Le cas du correspondant de la radio France Internationale (RFI, section Swahili), en même temps journaliste de la radio locale indépendante, « Bonesha FM », Hassan Ruvakuki, est revenu dans le débat de l’émission hebdomadaire, « Club de la presse » qui donne la parole aux professionnels des médias pour parler de leur métier et décortiquer l’actualité nationale et internationale dominante de la semaine.
Le journaliste vient de passer le cap d’une année en prison pour « participation à une entreprise terroriste », un chef d’accusation controversé qui se base uniquement sur sa couverture de la naissance d’une rébellion. La peine à l’emprisonnement à vie a déjà été requise en seconde instance et le verdict final est attendu le 8 janvier prochain.
Pour Bob Rugurika, de la radio publique africaine(RPA), il est en train de perdre son temps en prison, dans une place prévue pour les violeurs et les tueurs. « Je commence à croire que seul le président de la République peut sauver Hassan Ruvakuki », soutient-il. L’emprisonnement de notre confrère ternit l’image du Burundi dans le concert des nations. C’est un problème réel. Le fait qu’Hassan a tendu le micro au chef rebelle autoproclamé, M. Kabirigi, n’a rien d’une faute pénale ou professionnelle. Quand Ruvakuki a fait le déplacement, nous le savions aussi. J’ai aussi interviewé Kabirigi sur sa vision. La différence est que Ruvakuki, lui, a été auprès de Kabirigi. Le pouvoir était aussi au courant de sa démarche. Il n’a pas eu le temps de diffuser l’interview. « Ruvakuki est innocent », soutient-il.
Emeline Muhorakeye, journaliste à la radiotélévision Renaissance, quant à elle, a dit qu’elle garde l’espoir de voir un jour libre Hassan Ruvakuki. Cette situation peut faire en sorte que les promesses des bailleurs de fonds du Burundi ne soient pas concrétisées comme il se devait. « Pour moi, il ne faisait que son travail. C’est une histoire politique et ceux qui l’ont mis en prison ne veulent pas assumer », assure-t-elle.
Désiré Ndanziza, secrétaire exécutif de l’association des femmes journalistes, a également trouvé triste que quelqu’un qui devait jouir de sa liberté continue à croupir en prison. C’est écœurant, cela fait 9.000 heures qu’Hassan est en prison ! J’espère encore que 2013 va être une année d’espoir pour Hassan. Est-ce que vraiment il faut que le pouvoir ait chaque année un journaliste en prison ? « Journalisme ne rime pas avec terrorisme », martèle-t-il.