Le responsable du projet d’appui aux médias (PACAM) et vieux routier de la radio en Afrique occidentale, Robert Minangoy, a déclaré avoir interviewé des dictateurs de renom comme les anciens présidents du Tchad, Hussein Habré et de la Libye, Mouammar Kadhafi, sans s’attirer d’ennuis judiciaires.
Contrairement à ce qui est arrivé au correspondant de la radio France Internationale (RFI, section Swahili) et reporter à la radio locale « Bonesha FM, Hassan Ruvakuki, qui risque la prison à vie pour avoir donné la parole à un chef rebelle autoproclamé au Burundi.
« J’ai interviewé Kadhafi, Hussein Habré. J’aurais été condamné cinq ou six fois que Hassan Ruvakuki…», a-t-il dit dans l’émission hebdomadaire, « Club de la presse », qui donne la parole aux professionnels des médias pour décortiquer l’actualité dominante de la semaine au niveau national et international, et parler de l’exercice de leur métier. Pour lui, «donner la parole à un rebelle n’est pas un acte terroriste en soi. C’en est un quand on en arrive à jeter aveuglement des bombes sur des individus ou à des endroits précis. D’un autre côté, au moment où le Burundi a passé avec succès l’examen de Genève, le maintien en prison d’Hassan va être contreproductif.
De l’avis du directeur général de la radiotélévision Renaissance, Innocent Muhozi, « les gens qui réclament la perpétuité contre un journaliste sabotent le gouvernement en lui donnant une image désastreuse dans le concert des nations. Nous ferons tout pour le sortir de la prison. N’importe quel journaliste aurait agit de la même façon ». Il rappelle que des journalistes burundais ont eu à recueillir, dans un passé encore récent, de nombreuses interviews auprès des responsables du Conseil national pour la défense de la démocratie/forces de défense de la démocratie (Cndd-Fdd, ex-rébellion) ou du Palipehutu-FNL, mais sans poursuites judiciaires.
Jérémie Sindayirwanya, secrétaire permanent du réseau des journalistes pour le développement, a également trouvé que «tendre le micro pour un professionnel des médias n’est pas un délit en soi ». Surtout que, selon lui, le gouverneur de Cankuzo a dit que ce n’était pas des terroristes qui ont attaqué sa province soi-disant avec la complicité d’Hassan Ruvakuki et d’autres coaccusés. « Si la même logique persiste, nous sommes tous des condamnés potentiels. Par ailleurs, on ne peut ne pas ne déplorer d’autres délits autrement plus graves qui restent impunis dans ce pays », souligne-t-il.