L’ambassade du Burundi en Ouganda a refusé d’octroyer des laissez-passer à Jérémie Ngendakumana et ses compagnons qui rentraient de l’exil. Nombre de politiques dénoncent une politique de deux poids deux mesures.
Peu avant son retour, l’ancien président du CNDD-FDD, Jérémie Ngendakumana, avait déclaré à Iwacu: « Je rentre au Burundi comme un politicien qui va participer aux élections. Mon souhait est d’apporter ma contribution dans l’édification d’un Burundi paisible, démocratique et respectueux de l’Etat de droit. » Un souhait qui n’a pas été exaucé par l’Ambassade du Burundi en Ouganda. «Ce mercredi 12 février 2020, nous avons pris l’avion avec Bujumbura comme destination finale. N’ayant pas de passeports valides, nous avons effectué une escale à Kampala pour demander un laissez-passer auprès de l’ambassade du Burundi en Ouganda», indique Jérémie Ngendakumana. Ce dernier était avec d’autres hommes politiques, notamment Pamphile Muderega et deux autres.
«Jeudi 13 février, nous avons remis les photos passeports après avoir complété les formulaires de demande. La secrétaire a rapidement préparé nos laissez-passer et les a remis à l’ambassadrice, Épiphanie Kabushemeye Ntamwana, pour signature.» Coup de théâtre. «Vendredi 14 février au matin, nous sommes retournés à l’ambassade pour récupérer les laissez-passer. Mais nous avons trouvé une instruction écrite, datée, signée par l’ambassadrice, nous interdisant l’accès au bâtiment de l’ambassade».
«C’est incompréhensible»
Pour l’ancien président du parti de l’aigle, Gitega ne veut pas que les hommes politiques rentrent au pays pour participer aux élections. «C’est quand même atypique de voir un Etat qui refuse à ses citoyens de rentrer dans leur propre pays».
L’ancien président de la République, Sylvestre Ntibantunganya, n’en revient pas : « C’est la preuve qu’il y a des contradictions au sein du parti au pouvoir.» Depuis ce refus, l’ancien président ne cesse pas de s’interroger : « Si le gouvernement s’est déjà inscrit dans cette logique de permettre le retour des exilés politiques non poursuivis par la loi à l’instar d’Anicet Niyonkuru et ses acolytes du CDP, pourquoi en priver les autres ? » D’après lui, c’est une preuve qui montre à suffisance qu’il y a des divergences de vue sur certaines questions au sein du parti au pouvoir. A l’approche des échéances électorales, il perçoit des signaux qui ne sont pas de bon augure.
«Nous pensons que ce n’est pas le gouvernement du Burundi qui est à l’origine de ce refus», réagit Abdoul Kassim, président du parti UPD Zigamibanga, avant d’ajouter : «Nous pensions que les portes sont ouvertes pour tout Burundais qui veut rentrer.»
Phenias Nigaba, porte-parole du parti Frodebu, indique qu’ils ont mal accueilli cette décision : «On dirait que les portes sont ouvertes pour les uns et fermées pour les autres. Les paroles doivent être suivies par des actes.» Pour lui, des mobiles politiques se cachent derrière ce refus. «On s’interroge toujours sur les raisons de ce refus. C’est incompréhensible qu’on empêche une personne qui n’est pas poursuivie par la justice de rentrer chez lui. Rentrer, c’est le droit le plus absolu pour chaque Burundais», commente Simon Bizimungu, secrétaire général du CNL. Iwacu a cherché l’ambassadeur Bernard Ntahiraja, assistant du ministre des Relations Extérieures, sans succès.