Dimanche 22 décembre 2024

Politique

INTERVIEW EXCLUSIVE | Epipode Baranyikwa : « Mon rêve, c’est d’installer une zone économique spéciale à Ngozi »

INTERVIEW EXCLUSIVE | Epipode Baranyikwa : « Mon rêve, c’est d’installer une zone économique spéciale à Ngozi »
Epipode Baranyikwa

Cohabitation politique, rapatriement des déplacés, développement socio-économique, Iwacu est allé à la rencontre du gouverneur de Ngozi. Une occasion de dévoiler aussi sa vision pour cette province.

Comment est la cohabitation politique à Ngozi ?

Elle est bonne. Même au cours de la période électorale de 2020, la province Ngozi a été globalement stable. Il n’y a pas eu de cas graves d’intolérance politique, de violence. Juste quelques incidents isolés contrairement aux autres échéances électorales.

Vraiment, il y a eu un changement positif. Avant, il y avait des cas de violence occasionnant même des blessés. Mais, actuellement, après les élections, les gens des différents partis politiques sont restés calmes. La sécurité est restée totale.
Les jeunes des différentes formations politiques ont même formé une coopérative commune. Au début, les initiateurs sont des jeunes qui sont dans les comités des partis politiques mais par après ils y ont amené les membres de leurs partis.

Cette coopérative oeuvre surtout dans le secteur primaire. Pour renforcer la cohabitation, ils organisent des rencontres sportives entre leurs partis d’origine.

Mais, même si vous décrivez une situation normale, des affrontements entre membres du parti au pouvoir et ceux du CNL ont été signalés à Kiremba. Que s’est-il passé ?

Moi aussi, je l’ai appris. Mais, ce sont de petits problèmes qui se produisent quelques fois. Tout n’est pas rose bien sûr. Mais, je ne pense pas que cela puisse prendre une grande ampleur.

Les blessés sont en train d’être soignés à l’hôpital. Et les forces de l’ordre et de sécurité et la justice sont en train de soccuper de l’affaire afin que nous ayons toute la lumière sur ces incidents.
Nous aussi, nous n’avons pas laissé cette affaire dans leurs mains seulement, nous comptons tenir une réunion avec la population ce vendredi.

Nous voulons recueillir leurs avis afin de savoir ce qui s’est passé réellement et leur prodiguer des conseils. Mais, les auteurs de ces blessures doivent être punis conformément à la loi.

L’intolérance politique semble s’y installer de plus en plus. Quel est votre message ?

Avant de leur donner un message, nous prévoyons d’abord les écouter pour savoir pourquoi sont-ils allés jusqu’à ce niveau. Parce qu’on voyait ce genre d’agissements lors des élections de 2010, 2015. Nous allons prendre toute une journée pour écouter les uns et les autres. C’est de là que nous allons leur donner un message clair.

Et il n’y a pas un autre message que de leur dire qu’ils sont tous des Burundais, qu’ils doivent mettre en avant le partage et la cohabitation. Ils n’ont pas un autre pays, une autre colline ou une autre commune. On peut se choisir un ami mais pas un voisin. Et nous, comme administratifs, nous sommes là pour réconcilier la population.

Le gouvernement prévoit la transformation des sites de déplacés en villages de paix. Quelle est la situation à Ruhororo ?

Ce site a des particularités par rapport aux autres. Beaucoup de maisons des déplacés se trouvent dans des terres des particuliers. Ces derniers attendent leurs terres depuis une vingtaine dannées.

Heureusement, ils ont été patients, ils ne se sont pas révoltés ou n’ont pas voulu récupérer leurs terres par force. Même parmi ces déplacés, certains ont déjà reconstruit les maisons et regagné leurs collines dorigine.

Malheureusement, il y en a d’autres qui vendaient illégalement ces terres avant de retourner sur leurs collines. Là, ils doivent être poursuivis en justice.

Dautres hésitent encore de rentrer mais nous constatons que le mouvement retour s’amplifie. Et de son côté, le ministère de l’intérieur est en train de préparer un projet de villagisation inclusive qui intègre les ex-déplacés et les résidents.
Aujourdhui, qu’ils sachent que les raisons qui les ont poussés à quitter leurs terres ne tiennent plus. Il faut qu’ils rentrent pour participer pleinement dans le combat contre la pauvreté.

