Théophile Niyibizi brosse le tableau de la situation sécuritaire, la cohabitation des partis politiques, la situation socio-économique de la commune Gashikanwa qu’il administre. Ce dernier assure avoir fait de la protection de l’environnement sa priorité.
Après une année à la tête de la commune, quel est votre bilan?
Il y a beaucoup d’activités et d’action qui ont été menées dans différents secteurs. Le plus important est la finalisation des nouveaux bureaux de la commune construits en étages. Nous nous sommes attelés à la préservation de l’environnement. Nous avons préparé des pépinières d’arbres fruitiers, agroforestiers et agrofourragers en raison de 10000 plants sur chacune des 24 collines. Avec le concours de la population, nous avons planté 240 mille arbres dans toute la commune. Au total, avec le soutien d’autres partenaires, un million d’arbres a été planté.
Au niveau de l’augmentation de la production, trois hangars de stockage communautaire ont été construits. Deux centres semenciers ont été inaugurés sur les collines Gitanga et Sigi. Des projets qui s’étendent sur des superficies comprises entre 7 et 8ha. Dans le projet « Tubeho neza », 600 chèvres, et 200 porcs ont été distribués aux ménages. A cela s’ajoute 600 chèvres dans le cadre d’achat des résultats par le programme Organisation du Développement à la Base (ODB) de protection de l’environnement.
Des fonds alloués aux coopératives Sangwe ont parfois été détournés. Quelle est la situation ?
C’est une fierté pour nous. En tant qu’administratifs, nous avons été rigoureux pour que les 10 millions alloués à ces coopératives ne soient pas perdus ou détournés. Le suivi et le contrôle des coopératives « Sangwe » dans l’augmentation de la production ont été une des priorités. Nous avons constaté que toutes les collines se sont mobilisées, notamment dans l’agro-élevage. De ce fait, chaque colline compte au moins 240 chèvres. Une étude menée à montrer que seule une colline a enregistré une perte. D’autres ont un chiffre d’affaires de 19,17 millions de BIF. C’est le résultat de la vigilance de l’administration.
Le gouvernement a fixé le prix du maïs et a acheté sa production. Quelle sera la suite ?
En ce qui nous concerne, nous avons rassemblé 65 tonnes qui ont été bien conservées dans un hangar au chef-lieu de la commune Gashikanwa. Il appartient au gouvernement de donner des orientations pour savoir ce que l’on va en faire.
Des agriculteurs craignent l’expropriation de leur marais dans Nyacijima I et II. Que se passe-t-il ?
Le gouvernement n’a pas l’intention de spolier des marais qui appartiennent à la population. Les autorités veulent donner des orientations pour une exploitation efficace afin de booster la production. Il s’agit d’adopter des cultures en bloc pour un meilleur suivi. Mais il faut savoir qu’il y a des marais appartenant à la commune qui étaient exploités par des particuliers. Ils font l’objet de réaffectation pour être donnés aux coopératives.
Comment se présente la cohabitation entre les partis politiques après les élections ?
Les partis politiques qui sont visibles sur le terrain sont au nombre de trois. Il s’agit du Cndd-Fdd, du Cnl et de l’Uprona. La cohabitation est bonne. Ils sont occupés par le développement de la commune. C’est le constat fait lors des réunions du conseil communal. Nous tenons régulièrement des réunions de sensibilisation à l’endroit des dirigeants de ces partis politiques pour qu’à leur tour ils convainquent leurs partisans de s’atteler aux travaux de développement. Nous avons des projets qui requièrent la mutualisation des efforts. Que personne ne reste en arrière.
Où en est-on avec le projet du gouvernement d’un hôpital pour chaque commune ?
Cette commune comprend 5 centres de santé, dont 3 en zone Gashikanwa, un en zone Gato et un autre en zone Ngoma. Dans le cadre de l’instauration des hôpitaux communaux, nous avons déjà un médecin qui preste au centre de santé de Gashikanwa qui deviendra un hôpital. Son extension pose problème car il était géré par l’Eglise catholique avant de revenir dans les mains du gouvernement. Mais, nous sommes confiants qu’ils vont nous donner un espace.
Quid de l’état des lieux de la Covid-19 dans la commune?
Notre commune n’a pas été épargnée. 22 cas testés positifs à la Covid-19, dont des élèves et des parents, ont été enregistrés dans des écoles. Ils ont été isolés et soignés. Actuellement, aucun cas n’est signalé dans toute la commune. Nous avons effectué un suivi régulier des mouvements des gens venus des pays limitrophes. En plus, nous sensibilisons les gens à observer les gestes-barrière et d’aller se faire dépister si des symptômes apparaissent.
Qu’en est-il de la propreté ?
Le projet de la ville propre va de pair avec celui de l’hygiène et assainissement. A cet égard, toutes les études menées classaient dernière notre commune. Il manquait des latrines dans les ménages. Il y a un projet de sensibilisation pour que chaque ménage ait une latrine, mais aussi la mise en place de latrines publiques. Les démolitions des constructions anarchiques sont en cours.
Quid des abandons scolaires ?
Des abandons existent, même si les chiffres ne sont pas encore disponibles. Le conseil communal a commandité une étude pour mieux connaître la situation qui prévaut en vue de prendre des mesures qui s’imposent. La pauvreté, le mariage précoce et les grossesses non désirées sont, entre autres, à l’origine de ce phénomène. Des auteurs d’actes répréhensibles envers les élèves sont arrêtés et punis conformément à la loi. Un enseignant qui travaille en commune Kiremba a été arrêté pour cause de comportement déplacé envers une élève de l’école fondamentale de Musumba. Nous travaillons avec les responsables dans le secteur de l’éducation et l’administration à la base pour la sensibilisation des enfants et des parents sur l’importance de l’école.
Quels sont les projets qui vous tiennent à cœur ?
Je vais faire de ma commune le poumon du Burundi. Nous avons pensé à un vaste projet pour augmenter les sources de revenu de la population. Cela passe par la multiplication des arbres fruitiers. Dans cette optique, nous sommes en train de préparer des pépinières pour que chaque colline ait au moins 40 mille plants dans des pépinières. On va ajouter 10 mille plants des arbres agroforestiers. Cette année, nous allons avoir 720 mille arbres fruitiers et 240 mille arbres agroforestiers. La population est à l’œuvre. En août, on commence le semis.
C’est un investissement énorme. Dans cinq ans, nous espérons être en mesure de pouvoir faire un profit d’un milliard deux cent millions par an. C’est une activité que nous ferons chaque année.
Propos recueillis par Jérémie Misago
On est appelé à faire un clin d’oeil aux administratifs voire aux leaders du pays ,expression sagement recommandée pour ne pas nuire au rythme stratégique de cohabitation entre burundais
1. L’administrateur veut procéder annuellement à la plantation d’environ un million de plants fruitiers et agroforestiers. C’est une très bonne chose. Cependant, il ne pipe aucun mot sur le budget dont il dispose pour effectuer une telle réalisation. Budget et action doivent toujours aller de pair pour que le discours soit crédible.
2. Jadis la commune de Gashikanwa produisait beaucoup de café. Il y a eu condtruction d’usines de lavage et plusieurs centres de dépulpage des cerises de café. Dans cette entrevue, je n’ai pas entendu le mot café. Cette culture serait-elle releguée aux oubliettes?