L’élimination de certaines barrières tarifaires et non-tarifaires dans les pays de la Communauté Est-Africaine, l’amélioration des infrastructures de transport, etc. permettent au Burundi d’accéder plus ou moins facilement au port de Dar-es-Salaam et Mombasa malgré son enclavement.
« Le Burundi fait face à son enclavement parce qu’avec l’élimination de certaines barrières tarifaires et non-tarifaires au sein de la communauté Est-Africaine, il est facile d’importer ou d’exporter », précise Dismas Baradandikanya, porte-parole du ministère du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme. Concernant l’importation par exemple, indique-t-il, la marchandise qui est à Dar-es-Salaam aujourd’hui arrive à Bujumbura après 4 jours : « Avant l’intégration du Burundi dans l’EAC, ce processus pouvait prendre presque le double de ce temps. » Il explique que les barrières non-tarifaires qui rendaient long le trajet ont été largement supprimées : « De Mombasa à Kigali, on devrait s’arrêter près de 50 fois au cours du chemin pour divers contrôles. Mais actuellement, les arrêts ont été sensiblement réduits. » Le coût de la marchandise, une fois arrivée au marché local, ajoute-t-il, devient moins cher suite au nombre de jours diminués du port de Dar-es-Salaam et Mombasa.
Quant à l’inflation actuellement évoquée au pays, M. Barandandikanya reste sceptique : « N’eût été la libre circulation des marchandises instituée par l’intégration de l’EAC, les prix des produits auraient augmenté plus qu’aujourd’hui. »
Concrètement …
Les commerçants burundais, sont aussi témoins de cette sortie du Burundi de son enclavement. « Avec l’intégration régionale, nous avons eu des facilités au port de Dar-es-Salaam et Mombasa. Il n’y a plus de retard dans les transits. Avec le système informatique instauré, les déclarations ne tardent pas, nous obtenons rapidement tous les documents nécessaires», précise Antoine Muzaneza, un des commerçants. Il se dit content que la durée de l’entreposage dans ces ports soit diminuée : « Avant l’EAC, un container pouvait passer 21 jours dans l’entrepôt mais aujourd’hui, il n’y passe que 15 jours. » D’après lui, beaucoup de ponts-bascules qui se trouvaient dans différents pays de l’EAC, freinaient le Burundi pour son accès aux différents ports. Il fait savoir que par exemple ils en étaient à huit en Tanzanie.
Vers le « désenclavement »
D’autres projets qui pourront aider le Burundi à faire face à son enclavement, sont organisés, selon Oscar Bahizi, chargé de la communication au ministère à la Présidence chargé des Affaires de la Communauté Est-Africaine. Il parle du [projet de construction du chemin de fer Dar-es-Salaam-Isaka-Keza-Gitega-Musongati. D’après lui, ce tronçon sera construit suivant les standards internationaux pour permettre le transport de grosses quantités de biens et d’un plus grand nombre de passagers. « Les études techniques de réalisation du projet ont déjà commencé sur le financement de la Banque Africaine de Développement. Et Le Burundi en tirera profit. Il permettra le transport facile des marchandises à partir de Dar-Es-Salaam vers le Burundi et vice- versa», indique-t-il.
Bien plus, le chemin de fer Dar-es-Salaam-Kigoma sera agrandi, d’après M. Bahizi. Il fait savoir que ce projet permettra au Burundi d’atteindre les mêmes bénéfices que les autres pays de l’EAC en termes de quantités de marchandises transportées vers et à partir du Burundi.
Aussi l’agrandissement des corridors nord, central et sud est un autre atout, d’après le chargé de la communication. « La facilitation du commerce étant l’un des piliers de l’Union Douanière et la libre circulation des marchandises étant le but ultime, les pays membres se sont engagés à agrandir les corridors nord et central pour les mettre au niveau des normes internationales en termes de largeur et de résistance», souligne-t-il. L’autre Projet dont le Burundi tire déjà profit est l’agrandissement du Corridor Sud qui lie le Burundi à la République Unie de Tanzanie et à la Zambie via Kigoma et Sumbawanga, selon le même chargé de la communication. « Ce corridor est en cours d’agrandissement au Burundi depuis Mabanda jusqu’à Cibitoke en passant par Bujumbura », mentionne-t-il.
Enfin, le dragage des ports de Bujumbura et Kigoma : « Il est encours de finalisation et permettra un bon accostage des gros bateaux de transports de marchandises. » Ainsi, M. Bahizi souligne que si l’agrandissement du corridor central se termine en même temps que le dragage des ports de Bujumbura et Kigoma, le volume de marchandises de Dar-es-Salaam vers le Burundi augmentera avec un effet immédiat sur la baisse du niveau des prix de vente des produits importés vers le Burundi.
Malgré ces opportunités, les commerçants burundais réclament qu’on leur donne un entreposage gratuit aux ports de Mombasa et Dar-es-Salaam : « On nous fait payer les frais d’entreposage alors que nous sommes dans l’EAC, au moment où il était gratuit du temps des Belges. » Aussi, un seul document de voyage pour les véhicules en transit, serait plus arrangeant pour eux, parce que d’après eux, le fait que chaque pays doit exiger son document leur prend plus de temps et de moyens.