Ces dernières années, Ngozi était qualifiée de ‘’Dubaï du Burundi. Comment se tient le commerce avec la pandémie de Covid 19 ?

Oui, avec cette pandémie, on ne peut pas dire que c’ est facile aux commerçants d’exercer leur métier. Mais, comme cest dans les habitudes des gens de Ngozi, ils essaient de tenir debout. Même si les importations des marchandises ne sont pas faciles, nous voyons toujours des commerçants dautres provinces sapprovisionner à Ngozi. C’est cher, mais nos importateurs poursuivent leurs activités. Et de nombreux défis sont là.

Par exemple ?

Ceux qui se rendaient en Chine sont aujourdhui obligés de chercher des commissionnaires sur place. Ils envoient de l’argent et attendent leurs commandes ici. Mais, ils essaient de trouver dautres marchés dapprovisionnement même si les moyens de transports sont aussi aujourdhui compliqués. Et les prix ont aussi monté. Mais, ils persévèrent.

Vous venez de passer presque deux ans à la tête de cette province, votre bilan au point de vue développement

A cet aspect, Ngozi se développe au rythme du pays. Nous sommes en train de sensibiliser la population pour augmenter la production en vue de lutter contre la faim. Et la majorité de la population vit essentiellement du secteur primaire. On reste donc dans la droite ligne du président de la République : Il faut que chaque bouche ait à manger et que chaque poche ait de largent.

Qu’est-ce que vous faites concrètement ?

Nous avons commencé par la mise en commun des terres afin d’avoir des grandes étendues cultivables. Cela concerne les terres familiales et les terres domaniales. Je vous signale par exemple que des coopératives sont en train d’exploiter plus de 64 hectares, à Kabamba, en commune Gashikanywa. Là, c’est un espace réservé à un aérodrome mais en attendant que ce projet se réalise, il faut quil soit rentabilisé. On y a planté du maïs et la récolte a été bonne.

La riziculture s’est beaucoup développée aussi. Parce que dans les années passées, le riz n’était pas cultivé dans notre région. Aujourdhui, grâce au programme Prodefi (Programme de développement des filières), cette filière est très prospère.

La population a été formé en riziculture. Avec les marais aménagés, aujourdhui, nous récoltons plus de 5 tonnes par hectares alors qu’avant, c’était à peine une tonne par hectare. Car, via ce programme, les populations ont été appuyées en matériel et ont reçu des semences sélectionnées et des fertilisants.

Je vous signale que pour le moment, on a déjà adopté le système de labourer, semer, sarcler et récolter en même temps. Et cest vraiment très productif. Comme résultat, nous avons déjà vendu deux fois un surplus de maïs. Au début, nous avons écoulé 1000 tonnes de maïs, et actuellement on sattend à 2.500 tonnes de maïs de surplus.

Et l’élevage ?

Là, Ngozi n’est pas en arrière. Ce même programme a donné des vaches et autres animaux domestiques. Par exemple, 1500 vaches ont été distribuées. Et par le biais des chaînes de solidarité, ces vaches se sont multipliées. Nous avons actuellement plus de 4500 têtes au niveau provincial avec une production laitière très satisfaisante. Des centres de collecte ont été installés.

Cest vraiment un honneur de voir des camions type citerne transporter du lait vers Bujumbura pour sa transformation. Même ici, des unités de conservation et transformation du lait existent. Exemple de l’usine Mpamata, sise à Rukeco.
Ce programme s’est clôturé, mais le gouvernement nous a promis quil y a un autre programme qui va bientôt prendre la relève.

Dans ce même domaine, le gouvernement a introduit le système de stabulation permanente. Pas dobstacles, de défis dans sa mise en application ?

Vraiment, nous navons eu aucun problème. Car, la pratique était déjà en vogue à Ngozi depuis les années 2010, 2011. Seulement, il n’y avait pas de lois. Cétait en fait une décision provinciale.
Certains éleveurs avaient déjà adhéré à cette pratique mais on n’avait pas de base légale pour punir les récalcitrants. Alors, quand il y a eu une loi en rapport, cela a été une opportunité d’entraîner ceux qui hésitaient encore. Et la réussite est totale.

Cependant, les bouchers et les rôtisseurs se lamentent comme quoi vous avez interdit l’abattage des vaches. Pourquoi ?

