Les habitants de la colline Bibare, commune Isare en province de Bujumbura fustigent des promesses irréalistes de certains politiques lors des campagnes électorales. Pour eux, les politiques doivent évaluer leurs propres capacités, leurs propres ressources et leur disponibilité.
Selon M.N, une habitante de la colline Bibare de la commune Isare, la période électorale est très propice aux mensonges de la part des politiciens. Elle dénonce la manipulation politique par des promesses irréalistes et irréalisables lors des campagnes électorales. « Sur notre colline, des candidats viennent et promettent de donner des semences sélectionnées moins chères à toute la population et d’autres promesses fallacieuses. Ce sont des mensonges, car elles ne sont jamais réalisées. Ils veulent seulement avoir des postes ».
D’après une sexagénaire, plusieurs promesses sont un mensonge absolu des politiciens puisqu’elles sont irréalistes. Elle considère que les politiciens profitent de la vie précaire que connaît la population burundaise pour s’attirer la confiance. « C’est comme si, moi qui ai déjà atteint la ménopause, on me permettrait de devenir enceinte et d’avoir un bébé. Beaucoup nous mentent que notre confiance est notre salut. Ils sont guidés par les postes et non les préoccupations de la population », souligne-t-elle.
Selon Jean Ndayisenga, les politiciens usent de la manipulation par des promesses irréalistes et irréalisables afin d’arriver à leurs intérêts personnels. « Il y a celui qui a promis du bétail pour tous les ménages du Burundi. C’était un pur mensonge. D’autres ont promis de l’eau potable et de l’électricité à chaque ménage, mais, cela n’a jamais été réalisé. Ils viennent et promettent des choses qui, dans la pratique, ne sont pas réalisables », fait-il remarquer.
D’après ces habitants, les promesses des politiciens peuvent créer des tensions et des conflits dans la société. Ils parlent d’un climat de méfiance et de suspicion entre des groupes antagonistes. « Des groupes peuvent naître à cause des intérêts égoïstes de certains politiciens. Certains croient que les promesses annoncées sont possibles alors que d’autres n’y croient pas. Dans certains cas, les administratifs en fonction peuvent être accusés d’avoir détourné et profité seuls de ces choses promises lors des campagnes électorales », soulignent-ils.
Gilbert Niyonkuru, administrateur de la commune Isare, province de Bujumbura, reconnaît que certains politiciens et certaines autorités peuvent verser dans des promesses irréalistes pour gagner la confiance de la population. « Je peux donner l’exemple d’une promesse de donner du bétail à tous les ménages du Burundi ou celui de construire des réfectoires publics à travers tout le pays. L’auteur savait pertinemment que cela n’était pas possible ».
Création d’un climat de méfiance
Cet administratif fait savoir que les promesses irréalistes ont des conséquences néfastes sur la société. Il parle de la pérennisation d’une culture de mensonge ; de la création d’un climat de méfiance dans la communauté. Il invite la population à voter pour des projets de société réalistes et non pas pour des mensonges de certains politiciens.
Selon Acher Niyoyizigiye, expert en leadership et enseignant d’université, les promesses irréalistes sont l’une des stratégies des politiques utilisées lors des campagnes électorales pour gagner la confiance. « Il fait comme ça pour gagner de la confiance. Cela apparaît au moment des campagnes électorales. Les candidats aux élections cherchent des votes par des promesses grandioses qui font plaisir à l’électorat, mais qui sont impossibles à accomplir ».
Il parle d’un cas récent où un politique a promis de construire des réfectoires publics partout dans le pays. Il considère que même le Programme alimentaire mondial, PAM, n’a pas pu avoir des cantines scolaires dans toutes les écoles. « Pour développer un pays, faut-il des réfectoires ou plutôt la création des emplois ?», s’interroge-t-il.
Il indique lui aussi que les promesses irréalistes peuvent créer une situation de tensions. « Lorsqu’un candidat promet des merveilles, il y a des gens qui sont en connexion émotionnelle avec lui. Ils ne vont pas réfléchir. Si d’autres osent les remettre en doute cela peut créer une tension entre ceux qui soutiennent le candidat et ceux qui ne le soutiennent pas », insiste-t-il.
Cet expert rappelle que la politique n’est pas l’art de mentir comme certains le disent mais plutôt un art de gestion d’une cité. « Dans les élections, pour gagner la confiance, il faut être crédible, prouver qu’on prend à cœur les préoccupations de l’électorat. Si quelqu’un gagne par le mensonge, c’est ce dernier qui est renforcé dans la culture politique ».