Des messages de haine prolifèrent sur les réseaux sociaux. Jean de Dieu Mutabazi, président de l’Observatoire National pour la Prévention et l’éradication du génocide, des crimes de guerre et des autres crimes contre l’humanité invite les instances habilitées à punir les auteurs.
Votre observatoire est-il au courant des messages de haine ethnique tenus par certains individus ?
Parmi nos missions figure le suivi et l’évaluation de la société burundaise du point de vue de la question du génocide, des crimes de guerre et des autres crimes contre l’humanité. Nous essayons de suivre les différents langages qui sont distillés et diffusés ici et là, que ce soit sur les médias officiels et sur les réseaux sociaux. Nous les avons entendus, des messages incitant les Burundais à la haine ethnique. Ce sont des messages qui incitent à des violences, à la guerre.
Ce sont des messages que nous condamnons. Nous lançons un appel à l’endroit des auteurs de ce genre de message pour y mettre un terme immédiatement. Nous invitons, par la même occasion les auditeurs à les condamner, les dénoncer.
Quelle interprétation faites-vous des discours de ceux qui se disent pro-hutu ou pro-tutsi?
Les auteurs de ces messages incitateurs de haine ont pour objectif d’inciter les membres des différentes composantes ethniques du pays à s’entredéchirer. Ils veulent inciter le peuple burundais à la violence et à la guerre civile, à revivre le déjà vu.
Nous prenons toutes les mesures prévues par la réglementation qui nous met en place pour que ces messages ne puissent pas avoir des conséquences négatives. Nous privilégions beaucoup plus la prévention dans notre mission.
Que doivent faire les autorités publiques ?
Les auteurs des messages de haine ne sont pas faciles à combattre. Il faut utiliser la coercition. Nous demandons aux autorités habilitées de prendre des mesures de répression. Dans le code pénal livre II, les auteurs des infractions, en particulier concernant le génocide et des crimes contre l’humanité sont punis très sévèrement. Par exemple l’article 205 du code pénal prévoit qu’une personne physique ou morale reconnue coupable de crime de génocide, crimes de guerre et des autres crimes contre l’humanité encourt au moins l’une des peines complémentaires qui ont été énoncées, dont la perpétuité.
La loi doit être appliquée. Le ministère public prend en main ces dossiers et les auteurs sont punis conformément à la loi. Même quand les auteurs sont à l’étranger, les instances judiciaires collaborent avec le ministère des Affaires étrangères et Interpol pour que les pays hôtes puissent les extrader.