Ce jeudi 3 novembre, la classe politique burundaise rendait les derniers hommages à l’Ambassadeur Térence Nsanze… <doc1889|left>« Térence, sans H s’il vous plaît! », précise l’ambassadeur à un confrère qui vient l’interviewer quelques mois après le lancement d’Iwacu. Nous sommes en 2009. Par la suite, le même journaliste se fera systématiquement appeler « Alida », sans que l’on sache si M. Nsanze blaguait ou pas… Car, à 72 ans, on aurait pu comprendre quelque défaillance de mémoire, tolérer tel oubli de prénom, rappeler encore et encore… sauf que la mémoire du diplomate burundais était restée intacte. Térence Nsanze, donc. Né en 1937 dans la «féconde » Bururi, il débute sa carrière diplomatique en 1964, nommé premier conseiller à la Mission Permanente auprès de l’ONU. Le jeune homme est encore étudiant en sciences politiques, à Washington puis à New York. Une année après, il devient Observateur Permanent de l’Organisation de l’Union Africaine après des Nations Unies « élu à l’unanimité par les États Africains ». La carrière dans toutes les instances internationales de l’ONU est lancée, dont notamment la Présidence du Conseil de Sécurité en 1970 et 1972. M. Nsanze représentera aussi le Burundi en Italie, en France, au Canada, aux États-Unis ou encore en Allemagne. Sobre à table, verbe fleuri, ce père de quatre enfants aura marqué la scène politique burundaise par une vaste culture sur les arcanes internationales, une endurance aux négociations impressionnante (« il pouvait passer toute une nuit blanche à Arusha », se rappelle un des protagonistes des Accords de Paix) qu’il gardera même dans les moments les plus difficiles de sa carrière. Comme cette image d’un Térence Nsanze débarquant à Musaga pour une dernière journée de meeting, et martelant avec une incroyable énergie devant quelques dizaines de membres de son Alliance Burundo-Africaine pour le Salut- ABASA : « Nous voulons une nouvelle race d’hommes politiques qui se comportent comme des Burundais et non comme des Hutu ou des Tutsi ». Ses détracteurs lui rappelleront qu’en juillet 1972, dans une conférence de presse tenue par l’ambassadeur du Burundi à l’ONU, Térence Nsanze affirma que : « Il [le gouvernement – virtuel – du Burundi] a infligé une punition méritée à des criminels qui ont plongé notre pays dans une nuit de cauchemar, comme le ferait n’importe quel gouvernement placé dans une situation semblable. » [[Délégation du Burundi aux Nations Unies, Synthèse de la conférence de presse du délégué burundais, p. 6, [cité dans Burundi 1972, {Au bord des génocides, de Jean-Pierre Chrétien et François Dupaquier} – p. 312]]] Pour les journalistes, il est connu qu’interviewer Térence Nsanze était une cure que l’on se passerait volontiers. Alors qu’un journaliste vient de lui demander s’il peut le trouver à sa maison pour une interview, le diplomate s’exclame, scandalisé : « Je n’habite pas une maison, mais une Résidence !» Il habite désormais l’au-delà. Que son âme repose en paix.