Par Antoine Kaburahe
Tout le monde est unanime. L’hôtel était un petit « bijou » à Kirundo. Une fierté. Une référence dans le coin. Trente chambres. Une dizaine d’employés. De l’établissement, il ne reste que les photos des ruines partagées sur tous les réseaux sociaux. Le malheureux propriétaire, le Dr Jean Minani, oscille entre colère et tristesse.
La tragédie de son hôtel débute en novembre 2015. « L’établissement a été fermé par décision de justice. A l’époque on a dit que des gens qui menaçaient la sécurité de quelques autorités de la province avaient passé la nuit dans mon hôtel. Des perquisitions avaient été faites. On n’avait rien trouvé. Mais tout mon personnel a été arrêté, l’hôtel fermé, mis sous scellé », raconte le président du CNARED.
Une position de police a été placée à quelques mètres de l’établissement condamné. « Mais curieusement, malgré la présence des policiers à quelques mètres de mon hôtel, qui est par ailleurs situé dans un quartier résidentiel, des cas de vols m’étaient rapportés presque chaque jour », lâche amer le Dr Minani qui rappelle que la résidence du gouverneur de province est même située près de son établissement.
Depuis son exil, le Dr Jean Minani apprend, impuissant , que du mobilier, des matelas , des ustensiles de cuisine sont pillés même au grand jour. « Ils se servaient sans vergogne» , dit-il avec un triste sourire.
Petit à petit, l’établissement tombe en ruine. Mais c’est dernièrement, après son élection à la tête du CNARED, que la destruction aurait pris un autre tour, accuse le Dr Minani. « J’ai appris que l’on creusait pour faire tomber les murs », accuse-t-il.
Alors que le scandale enfle sur les réseaux sociaux, le porte-parole de la police a réagi, réfutant les accusations du patron du CNARED. Pour Pierre Nkurikiye, cité par Ikiriho « la garde de l’hôtel était privée. Faute d’être payés, les gardiens ont abandonné leur poste sans avertir la police ou l’administration. L’hôtel sera pillé », explique M. Nkurikiye.
Ce qui fait bondir le Dr Jean Minani : « C’est du n’importe quoi ! Une position de la police était postée à l’entrée principale de l’hôtel. A l’arrière, il y a d’autres policiers qui gardent la résidence du gouverneur, d’autres affectés chez le commissaire de la police, à quelques mètres du camp de la police. Comment peut-on voler allègrement dans un lieu si gardé ? Jusqu’à arracher et transporter un gros de tank de 5000 litres qui servait à faire des réserves d’eau ! »
Le Dr Jean Minani soutient que son hôtel a été pillé au vu et au su de tout le monde. « Kirundo est une petite ville, les gens savent même où se trouvent les meubles, les téléviseurs, les frigos, les matelas, tout ce qui a été pris dans mon hôtel ».
Le Dr Jean Minani regrette cette haine qui anime certains politiciens burundais, jusqu’à s’en prendre aux biens de ceux qu’ils considèrent non pas comme leurs adversaires politiques, mais leurs ennemis. « Cet hôtel était la fierté de Kirundo, des gens y travaillaient, faisaient vivre leurs familles, je payais mes impôts, pourquoi le détruire ? » s’interroge-t-il, depuis son exil.
D’après lui, ceux qui font cela envoient un terrible message de haine.
« C’est bête et très méchant », conclut le président du CNARED.
C’est vraiment une honte de voir l’immobilier détruit sans que l’Etat réagisse. Il vaudrait mieux que ce dernier réquisitionne ces locaux et les utiliser à bon escient. S’il les avait transformé en un centre de santé ou en un service administratif, le propriétaire lorgnerait mais les citoyens ne croiraient jamais en une méchanceté d’une telle ampleur. Maintenant, on peut non seulement penser à une méchanceté de l’administration en général et à celle de l’administration locale en particulier mais aussi à une déviance sociale pure et simple.
Nous sommes habitués que ce journal censure les points de vue qui ne lui satisfait pas. Mais autant ça ne changera pas notre détermination comme peuple.
Cela ne sert à rien mais il faut montrer à la face du monde la cruauté . Des crimes contre l’humanité, il passe aux crimes contre les biens. Les suppôts les plus virulents des DD comme ceux que nous lisons ici se plaisent à croire que les atrocités sont réservées uniquement à la mauvaise ethnie. Ils font semblant d’oublier qu’avant la mauvaise ethnie, on a exterminé les militants FNL et ne s’embarrassait guère de leur bonne ethnie. Nous sommes en présence du mal incarné et nous sommes partis pour 40 ans. Il ne nous reste qu’à faire de nos plumes et de nos voix le monument des milliers de victimes innocentes de la barbarie . Et je remercie John Rambo de l’avoir rappelé. Cela ne sert à rien mais un exilé Erythréen me rappelait qu’au Burundi nous avons la chance de pouvoir pleurer nos morts et dénoncer les crimes alors qu’eux ils n’ont même pas cette possibilité.
la terreur DD dans toute sa splendeur,les temps changent et le karma existe rapellons nous les Mobutu Bokassa Amin Dada Duvalier Milosevic Ben Ali.