C’est une mesure temporelle que nous avons prise. En effet, nous avons constaté qu’il y a une maladie bovine non encore identifiée. Alors, nous avons arrêté la commercialisation des vaches. Et ce, pour limiter les transmissions de cette maladie.

Nous avons même reçu des experts du ministère de l’environnement, agriculture et élevage. Ils ont pris des échantillons pour aller faire des tests dans des laboratoires afin didentifier cette maladie.

On a besoin de savoir si c’est une maladie pouvant même être transmise aux humains. Pour le moment, on sait qu’elle est très mortelle. Par exemple, dans les deux dernières semaines, nous avons appris que sur la seule colline de Rugori, il y a eu 14 vaches mortes.

C’est vraiment une grande perte pour les éleveurs. Et ce n’est pas sur cette seule colline. Nous espérons que d’ici peu, ces experts auront déjà identifié cette maladie et trouver une solution adéquate.

Dans beaucoup de provinces, on constate que les caféiculteurs se désintéressent de plus en plus du café. Qu’en est-il à Ngozi ?

Ce que vous avez constaté ailleurs, je dirais que c’est la même situation ici. C’est vrai, les caféiculteurs ne sont plus motivés. Mais, comme administratif, nous continuons à sensibiliser la population afin qu’elle renouvelle leurs vergers et même planter de nouveaux plants. Et cela donne des résultats positifs.

Par exemple, des coopératives des communes Marangara, Kiremba, Nyamurenza ont beaucoup planté des nouveaux plants. Nous sommes en train d’installer des grandes plantations de l’Etat sur la colline Mukinya. Pour cette année, nous nous attendons à une production satisfaisante comparativement aux cinq dernières années.

Existent-elles d’autres cultures dexportation à Ngozi ?

Nous sommes en train dexpérimenter une autre plante appelée millet. Nous avons déjà cinq hectares comme champ d’expérimentation. Nous sommes aussi en train de planter beaucoup d’avocats. Car, on a déjà découvert des marchés en Tanzanie, en Ouganda, etc.

Vous avez signalé que la production agricole est bonne. Est-ce facile de trouver des marchés par exemple ces populations frontalières avec le Rwanda ?

Les agriculteurs n’ont pas de problèmes de marchés découlement. Ils écoulent dabord sur les marchés locaux parce que chaque commune a au moins un marché moderne. D’autres quantités en pommes de terre, en maïs, en haricot, etc, vont dans dautres provinces, vers Bujumbura et Gitega.

Pour ceux qui se trouvent sur la frontière, vous savez que nous venons de passer plusieurs années avec des mauvaises relations avec le Rwanda. Quon ne se le cache pas, avant, des échanges commerciaux étaient intenses entre les Burundais et les Rwandais. Mais, les Burundais doivent exploiter les marchés de l’intérieur du pays. Car, officiellement, la frontière est fermée.

Pas des échanges clandestins ?

C’est vrai, tous ceux qui se trouvent à la frontière ne sont pas tous honnêtes. Il y en a qui essaient de traverser clandestinement avec tel ou tel autre produit. C’est surtout le café. Nous continuons à les sensibiliser afin dabandonner ces tricheries et attendre la réouverture de la frontière.

Mais, des récalcitrants sont encore là. Dernièrement, nous avons puni quelques-uns parce quils ont été attrapés en train découler le café vers le Rwanda. Dautres y vendent des habits et dautres produits. Mais, nous essayons de veiller pour les remettre en ordre.

Comment expliquer des mendiants soient nombreux dans les rues de Ngozi alors que vous dites que la production agricole est bonne ?

C’est vraiment une triste réalité. Mais, cest lié à plusieurs facteurs. Des cas où des enfants deviennent orphelins et se retrouvent le lendemain dans la rue, des enfants ingérables dans les familles, des proches des orphelins qui détournent lhéritage parental, etc. Et ce n’est pas seulement à Ngozi. Cela se manifeste dans d’autres provinces même dans les grandes villes comme Gitega et Bujumbura.

Cela ne signifie pas nécessairement qu’ils ont manqué à manger dans leurs familles. Nous réaffirmons que la production est bonne à Ngozi, il n’y a pas de faim. Nous venons de passer plusieurs années sans attendre des gens qui fuient suite à la famine, de cas de sécheresse.

Seulement, il y a une sorte de mauvaise habitude de mendier quon ne peut pas lier avec la famine ou la faim. Globalement, à Ngozi, les gens ont à manger en suffisance.

