Léonidas Nzigiyimpa, un défenseur des forêts originaire du Burundi, a remporté le prestigieux prix Wangari Maathai Forest Champion Award, édition 2019. La remise a été faite, ce lundi 30 septembre, à Curitiba, au Brésil. Cet environnementaliste parle.
Comment vous sentez-vous après avoir gagné ce prix ?
(Rires). C’est un sentiment de fierté, de satisfaction. C’est un honneur pour moi et pour le pays, un encouragement. Ce prix m’a été décerné par le Partenariat de collaboration sur les forêts en marge du 25ème Congrès mondial de l’Union internationale des instituts de recherches forestières (IUFRO).
Est-ce que vous y attendez ?
Pas du tout. Parfois, quand on fait des actions d’une manière anonyme, on pense que cela passe inaperçu. Finalement, à travers ce prix, j’ai compris que les bonnes œuvres parlent. Mes actions ont parlé. Elles sont allées au-delà des frontières.
Que symbolise-t-il pour vous?
C’est un message. Une manière de me dire : nous t’appuyons pour que tu puisses continuer à accomplir ta mission. Ce prestigieux prix me donne plus de force. Je me sens désormais très engagé, déterminé. Je vais davantage me dévouer à la cause de la conservation des forêts et la bonne gestion des arbres. Le prix équivaut à 20 mille dollars américains.
Qui est Wangari Maathi ?
C’était une défenseuse des forêts. Dr Wangari Maathi a marqué le monde, une championne de nationalité kenyane. Ecologiste, elle s’est distinguée dans la protection des forêts, dans la plantation des arbres pour améliorer les conditions de vie des populations, mais également lutter contre les changements climatiques. Elle a inspiré le monde. En 2004, elle a reçu le prix Nobel de la paix pour « sa contribution en faveur du développement durable développement de la démocratie et de la paix. Elle est morte le 25 septembre 2011.
En quoi vous-a-t-elle inspiré personnellement ?
Elle disait qu’en plantant des millions d’arbres, on protège le monde, on oriente l’Afrique vers la paix. Ce qui m’a poussé à m’engager vivement dans la conservation, la protection des aires protégées tout en impliquant les communautés.
Quels ont été, selon vous, les critères de sélection pour gagner ce prix ?
L’équipe de sélection a passé en revue tout mon parcours et mon engagement pour la conservation des forêts depuis 2001. J’ai été très actif dans la protection des aires protégées du Sud et du nord-ouest du pays. J’ai impliqué les communautés dans ce combat, parfois au péril de ma vie. Le fait d’engager les Batwa dans la protection de la réserve naturelle de Bururi, afin d’améliorer leurs conditions de vie, … a été aussi pris en considération.
Mais, la création d’une organisation vouée à la cause de la conservation et à l’amélioration des conditions de vie des populations riveraines des aires protégées a été vivement appréciée par la Communauté internationale. Car, en impliquant les communautés, vous êtes sûrs de gagner le pari.
Que voulez-vous dire avec ‘’ parfois au péril de ma vie’’ ?
A maintes reprises, j’ai échappé à la mort en protégeant le parc national de la Kibira et la réserve forestière de Vyanda. Animé d’une volonté et d’une passion manifestes à protéger les écosystèmes forestiers qui restent dans notre pays, j’ai encouru tous les dangers. Le seul pêché étant d’oser déclarer aux destructeurs des forêts : « ne détruisez pas la forêt, ne vous détruisez pas ».
Quelles sont les actions concrètes de votre organisation ?
Dénommée Conservation et communauté de changement (3C), nous mettons un accent particulier sur l’implication des communautés, l’éducation des enfants, des groupes vulnérables pour les connecter à leur environnement tout en améliorant leurs conditions de vie. Nous comptons beaucoup sur la jeunesse, les élèves à travers les clubs de l’environnement pour apporter un changement positif au niveau de la protection de notre environnement avec une attention particulière aux forêts.
Est-ce le 1er prix international qui vous est décerné ?
Non. En 2018, j’ai gagné le prix Buffet Award en guise de reconnaissance de mes actions. Il m’a été décerné par National Geographic Society.