Des inondations, des éboulements de montagne, des incendies, entre autres, nécessitent l’intervention de la police de la protection civile. Rencontre avec Antoine Ntemako, son directeur général.
Est-ce que le Burundi est touché par les effets du réchauffement climatique ?
Bien sûr. Il y a des inondations, des effondrements de montagne dans les contreforts, le déséquilibre pluviométrique, etc. Fort heureusement, l’IGEEBU nous fournit trimestriellement des prévisions pluviométriques. Ce qui nous permet d’anticiper des mesures préventives.
Y-a-t-il des déplacés consécutifs à ce dérèglement climatique ?
Quand les maisons sont inondées, détruites, les survivants quittent les lieux. Nous les rassemblons dans des sites provisoires en attendant la solution. Certains rentrent chez eux après quelques jours, d’autres sont réinstallés ailleurs.
Par exemple ?
Les victimes des intempéries de 2015 sur certaines collines de Muhuta ont été déplacées de Cashi vers Rumonge. Nous espérons que d’ici la fin de l’année, 500 nouvelles maisons seront disponibles.
Qu’en est-il de leur assistance quotidienne ?
Les besoins humanitaires sont énormes : des vivres, des abris, des médicaments, des fournitures scolaires, des habits, etc. Face à une telle urgence, les 15 groupes sectoriels analysent les besoins. Un groupe sectoriel dénommé ‘’solution durable’’ a été créé au ministère des Affaires sociales pour s’occuper de cette catégorie de la population.
Etes-vous en mesure de satisfaire ces besoins ?
Nous ne pouvons pas tout trouver dans l’immédiat. On essaie d’assister dans la mesure du possible.
D’après l’IGEEBU, certaines régions vont enregistrer de fortes précipitations. Etes-vous prêts à intervenir en cas de catastrophe naturelle ?
Il nous a, en effet, fourni des données pluviométriques pour les mois de mars, avril et mai. Actuellement, on travaille en synergie. Et notre direction assure la coordination de la Plateforme nationale de prévention de risques et de gestion des catastrophes. Cet organe comprend des points focaux dans certains ministères. Nous travaillons aussi avec les représentants des agences onusiennes, les ONG, l’Université du Burundi, etc. Chacun dans son secteur prépare un plan de réponse. Le tout nous donne un plan global de réponse. Cette plateforme est décentralisée jusqu’aux provinces avec le gouverneur à la tête. Elle existe déjà dans 67 communes.
Les rivières Gasenyi et Nyabagere ont été canalisées. Mais, les habitants de Buterere craignent que toutes les eaux envahissent leur zone. Qu’en pensez-vous ?
Ces travaux sont toujours en cours. On espère que l’Agence burundaise pour la réalisation des travaux d’intérêt public (ABUTIP) a fait convenablement son travail pour orienter ces eaux. Malheureusement en cas de pluie diluvienne, les eaux débordent. Mais, nous pensons qu’avec le mois de juin, Buterere sera aussi déjà protégé.
Quel est votre commentaire sur les constructions anarchiques, sources de destruction des infrastructures privées et publiques ?
A Bujumbura, elles sont malheureusement nombreuses. Des gens ont construit dans des zones non-constructibles, sans respecter la loi. Or, le code de l’eau prévoit qu’on doit respecter une distance de 25 m de part et d’autre d’une rivière. Pour le lac Tanganyika, c’est 150 m. Les gens ont agressé aussi bien ces rivières que le lac. Maintenant, ils se retournent contre eux. C’est dangereux. Les propriétaires doivent déménager.
Que faire ?
Avec le projet ‘’Ewe Burundi urambaye’’, une fois les contreforts reboisés, l’eau pourra être retenue. Les fosses antiérosives permettront l’infiltration d’eau et diminueront sa pression. Sinon, ces eaux vont continuer à causer des dégâts humains et matériels énormes.
Protégeons les contreforts pour sauver Bujumbura ! Il faut qu’on réaménage les lits des rivières profondes. Que des ingénieurs, des universitaires apportent leur savoir-faire. Il faut qu’on anticipe sur les installations des quartiers. Qu’il y ait un plan d’urbanisme.
Aujourd’hui, les caniveaux n’arrivent plus à contenir les eaux. D’où l’urgence de les réaménager pour sauver la population.
Votre unité est-elle matériellement et humainement équipée pour intervenir en cas d’incendie ?
Oui et non. Nous avons des camions et des sapeurs-pompiers. Mais, ils sont insuffisants. Certaines provinces sont dépourvues de camion anti-incendie. A Bujumbura, il n’y a pas de camion à échelle pour intervenir sur des buildings. On a donc besoin de renforcement des capacités en formation et en moyens. Mais, le pas franchi en la matière est satisfaisant. Notre hiérarchie est à l’œuvre.
Quel comportement doit-on adopter en attendant votre intervention?
En cas d’incendie, à Bujumbura, appelez immédiatement au 113 et coupez le courant électrique. Ensuite, que chacun ait ce réflexe de s’équiper d’extincteur. Cela peut limiter les dégâts avant notre arrivée.
Dans les entreprises, il faut qu’il y ait des équipes formées au sein de leur staff. Nous avons des sapeurs-pompiers formateurs.
Quid de l’intervention en cas d’accident maritime ?
On n’a pas encore des professionnels confirmés en la matière. Mais le gouvernement vient de nous doter de quelques embarcations. Des formations de plongeur ont déjà été effectuées. Nous espérons que d’ici la fin de l’année, nous aurons des professionnels qui pourront intervenir en cas d’accidents sur le lac. Les bateaux sont déjà là. Et les candidats sont en train d’être formés.