Qu’est-ce qui se passe à Kampala pour Jérémie Ngendakumana et ses compagnons ? Des infos contradictoires circulent. Bloqués en Ouganda alors qu’ils attendaient un laissez-passer pour Bujumbura, l’ancien président du CNDD-FDD empêché de retourner au Burundi a expliqué à Iwacu leur mésaventure.
Par Antoine Kaburahe
Vous avez donc décidé de rebrousser chemin. Dites-nous, qu’est-ce qui s’est passé Kampala ?
Ce mercredi 12 février 2020, nous avons pris l’avion avec Bujumbura comme destination finale. N’ayant pas de passeports valides, nous avons effectué une escale à Kampala pour demander un laissez-passer auprès de l’ambassade du Burundi en Ouganda. Jeudi 13 février, nous avons remis les photos passeports après avoir complété les formulaires de demande. La secrétaire a rapidement préparé nos laissez-passer et les a remis à l’Ambassadeur, Mme Épiphanie Kabushemeye Ntamwana pour signature. Bien entendu l’Ambassadeur a pris le soin d’informer les autorités burundaises et demandé l’autorisation de délivrer le document, ce qui est normal. Vendredi 14 février au matin, nous sommes retournés à l’ambassade pour récupérer les laissez-passer. Mais nous avons trouvé une instruction écrite, datée, signée par l’Ambassadeur nous interdisant l’accès au bâtiment de l’ambassade.
Comment vous avez vécu cela ?
Nous avons compris que malgré le discours officiel, le pouvoir du Burundi ne veut pas que les hommes politiques rentrent au pays pour participer aux élections.
Interdits d’entrer dans votre pays, que ressentez-vous, de la tristesse ? De la colère ?
Nous sommes assez matures pour prendre les choses telles qu’elles viennent. Mais c’est quand même atypique de voir un Etat qui refuse à ses citoyens de rentrer dans leur propre pays. Une chose est sûre : nous avons pu accompagner le menteur jusqu’à sa porte et maintenant, la vérité a éclaté au grand jour. L’opinion aura compris que ces gens n’ont pas la volonté d’organiser une compétition politique inclusive, libre, transparente. C’est déjà un mauvais signe.
Qu’est-ce que vous allez faire désormais ?
La lutte pour la démocratie et l’Etat de droit au Burundi continue. Il s’agit d’un travail de longue haleine qui demande du courage et de l’endurance. Je demande à tous les Burundais d’être alertes et de lutter pour leurs droits. De par l’histoire, la démocratie et l’Etat de droit n’ont jamais été un cadeau offert sur un plateau d’argent. Ça ne se donne pas, ça s’arrache…