pas prise au piège des manipulateurs ». Il a également interpellé la jeunesse burundaise à savoir dire non aux manipulations politiques.
« Il y a un plus »
La Benevolencija juge satisfaisantes les différentes interventions menées par le gouvernement burundais pour mettre en application les recommandations émises par les jeunes lors des différents Collèges Tour » qui ont été organisés.
Et parmi ces recommandations, le Chef de mission de cette ONG néerlandaise au Burundi a cité la représentativité des jeunes dans les instances de prise de décision, et l’employabilité des jeunes. « Voir par exemple les expériences acquises qui sont sollicitées par l’Etat pour remplir des hautes fonctions, cela démontre que les jeunes plus qu’hier sont considérés comme des acteurs actifs et incontournables du développement du pays », a-t-il confié, en affirmant que le PAEJ et la Banque des jeunes BIJE, ont contribué dans la réduction du taux de chômage chez les jeunes.
Cependant, M. Nkurunziza soutient lui aussi qu’il faut encore plus d’efforts pour que les jeunes se sentent vraiment écoutés. Il insiste sur le renforcement de la représentativité des jeunes dans les instances de prise de décision qui, selon lui et de l’avis des jeunes, n’est pas encore assez ainsi que sur un accès accru au crédit pour plus d’emplois des jeunes. Et de marteler que la non employabilité des jeunes dans la sous-région est une bombe qui pourrait amener les jeunes à être manipulables pour la commission des violences.
Pour Nestor Nkurunziza, les Etats de la sous-région devraient favoriser la libre circulation pour faciliter la mobilité des jeunes. « Les jeunes ont aussi demandé la redynamisation de la Communauté des Pays des Grands Lacs, qui pourrait conduire les États membres à exploiter ensemble leurs ressources communes dans l’intérêt de leurs populations », a-t-il déclaré.
Quant « Média pour le dialogue », le chef de mission de la Benevolencija au Burundi a expliqué que le projet a été conçu en vue de favoriser la consolidation et la cohésion des populations de la sous-région malgré les différents conflits qui frappent souvent les États membres.