Quid du secteur éducatif ?

Globalement, la situation n’est pas mauvaise. Mais, des problèmes liés au manque des bancs pupitres, des manuels scolaires, insuffisance des enseignants existent.
Des enfants sont nombreux et les classes sont insuffisantes. Mais, avec les parents, la direction provinciale de l’enseignement, les natifs, nous sommes à l’oeuvre pour trouver des solutions.

Comment ?

En mars, on sest fixé un objectif de résoudre d’abord la question liée au manque de bancs pupitres dici décembre 2022. Chaque commune doit avoir résolu la question des bancs pupitres.
Car, nous avons constaté qu’ils ont des plantations communales, des menuisiers, des natifs capables de contribuer pour la main d’oeuvre. Encore, nous avons réalisé que chaque commune peut grignoter sur les taxes communes pour payer la main duvre.

Nous avons alors recommandé aux administrateurs décrire aux chargés de la protection de l’environnement pour demander l’autorisation de couper les arbres.
Et beaucoup des communes ont déjà commencé. A Marangara, ses natifs ont récemment contribué 12 millions BIF pour ce projet. Nous sommes en train de rassembler les données sur le manquant des bancs pupitres.

Quid du manuel scolaire ?

Après ce chantier des bancs pupitres, on va alors entamer la question des manuels scolaires, des livres. Cest malheureux de voir des enfants arriver à un stade de passer des tests nationaux sans avoir jamais eu loccasion de lire un livre dun tel ou tel autre cours.

Et là, comment allez-vous procéder pour y arriver ?

Par chance, la RPP (Régie des productions pédagogiques) a installé son antenne ici. Les communes vont établir des contrats avec la RPP afin que des enfants aient des livres.
Concernant les enseignants, cela incombe à l’Etat. Parce quà notre niveau, il ny a pas des lois autorisant le recrutement du personnel enseignant.

En attendant

Nous recommandons de faire recours aux volontaires. Par exemple, en commune Ngozi, on s’est organisé de telle sorte quon parvienne à mettre dans la caisse des volontaires 2 millions BIF par mois. Dautres communes ont des stratégies pour donner une émulation aux volontaires.

Et pour améliorer la qualité et motiver les enfants à poursuivre les études universitaires, nous avons recommandé aux administrateurs de prendre en main la question des lauréats des universités.
Ils doivent ouvrir ce qu’on appelle maisons communales de léducation ou universitaire. Et la commune Marangara a déjà ouvert ces centres à Gitega, Ngozi et Bujumbura. Et dautres communes sont en train de lui emboîter le pas.

Comment se passe-t-il ?

Le constat est qu’il y a beaucoup denfants qui arrivent à Bujumbura et ne trouvent pas de logement. Ils abandonnent les études. Nous avons alors exigé aux communes de mettre en place un fonds pour leur logement.
Les parents contribuent pour dautres besoins. Je pense que beaucoup ont déjà vu l’administrateur de Marangara apporter des sacs de charbons de bois aux étudiants.

Quelle la part des natifs et de la diaspora dans le développement de votre province ?

Oui, les natifs sont beaucoup plus impliqués. Ils contribuent dans la construction du stade moderne en cours. D’ailleurs, un compte pour la diaspora a été créé.

Quel est létat d’avancement des travaux pour le stade ?

Les travaux avancent normalement. En fait, il y a eu quelques corrections pour pouvoir installer le tapis synthétique promis par la FFB. Elles sont terminées et des experts du FFB sont venus vérifier et nous ont confirmé que les dimensions sont justes.
Actuellement, on est dans la finition en attendant que la promesse soit concrétisée. On est en train d’installer les toilettes. Et le coût provisoire pour ce stade était estimé à 3,5 milliards BIF. Les réalisations équivalent à 2,8 milliards BIF.

Enfin, quel est votre rêve pour Ngozi

C’est d’abord de poursuivre les chantiers en cours comme la construction des stades, des écoles en étages, etc. Nous voulons aussi faciliter le transport des biens et des personnes par la construction dun chemin de fer. Ainsi, les gens pourront s’approvisionner facilement de Dar-Es-Salaam en Tanzanie, Kindu en RDC, etc.

Nous souhaitons aussi mettre nos routes aux normes de la Communauté de l’Afrique de lEst. Nos voies sont encore étroites et pas en bon état. Nous souhaitons installer un parc commercial gigantesque avec des gros entrepôts.

