Sécurité, développement socio-économique, les élections de 2020, etc. Denis Niyomuhanyi, administrateur communal de Mutaho, province Gitega, s’exprime.
Ces dernières années, l’insécurité était récurrente dans votre commune. Aujourd’hui, quelle est la situation ?
La sécurité est bonne. Les comités mixtes de sécurité (la quadrilogie) sont à l’œuvre. Les cas d’insécurité sont vite gérés par cet organe. Il n’y a plus de bandits armés de grenades ou de fusils. La population circule librement.
Certains accusent cette quadrilogie d’être l’apanage des seuls membres du parti au pouvoir…
Mutaho est un centre presque urbain. On y trouve sept partis politiques à savoir Cndd-Fdd, CNL, Uprona, Sahwanya-Frodebu, Frodebu-Nyakuri, coalition Ranac et PPDR. Tous sont représentés dans les comités mixtes de sécurité. Les chefs de service, des religieux … en font aussi partie.
Rwisabi est-elle aujourd’hui calme ?
Oui en effet en 2017, dans cette zone, il y a eu des conflits entre les jeunes du Cndd-Fdd et les FNL. Ces derniers travaillaient en clandestinité, tenaient des réunions clandestines. Ils formaient des groupuscules dans des maisons, des vallées et des ruisseaux. Leur parti n’était pas encore agréé. Aujourd’hui, CNL est un parti légal. Ses membres tiennent des réunions, ont même ouvert une permanence et participent dans des réunions des partis politiques.
Il n’y a donc plus d’accrochage ?
Quand cela arrive, on collabore avec le représentant communal du CNL pour gérer la situation. Il ne reste que quelques cas liés à l’ivrognerie. Et là, nous rappelons toujours aux jeunes que l’infraction est individuelle. Quand un Imbonerakure ou un Inyankamugayo commet une infraction, il est puni individuellement. Avec l’agrément du CNL, les échauffourées ne sont plus fréquentes.
Rien à signaler ? Mutaho s’achemine paisiblement vers les élections de 2020 ?
Tout à fait. Les signes sont là. Par exemple, nous avons pu collecter plus de 90 % des prévisions des contributions aux élections. Sur une prévision de 36 millions BIF et nous avons eu plus de 33 millions BIF.
Ces contributions ont-elles été volontaires ?
Oui. Nous avons seulement sensibilisé la population. D’ailleurs, depuis que le président de la République a annoncé l’arrêt de cette opération, on s’est exécuté. Et tous les documents administratifs sont octroyés sans exiger le reçu de cette contribution.
Quid du développement de votre commune ?
Notre but est de reconquérir le niveau de développement d’avant 1993. Elle occupait la 9e place sur la liste des centres à vocation urbaine. Quand je suis devenu administrateur en 2015, j’ai rassemblé tous les commerçants. Je leur ai fait remarquer par exemple que mettre un capital de plus de 10 millions BIF dans un minable kiosque en planche, c’est de la pire ignorance. Aujourd’hui notre commune est dotée d’un marché moderne.
Ainsi, plus de 400 nouvelles boutiques en briques cuites ont été érigées. Le coût unitaire étant estimé à 5 millions BIF. Cette modernisation en cours a déjà coûté plus de 2 milliards BIF.
Certaines gens dénoncent une attribution illégale des places dans ce marché. Qu’en dites-vous ?
Nous avons remplacé les kiosques en bois. Personne n’a été chassé. Seulement, ceux qui n’étaient pas capables de construire ont été contraints de quitter ou de vendre. Les propriétaires de larges places, sans moyens de construire, ont été obligés de céder une partie.
Que gagne la commune ?
Mutaho est devenu un modèle. D’autres communes sont venues apprendre ici. Par exemple, à Gishubi, ils ont, par après, construit un marché plus moderne.
La caisse communale en profite aussi. Chaque dimanche, elle encaissait 600 mille BIF. Aujourd’hui, on est à plus d’un million BIF. Mercredi, on collectait 170 mille BIF. Actuellement, on fait entrer 350 mille BIF. Ce qui fait, par mois, plus de 1.500.000BIF (mercredi) et environ 5 millions BIF (dimanche). Vendredi, le marché est constitué essentiellement des produits vivriers tels les tomates, les fruits …. On fait entrer au moins 100 mille BIF.
Comment sont gérées ces recettes ?
C’est avec ces recettes que nous développons des projets. Par exemple, la commune est en train de construire un stade moderne estimé à environ 200 millions BIF. On est à 40% des travaux. Cet argent nous aide aussi à construire des écoles, alimenter en eau et électricité d’autres coins.
Quid des infrastructures sanitaires ?
Nous avons six centres de santé (CDS). Soit trois par zone. Nous avons aussi l’hôpital de district de Mutaho construit en 1984 sur financement belge. En 1993, il a été détruit, pillé. Mais, en 2006, la coopération italienne l’a réhabilité et équipé. Néanmoins, il manque le scanner et la radiographie.
Comment considérez-vous le travail des journalistes ?
Ils jouent un rôle important dans le développement. Ils portent à la connaissance du public nos réalisations.
Néanmoins, certains administratifs se méfient des journalistes surtout indépendants ?
Je n’ai pas de leçon à leur donner. Mais, ne pas communiquer, c’est un défaut. D’ailleurs, moi je ne le fais pas seulement pour votre journal, mais, aussi mes réalisations sont postées sur You tube. Je ne comprends pas pourquoi ne pas communiquer, ne pas chanter de bonnes œuvres. Les journalistes permettent que des erreurs, des manquements soient corrigés. Bref, les administratifs qui sont réticents, je leur conseillerais de communiquer.
Un message peut-être aux journalistes ?
Il faut bien exploiter et utiliser les informations recueillies auprès des administratifs. Des journalistes non professionnels existent. Ils ternissent l’image des dirigeants du pays. Ils envoient des informations aux ‘’colonisateurs’’ qui les exploitent pour d’autres visées. Ils te prennent une photo, et le lendemain, tu la retrouves ailleurs exploitée à d’autres fins.
Les journalistes sont respectés et respectables. Mais, il faut qu’ils le méritent via un travail professionnel. S’il y a des défis, des erreurs… il faut aussi les soulever. Mais, toujours dans le souci de construire le pays.
Propos recueillis par Edouard Nkurunziza & Rénovat Ndabashinze