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Politique

Intolérance politique : Rutana n’est pas épargnée

28/06/2019 Commentaires fermés sur Intolérance politique : Rutana n’est pas épargnée
Intolérance politique : Rutana n’est pas épargnée
En province Rutana, des cas d’intolérance politique sont rapportés.

Des cas d’intolérance politique sont signalés dans la province Rutana surtout dans les communes de Giharo et Rutana. Les militants du CNL accusent les Imbonerakure de les malmener et de troubler leurs réunions. Toutefois, certains administratifs essaient d’intervenir afin de limiter les dégâts.

Une certaine Yvonne Nduwarugira est incarcérée, depuis dimanche dernier, au chef-lieu de la province Rutana. «Elle est accusée d’avoir participé dans une réunion d’ouverture de la permanence du parti CNL dans la zone Rutana», indiquent les militants du CNL. Cette ancienne militante du parti Cndd-Fdd habite sur la colline Karindo au chef-lieu de la province. «Les militants du parti au pouvoir parlent de trahison. Elle a été battue et ses habits déchirés et brûlés. Elle est arrivée au cachot portant seulement une jupe», racontent les témoins de la scène. «Dans une démocratie, changer de parti politique est normal. C’est vraiment intolérable d’infliger cela à une maman», s’indigne une mère de la colline Karindo.

Ce lundi 24 juin, le responsable du parti CNL en commune Bukemba a été intercepté par des Imbonerakure alors qu’il se rendait à la commune pour déposer une lettre de demande d’autorisation pour tenir une réunion. «Ils ont confisqué son vélo. Il a téléphoné à l’administrateur et ce dernier a donné l’ordre de le laisser partir. Son vélo lui a été rendu, le lendemain», indiquent les militants du CNL.

Des incidents un peu partout

Le 14 juin, les Imbonerakure ont tabassé des militants du CNL qui faisaient une réunion sur la colline Mura, zone Giharo dans la commune de Giharo. «La réunion était connue par l’administration mais cela n’a pas empêché les Imbonerakure de nous perturber. Nous avons dû changer de place», font savoir les militants du CNL de la commune Giharo. La réunion a commencé. «Les Imbonerakure ont apporté une radio à 10 m de nous et cette dernière a commencé à égrener des chansons du parti Cndd-Fdd. Nous avons téléphoné à l’administrateur communal pour qu’elle intervienne, mais elle n’a rien fait».

La réunion a continué. «Le responsable communal du parti au pouvoir et le chef des Imbonerakure sont arrivés à moto. Ils ont voulu faire passer l’engin là où nous étions assis. Nous avons protesté», raconte un militant du CNL. «On dirait que les Imbonerakure n’attendaient que ça. Ils nous ont lancé des pierres et des briques. Plusieurs militants du CNL ont été blessés», renchérit un autre. Les victimes ont porté plainte et des convocations ont été sorties à l’encontre des responsables du parti Cndd-Fdd, mais ils n’ont jamais comparu.

Après cet incident, l’administrateur de la commune Giharo, Denise Bahendubona, a suspendu jusqu’à nouvel ordre toutes les réunions du parti CNL. Contactée, administrateur de la commune Giharo affirme que la cohabitation entre les partis politiques est bonne avant de nous raccrocher au nez.

En date du 22 mai, un militant du CNL, Edouard Nsengiyumva, de la colline Butambara, zone Rutana et province Rutana, a été tabassé par Déo Nizigiyimana, Egide Hakizimana, Pontien Niyomwungere et David. « Ils l’accusaient de se promener avec un bâton et d’être un membre du CNL», racontent les témoins. Selon ces derniers, ils l’ont amené dans la permanence du Cndd-Fdd se trouvant sur cette colline pour le tabasser. «Ils l’ont aussi dépouillé une somme de 100.000 BIF. Ceux qui ont tenté de le secourir ont aussi été battus». D’après des sources, l’administrateur de la commune Rutana serait intervenu pour qu’il soit relâché.  Là aussi, les présumés coupables n’ont pas été inquiétés.

En commune Giharo sur la colline Muzye, Vianney Ndayizeye a été dépouillé de son téléphone portable alors qu’il passait tout près de l’endroit où les Imbonerakure tenaient une réunion. «On le soupçonnait d’enregistrer leurs conversations. Ils l’ont ligoté lorsqu’ils ont entendu l’hymne du CNL dans son téléphone», racontent les témoins. La victime a porté plainte. A la vue de plusieurs convocations, on lui a remis son téléphone après plusieurs jours.

«Les Imbonerakure nous ont en horreur»

Les militants du CNL font savoir que les Imbonerakure ont un plan pour les déstabiliser. «Ils perturbent nos réunions. Ils provoquent nos militants afin de les malmener. Les Imbonerakure ne tolèrent pas les activités du CNL».  Selon eux, les Imbonerakure menacent ceux ou celles qui participent dans des réunions du CNL. «Comme la population n’en peut plus du Cndd-Fdd, ils bravent cette interdiction quitte à être tabassés». On accuse aussi le président provincial du parti de l’Aigle de menacer les fonctionnaires en leur disant qu’ils perdront leurs emplois s’ils intègrent le CNL.

Pour sa part, Sylvain Nzikoruriho, président du Cndd-Fdd dans la province Rutana, se garde de tout commentaire. Relancé sur les cas d’intimidation relevés par certains militants de l’opposition, il signale que leur porte-parole est au courant de tout.  « Elle va répondre à toutes vos questions ».

Nancy Ninette Mutoni : «La cohabitation entre les partis politiques est bonne.»

De son côté, Nancy Ninette Mutoni, porte-parole du parti Cndd-Fdd, fait savoir que les partis politiques sont régis par la loi et sont contrôlés par l’administration. Pour elle, il faut demander à l’administration locale. Cependant, elle affirme que la cohabitation entre les partis politiques est bonne. Et de donner l’exemple de la présence du Cndd-Fdd à Gitega, lors de l’inauguration de la permanence du parti CNL d’Agathon Rwasa.

«Nous demandons aux administratifs de prendre tous les partis politiques sur le même pied d’égalité. De nous laisser faire nos réunions mais aussi d’assurer notre sécurité», plaident les militants du CNL. Quant aux hommes de droit, ils leur demandent de rendre justice en écoutant toutes les doléances des plaignants sans distinction. «Ceux qui transgressent la loi doivent être punis».

Cependant, les militants du CNL saluent le travail de certains administrateurs communaux qui s’impliquent afin de trouver une solution pacifique : «Si tout le monde faisait de la sorte, les bavures des Imbonerakure cesseraient.»

 

Par Fabrice Manirakiza et Rénovat Ndabashinze

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