Des pays comme la Malaisie, Indonésie,… ont des gros parcs commerciaux. Oui, nous n’allons pas arriver à ce niveau, mais, nous projetons avoir un espace où dautres coins du Burundi viendront s’approvisionner. En effet, le marché de Ngozi devient de plus en plus exigu. Mon rêve ultime, c’est d’installer une zone économique spéciale à Ngozi.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Stan Siyomana

    1. Vous écrivez:« Nous sommes aussi en train de planter beaucoup d’avocats. Car, on a déjà découvert des marchés en Tanzanie, en Ouganda, etc… »
    2. Mon commentaire
    Il faudrait noter que les kényans, les tanzaniens et les ougandais eux-même exportent leurs avocats en Europe et ailleurs.
    « Close to 9,000 tonnes valued at $30 million were exported last year, up from almost zero seven years ago…
    It is estimated that some 39,000 tonnes of the fruit are produced locally but only between 8,500 and 9,000 tonnes were exported last year.
    She said at a time Tanzania’s exports a year stood at less than 10,000 tonnes, neighbouring Kenya was selling 68,000 tonnes annually to the international markets…
    Commercial production of avocado has until very recently been concentrated in the southern highland regions, specifically Njombe District blessed with adequate water and cool conditions.
    This led to the construction of a state-of-the-art facility in Njombe where farmers can store their fresh produce and is also a hub to connect with buyers.
    Currently it is estimated that over 10,000 farmers across the country are involved in avocado production. This triggered an export surge by incredible 380 per cent in a span of five year »
    https://www.thecitizen.co.tz/tanzania/news/business/avocado-farming-becomes-the-new-green-gold-in-tanzania-3399842

  2. doris kabingo

    Vous publiez son interview au moment ou il vient d’être déchargé de sa fonction.
    J’imagine que vous ne pouviez pas anticiper cela!!

  3. Rushubije

    Un gouverneur de province dans notre pays n’a pas de sources de revenu légales. La loi ne lui permet pas de collecter de taxes contrairement aux administrateurs communaux ou à l’OBR. C’est à se demander comment dans une telle position un gouverneur peut parler de vision et de stratégie pour sa province.

  4. arsène

    Le rêve du gouverneur pour Ngozi: « C’est d’abord de poursuivre les chantiers en cours comme la construction des stades, des écoles en étages, etc. Nous voulons aussi faciliter le transport des biens et des personnes par la construction dun chemin de fer. Ainsi, les gens pourront s’approvisionner facilement de Dar-Es-Salaam en Tanzanie, Kindu en RDC, etc. »

    Construction de stades: une priorité alors que les écoliers manquent de manuels scolaires.
    Construction d’un chemin de fer: une utopie
    Mettre nos routes aux normes de la Communauté de l’Afrique de l’Est: il rêve de faire mieux que le gouvernement.

    • Yan

      En bref, tu nous dis qu’il ne fait que brasser du vent….

    • Stan Siyomana

      @arsène
      Moi je crois qu’aujourd’hui il y a beaucoup plus de chances pour que ce chemin de fer soit enfin construit, puisqu’il va faciliter aussi le transport des richesses naturelles venant de la RDC.
      Et puis, je crois qu’un gouverneur de province peut essayer de convaincre le gouvernement pour que tel ou projet soit réalisé dans sa province.
      Quant à la problématique des bancs scolaires, il se pourrait que ce soit ce chemin de fer qui fera que l’économie du pays s’améliore et en suite l’on n’aura pas de problème pour trouver ces bancs.
      Les infrastructures sont elles aussi prioritaires/nécessaires dans l’économie/développement du Burundi.

      • arsène

        @Stan Siyomana

        Je suis tout à fait d’accord avec vous qu’il y a des chances que ce chemin de fer soit construit. Néanmoins, je ne pense pas que ce soit avant une dizaine voire une quinzaine d’années (dans l’hypothèse la plus optimiste).

