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Jean-Baptiste Alaize : des massacres de 1993 aux Jeux Para olympiques

05/05/2013 Commentaires fermés sur Jean-Baptiste Alaize : des massacres de 1993 aux Jeux Para olympiques

<img7554|left>Jean- Baptiste Alaize : « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort »
Quadruple champion du monde et recordman du monde du saut en longueur des moins de 23 ans, Jean baptiste Alaize, revient quelques jours au Burundi, son pays natal, après 17 ans.

Jeudi 14 mars, c’est un garçon tout droit sorti d’une série américaine que nous rencontrons au stade prince Louis Rwagasore. Casquette de marque, boucle d’oreilles, tatouages : le jeune homme a 21 ans. Pourtant il est loin d’être banal. Le jeune homme, une jambe en carbone, s’entraine, et ce n’est pas les 30°C à l’ombre qui vont le perturber : « A paris, il fait -8°C » lance- t-il, entre deux sauts, avec un sourire déconcertant.

<doc7552|left>Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, dit-on, et l’adage prend véritablement sens chez J-B Alaize. Tenez : en 1993, en plein dans les massacres entre hutu et tutsi, sa mère est assassinée. Lui, après trois jours dans le coma, se réveille amputer à hauteur du tibia droit. Il passera ensuite trois ans dans un orphelinat, avant d’être adopté par une famille française de Montélimar. Il rejoint la France, en 1998 « J’avais l’impression d’être sur une planète » se souvient le jeune athlète, sourire aux lèvres. A 7 ans, Il ne parle que le Kirundi, sa langue maternelle, mais l’intégration se fera sans mal. « J’ai eu la chance de tomber sur une famille géniale. Ils m’ont énormément aidé pour surmonter mon handicap et mon passé » explique, le jeune homme, en remettant sa prothèse.

Au collège, le jeune adolescent n’est pas très à l’aise avec son handicap. Et il est si discret que lorsqu’il participe au relais 4x100m lors d’une compétition inter-collèges, personne ne remarque qu’il porte une prothèse, pas même son professeur de sport. Ce n’est qu’après la compétition que ce dernier découvre qu’il est handicapé, et lui conseille de trouver un club professionnel. Et ce fût le début de l’ascension. En 2007, il participe aux championnats du monde junior et remporte trois médailles d’argent sur 100m, 200m et à la longueur. L’année suivante, c’est une médaille d’or en saut à la longueur et un premier record mondial qu’il réalise.

En tout, il sera sacré 4 fois champion du monde et détient encore aujourd’hui ce record mondial des moins de 23 ans. En 2011, cerise sur le gâteau, il est surclassé chez les séniors et compète désormais avec les grands. « Ah oui, j’avais raflé tous les records chez les juniors » dit-il non sans fierté. Record qui le conduira en 2012, aux jeux paralympiques de Londres. Il terminera 7ème en saut en longueur.

Il y a un mois, Jean Baptiste Alaize, né Mugisha en 1991, à Muyinga, est revenu quelques jours au Burundi, après 17 ans. De sa langue maternelle, il ne lui reste qu’un mot « mwaramutse » (Bonjour), mot qu’il prononce avec un accent terriblement parisien. « Revenir au Burundi, c’est une sorte de thérapie. Un retour sur mon passé afin d’éclaircir certaines choses. J’ai attendu toutes ces années, pour être prêt à l’affronter »

Le passé ? Il ne veut plus s’y attarder. Et les cicatrices qu’il garde dans le cou, dans le dos, ne sont qu’un vieux souvenir. Aujourd’hui, Il croque la vie à pleines dents. « Je vis mes rêves chaque jour » son ultime objectif est celui de monter sur le podium à Rio en 2016.

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