Courage Dr Minani
Ariko mumenye ko ivyo mu Burundi bihindukira mukanya gato ; ngo : »ingwe ntiyarizi gucakira kwizosi ngo yahawe tuyeau! » Haha ! Wait and see «
Cela dépasse tout entendement. Mais quelle méchanceté, quelle haine? Ce qui est en cours depuis avril 2015, montre à suffisance que le problème n’est en aucun cas tribalo-ethnique comme voudraient le présenter l’auteur principal de cette crise et les siens. En politique il y a des erreurs qu’il ne faut pas commettre comme par exemple sous-estimer la maturité politique des Burundais qui, depuis avril 2015, se battent de la façon la plus déterminée qui soit pour que les Accords d’Arusha ainsi que la Constitution burundaise (2 mandats présidentiels et on s’en va) soient scrupuleusement respectés. Ils y parviendront, vous verrez et de la façon la plus pacifique qui soit. Le camp d’en face, celui qui est à la base de la crise de avril 2015, invente toute sorte de maux, y compris la destruction des biens matériels de ceux qui ne pensent pas comme lui, pour continuer à régner dans l’impunité totale, sur un pays meurtri dont 4% de la population l’a fui, et dans un état comateux sur le plan économique et des droits de l’Homme. C’est purement et simplement une horreur.
A quand la fin de ces cycles de violences aveugles ? Le passé ne nous a rien appris : Il y a 24 ans, Minani appelait à « guhagarara bwuma » sur les ondes d’une radio, aujourd’hui voilà de ce qu’on fait de ses biens. Aujourd’hui ceux qui commanditent ces dégâts devraient réfléchir ; car ils ne savent pas ce qu’ils seront demain et peut-être payeront-ils leurs forfaits les jours à venir. On dirait que notre propre histoire même récente ne nous apprend rien. Quel dommage.
C est bete et mechant dit Dr Jean Minani. C est tres vrai. C est tres bete de s en prendre aux biens materiels qui etaient par ailleurs d une certaine utilite pour le tresor public. Mais Dr Jean Minani devrait savoir que ceux qui ont demoli son hotel sont ceux la meme qu il appelait a partir du Rwanda de guhagara bwuma. Depuis lors, ils ont tue des innocents et detruit et vole les biens de leurs victimes. Voila le tableau sombre qui devrait nous inspirer sagesse et retenue avant de dresser les gens contre les autres.
Ce que la clique de (…) censuré a fait à cet hotel n’est rien comparé à ce qu’elle a fait à Charlotte Mugwaneza, à Christophe nkezabahizi et sa famille, à Oscar Ntasano, à Afsa Mossi, à Zeid Feruzi, à la famille de P.C. Mbonimpa ainsi qu’à des miliers d’autres burundais.
Gandhi a dit, un jour, que : « Vivre ce n’est pas attendre que l’orage passe, mais apprendre à danser sous la pluie ».
Cette phrase interpelle les sages burundais. On a vu des orages et, on est toujours en plein orage. Qu’avons-nous appris à la fin ? Le Burundi et les Burundais ne sont pas parfaits mais, vivre chez l’autre est toujours un calvaire auquel on ne s’habitue jamais. Minani et les autres devraient se mettre en tête que l’orage ne passera pas demain par un coup de magie. Il faudrait plutôt négocier leur retour et apprendre à danser sous la pluie burundaise.
Je ne voudrais pas être le prophète de malheur mais, ce qui vient d’arriver à Minani peut préluder un autre gros orage. Va-t-on voir d’autres destructions ? Cela n’est pas exclu. On a vu ce modus operandi après la mort de Ndadaye. Ceux qui ont eu l’occasion de voyager à l’intérieur du pays se souviendront que des maisons ou biens des gens qui étaient parvenus à fuir avaient été vandalisés ou « mis par terre » comme on l’appelait à l’époque ; « Gushira hasi ». Il faut espérer que ce soit un cas isolé, sinon le pire est à venir.
Aujourd’hui plus que jamais, les Burundais en général et les politiciens en particulier, devraient se rendre compte qu’il y a moyen de régler le problème Burundais autrement que par la violence.
C’est l’execution d’un plan dont je ne trouve pas le bon qualificatif. Si au moins le plan s’arretait seulement a la destruction des biens materiels, on reconstruirait.
Je crois que le Bdi a eu ce que les bdais appellent umuvumo.
@ Antoine-Marie
« … qu’il y a moyen de régler le problème Burundais autrement que par la violence. »
Je suis peut-être pessimiste, mais je crains que cette vérité ne pénètre pas les esprits des personnes au pouvoir. Elles se sont battues, elles, et elles ont gagné. Les autres, les pleutres réfugiés à l’étranger, n’ont rien à leur apprendre.
C’est ainsi que semble raisonner le noyau fort du Bujumbura officiel – qui est un survivant du putsch de la mi-mai 2015, par la grâce des haut-gradés du contre-putsch qui y ont trouvé leur avantage.