Le Secrétariat Général de l’EAC en partenariat avec l’East African Business Council (EABC), TradeMark East Africa (TMEA) et le CFCIB ont organisé une réunion avec les cadres des entreprises, lundi 22 octobre 2012 à l’Hôtel Club du Lac Tanganyika. Défis et propositions.
<doc5756|right>Environ une centaine de cadres des entreprises burundaises ont été conviés à une séance de discussion avec le Secrétaire Général de l’EAC sur les défis majeurs du secteur privé burundais face à l’intégration régionale. Ils ont porté entre autres sur l’énergie, le transport, le transit, la question de l’harmonisation des taxes internes, les petites et Moyennes Entreprises, les barrières non-tarifaires. A l’issue de la rencontre, des propositions de solutions ont été présentées.
Des défis …
Concernant le transport aérien à l’intérieur de la communauté Est-Africaine, les membres du secteur privé estiment que le coût est très élevé. Exemple : le tarif sur le transport Bujumbura- Nairobi oscillant autour de 400 USD, le tarif de transport Bujumbura – Arusha étant d’environ 600 USD, alors que le tarif de transport Bujumbura – Dubaï est de 650 USD. Pour Canisius Ntahe de l’association des industriels du Burundi qui a tenu l’exposé, le temps que prennent les voyages est aussi long. « Ce n’est pas normal de quitter Bujumbura à 12h pour arriver à Dar-es-Salaam à minuit », a-t-il déploré.
Quant au transport routier, M. Ntahe fait remarquer que le rail Dar-es-Salaam-Kigoma fonctionne mal depuis plusieurs années. « Or, les marchandises en provenance de Dar-es-Salaam sont transportées par voie routière. Et le coût de transport routier est très élevé », se désole-t-il.
Pour le transit à Dar-es-Salam, les commerçants sont frappés par de lourdes pénalités après 15 jours d’entreposage. D’après eux, les marchandises appartenant au Burundi ont actuellement un délai de 15 jours pour quitter les entrepôts du Port de Dar-es-Salaam. « Un dépassement de 15jours conduit au paiement de lourdes pénalités de magasinage pouvant aller à 40 USD/jour pour un container de 20 pieds», regrette notre source. Et de rappeler que les années passées, le Burundi bénéficiait d’un entreposage gratuit au port de Dar-es-Salam et Kigoma.
L’énergie électrique a été aussi soulignée comme un des sérieux problèmes pour le développement du Burundi. Il a été indiqué que le Burundi connaît un déficit énergétique électrique grave au moment où le taux de couverture de l’électricité (2% de la population) est le plus bas de la Sous- Région et un des plus bas du Monde.
La question de l’harmonisation des taxes internes a été aussi au centre des débats. Les entrepreneurs burundais s’inscrivent en faux contre la base imposable effectuée lors du calcul de l’impôt sur le résultat. Ils lui reprochent d’être surévaluée par les charges réelles mais non déductibles et les charges déductibles sans pièces justificatives. Selon eux, les modalités d’apurement de l’impôt sont aussi très contraignantes puisque, parfois le gouvernement leur demande d’être en avance d’une année pour les avances et acomptes. « C’est difficile de financer le trésor public quand on ne parvient pas à financer son activité. Avec les taux d’intérêt bancaires qui tournent autour de 15 à 20%», déplore L.N. Et d’ajouter que le fait d’exiger la TVA (Taxe sur Valeur Ajoutée) lors de la facturation et non au moment de l’encaissement des montants relève d’une injustice totale.
<doc5757|left>Pour ce qui est des Petites et Moyennes Entreprises(PME), pas mal de points entravant leur bon fonctionnement ont été mis à table. Notamment le fait que la majorité des PME sont des entreprises familiales, le fait de ne pas disposer des approches systématiques en matière de gestion des finances, des ressources humaines, de la production, de la commercialisation et du contrôle de la qualité. Aussi la plupart des patrons des PME n’ont pas suivi une formation formelle en techniques de gestion, etc.
Il est à noter que d’autres défis comme ceux liés aux barrières non-tarifaires continuant à persister, à la mise en place d’un territoire douanier unique pour lequel il a été constaté qu’un millier de burundais perdra de l’emploi, etc, ont été à l’ordre du jour.
… Des voies de sortie
A toutes les questions ci-haut évoquées, le Secrétaire Général de l’EAC, Richard Sezibera, a proposé des solutions. Aux préoccupations en rapport avec les Petites et Moyennes Entreprises, il estime que c’est nécessaire la création d’une chaîne de valeur de l’industrialisation. Sans nier l’importance de ces entreprises dans le développement, il promet que la Banque Est-Africaine de développement compte ouvrir une fenêtre qui va soutenir ces entreprises. Quant à la durée de l’entreposage au port de Dar-es-Salam, le secrétaire général indique que le but est de réduire le délai de l’entreposage à 2 jours. Pour l’harmonisation des taxes internes, M. Sezibera explique que les discussions ne se trouvent pas au niveau des taux : « la différence n’est pas grande au niveau des pays. Ce qui est très préoccupant, ce sont les procédures. Nous allons faire de façon que les procédures soient harmonisées.»
Aux autres préoccupations, tel le problème de l’énergie, le transit, le transport, le secrétaire Général de l’EAC rassure : « Ils seront étudiés lors du prochain sommet des chefs d’Etat de l’EAC prévu pour novembre 2012. »
Par ailleurs, M. Sezibera a salué le pas déjà franchi par le Burundi en matière d’intégration régionale. Il a surtout félicité l’Office Burundais des Recettes (OBR) qui, d’après lui, enregistre un taux de croissance des recettes le plus élevé de la communauté est-africaine.