Mercredi 07 août 2024

Politique

Jeunes et partis politiques : une législation lacunaire

Jeunes et partis politiques : une législation lacunaire
Denis Banshimiyubusa : « Les statuts des partis sont généralement muets sur la place des jeunes »

La jeunesse burundaise représente une majorité de la population. Malgré leur poids démographique, cette partie est exclue dans les institutions décisionnelles. Le politologue Denis Banshimiyubusa souligne l’absence de lois garantissant leur inclusion.

Au Burundi, la jeunesse représente une proportion significative de la population, avec environ 7.800.000 personnes sur une population totale de 12 millions, selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Denis Banshimiyubusa a exposé le vide juridique ou une base légale comme un des principaux obstacles qui bloque les jeunes pour accéder aux postes clés au sein de leurs partis et au niveau du pays.

C’était dans une conférence publique que ce politologue a animée ce vendredi 26 juillet 2024, à l’Université du Lac Tanganyika. « La source des droits, c’est la loi : cette dernière définit les droits de la personne humaine et en constitue la garantie », explique le professeur Denis Banshimiyubusa.

Contrairement aux droits des femmes, largement garantis par des textes juridiques spécifiques, les droits des jeunes ne bénéficient d’aucune législation similaire. Denis Banshimiyubusa est sans équivoque : « Les textes internes aux partis, leurs statuts, sont généralement muets sur la place des jeunes dans les structures de direction des partis. » Ce manque de cadre légal empêche les jeunes d’accéder aux instances décisionnelles, créant une barrière institutionnelle difficile à surmonter.

En comparaison, la Constitution burundaise prévoit une représentation de 30 % pour les femmes dans les institutions décisionnelles. Cependant, aucune disposition similaire n’existe pour les jeunes.

« Que les jeunes se mettent ensemble pour faire avancer leurs priorités »

« Il n’y a aucune loi qui oblige les partis politiques à intégrer les jeunes dans leurs organes de décision à un pourcentage déterminé », explique ce chercheur. Cette absence de garanties légales laisse les jeunes dans une position vulnérable et souvent négligée par les partis politiques.

Cette situation crée plusieurs défis pour les jeunes qui souhaitent s’impliquer dans la politique. Premièrement, sans un cadre légal clair, leur inclusion dépend largement de la bonne volonté des leaders des partis politiques, qui peuvent ne pas toujours être disposés à céder du pouvoir aux jeunes.

Deuxièmement, cette marginalisation institutionnelle peut être perçue comme un conflit de génération, où les intérêts des jeunes sont souvent relégués au second plan.

Le professeur Denis Banshimiyubusa explique cette dynamique en ces termes : « Pour les jeunes, c’est compliqué à la limite, cela risque d’être perçu comme un conflit de génération et cela est plus visible sur les listes des candidatures au moment des élections. Les anciens préfèrent se servir d’abord et puis donnent aux jeunes le reste. C’est normal parce que la charité bien ordonnée ne commence pas par les autres. »

En outre, les préjugés et la tradition, l’égoïsme des aînés politiques et d’autres facteurs comme les contraintes économiques et le manque d’unité ainsi que la peur de revendiquer leurs droits renforcent cette exclusion.

Pour surmonter ces obstacles, Denis Banshimiyubusa insiste sur la nécessité d’une prise de conscience et d’une solidarité accrue parmi les jeunes. Ils doivent travailler ensemble pour demander des changements en faveur de leurs intérêts. « Les jeunes doivent d’abord mettre à côté leurs diversités et travailler ensemble afin de lutter pour leurs priorités mêmes », conseille-t-il ce politologue.

En mettant de côté leurs différences, les jeunes peuvent unir leurs efforts pour proposer des projets prioritaires et les soumettre à leurs partis respectifs. « Peu importe le parti qui gagnera les élections, ces projets bénéfiques pour les jeunes auront gagné et constitueront une victoire pour la jeunesse », souligne le professeur Denis Banshimiyubusa.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. KARORERO Jackson

    exactement les jeunes devraient ouvrir grandement les yeux.

  2. NIGOBOKA Alexandrine

    Très judicieux! La jeunesse finalement,doit prendre conscience et revendiquer leurs droits quant à la position aux instances décisionnelles.
    Petit à petit l’oiseau construira son nid…

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