Élever un enfant qui n’est pas le sien est souvent source de conflits au sein d’un couple. Ce qui conduit certaines mères à se séparer de leur enfant.
<img7106|left>Marie Claire Kamariza s’est mariée quand son fils avait quatre ans. Au début de sa relation, elle avoue à son futur mari qu’elle a un enfant. Une fois mariés, son époux supporte de moins en moins le petit garçon : « Je ne comprenais pas son comportement alors qu’il avait accepté qu’il porte son nom. » Au début, elle pense que cela est dû au fait qu’elle ne donne naissance qu’à des filles (3). Au fil des années, leur relation se dégrade suite au comportement affiché par le mari envers le garçon. « Il l’ignorait carrément, il ne voulait pas le voir à table ou qu’il s’asseye dans le salon pour regarder la télévision. A chaque remarque, suivait des coups et il le battait comme si c’était un voleur. »
Ne supportant pas de le voir maltraiter son fils, elle devient plus protectrice. Un jour, elle affirme qu’il l’a battu et elle s’est interposée : « Il nous a tous battus et chassés de la maison. Nous avons passé des jours chez mes parents. »
Se rendant compte que le garçonnet était à la base des disputes incessantes du couple, la mère de Marie Claire décide de le récupérer pour l’élever. « Je crois que c’était la seule possibilité. Je me sentais piégée. Si je quitte mon mari, il n’acceptera pas que j’amène mes filles. Alors j’ai décidé que mon fils soit élevé par ma mère pour son bien-être. » Selon elle, ce fut la décision la plus dure qu’elle eu à prendre : « Je garde des liens très étroits avec mon fils »
Quant à Nadine M., avant de rencontrer Serges B., son époux, elle avait un fils de 6 ans qu’elle a eu avec un camarade de classe à l’école secondaire. Lorsqu’elle s’est mariée, elle a préféré que son fils reste chez ses parents. « Nous vivons dans une société qui n’accepte pas facilement qu’une fille mette au monde hors mariage. J’ai eu la chance de rencontrer Serge, mais je n’ai pas voulu lui imposer la présence de mon enfant. » Elle dit avoir conservé des liens très étroits avec son fils : « Je subviens à ses besoins, je paie ses études. Tout ce dont il a besoin, je le lui donne. Cela ne lui a pas posé de problème. » Et d’ajouter qu’elle en a souvent discuté avec son époux.
Le point de vue d’un psychologue : « Attention au sentiment de culpabilité »
Selon Aldophe Sururu, psychologue, il existe beaucoup de variables dans ce genre de situation. Soit le père biologique ne reconnaît pas sa paternité, soit il la reconnaît, mais ne peut pas vivre avec sa mère pour de nombreuses raisons. Sans oublier la possibilité de son décès.
Le spécialiste précise qu’il est important que l’enfant sache qui est son père biologique pour son développement psychique. « L’enfant cherchera toujours à renouer avec ses racines ancestrales. Il doit connaître la vérité pour éviter qu’il l’apprenne par une tierce personne. »
<doc7107|right>Le problème, pour Adolphe Sururu, intervient quand la maman se marie et ne vit plus avec son enfant. Pour la maman, cette situation peut provoquer un sentiment de culpabilité : « Loin de son enfant, elle se demande si là où il se trouve il est bien traité, s’il se sent bien.
Pour l’enfant, il se sentira rejeté, trahi par un père qui ne veut pas le reconnaître et une mère qui ne l’a pas emmené avec elle. « Sur le plan social, ces enfants, qui grandissent sans autorité parentale, causent souvent des problèmes à la société puisqu’ils n’ont jamais connu des limites» avertit le psychologue.
"Un enfant sans père est un enfant sans référence"
Quant aux hommes qui rejettent les enfants de leurs épouses, le moindre écart de conduite est un prétexte pour faire des reproches, une source de conflits. Si le beau-père accepte l’enfant de son épouse, il faut qu’il assume les responsabilités d’un père. Car, d’après lui, sur le plan de la psychanalyse, le père représente l’autorité, la loi. Et de conclure : « Si l’enfant grandit sans père, il n’a pas de référence, une autorité qui le guide tout en établissant des limites. Il aura un problème d’identité. Un père est un passeur, un lien entre les générations.