        L’idée de ce chemin de fer date de plusieurs années. Iwacu publiait en 2012 un article très documenté sur ce sujet.
        https://www.iwacu-burundi.org/des-rails-au-burundi-2/

        Se sont ensuivies plusieurs publications encore accessibles sur le site du journal, au moins un article tous les deux ans.
        Vous avez placé un commentaire à l’article du 24 mars 2014 où vous semblez être aussi pessimiste que moi aujourd’hui quant à la construction de ce chemin de fer.
        • Stan Siyomana
        1.Il fallait quand même informer le lecteur que la version originale anglaise (by Pius Rugozibwa) paraissait il y a plus d’une semaine dans un journal tanzanien:
        Pius Rugozibwa: « Tanzania, Burundi sign 1tri/- railway deal », http://www.dailynews.co.tz, 14 March 2014.
        2. Avec cette mésentente qui existe entre les pays membres de l’East African Community quant aux projets communs d’infrastructure, quel est le sort de la ligne Isaka-Keza-Gitega-Musongati. Il n’y a pas très longtemps, le ministre tanzanien des transports confirmait:
        « Governments of Rwanda and Burundi got loans from the African Development Bank(ADB) for feasibility and design work » (as of January 2014). Donc le Burundi va devoir rembourser des millions de dollars a la BAD alors que ce tronçon de chemin de fer n’existe pas.
        Merci.

        Toujours sur ce sujet, j’ai commenté l’article du 20 janvier de cette année. J’y exprimais mon pessimisme quant aux promesses de nos dirigeants depuis un certain temps. Je rappelais un certain nombre d’entre elles.
        https://www.iwacu-burundi.org/construction-dun-chemin-de-fer-uvinza-musongati-des-inquietudes-sur-lindemnisation/

        Vous avez également laissé un commentaire concernant les sources de financement indiquées dans cet article. Vous terminiez en rappelant les paroles du curé de la Paroisse St Francois d’Assise de Magarama à l’endroit des dirigeants du CNDD-FDD : « Umuyobozi mwiza ntiyihutira cane cane kugura V8 kandi hariho abantu bashonje. Murazi ko V8 ishobora guhemba abigisha umwanya utari muto kandi atari bake… »
        Je partage totalement ce point de vue.

        Concernant mon commentaire en rapport de l’article ci-dessus, j’ai d’abord constaté que la priorité du gouverneur allait à la construction de stades. Sincèrement, comment penser à construire des stades avant de nourrir la population, de lui assurer les soins de santé ou de leur assurer des conditions minimales d’éducation des enfants ?

        J’ai dit que la construction du chemin de fer est une utopie. J’aimerais bien avoir tort. Espérons que le vœu se concrétise mais j’ai toujours mes doutes.
        L’article d’Iwacu de 2014, quant à lui, indiquait que le coût de la construction serait de 700 millions USD. La ministre Nijimbere annonçait en 2022 que les indemnités d’expropriation allaient s’élever à 758 mille USD, ce qui semble irréaliste. Elle ajoutait que les fonds propres s’élèveraient à 21% du budget.

        Si l’on se mettait à les inventorier, on se rendrait compte que les seules promesses tenues depuis 10-15 ans sont celles qui fâchent les citoyens (la majorité). On peut parler de la liberté d’expression ou d’association (en donnant l’exemple des commentaires fermés sur ce média, ou l’interdiction de manifester pacifiquement sauf si le pouvoir oblige les citoyens à le faire), la cotisation volontaire forcée pour les élection, la destruction des constructions (jugées) anarchiques », les expropriations à tour de bras, l’interdiction des deux et trois roues dans certaines parties de la ville de Bujumbura, etc.

        Peut-on être optimiste ? À mon avis, le chemin de fer sera comme les différents projets d’aéroport de Bugendana, le mall à la place de l’ancien marché central de Bujumbura, la vision 2025, la vision 2045 de la ville de Bujumbura. Comment croire au discours sur de grands projets lorsque l’on n’arrive pas à construire un palais présidentiel. Je viens de voir que le gouvernement a déjà prévu de ponctionner le salaire des fonctionnaires pour collecter les fonds en vue de la construction du palais présidentiel.

        Pour revenir au rêve du gouverneur, j’aurais peut-être été plus précis si j’avais ajouté au commentaire qu’il est permis de rêver, puisque c’est de cela qu’il s’agissait. Un gouverneur pourrait penser à la construction d’un chemin de fer quand il s’agit de relier un tronçon sur un réseau existant, ce qui n’est pas le cas. Il ne peut pas non plus penser à élargir les routes pour soi-disant les mettre aux normes de l’EAC. Quelles compétences un gouverneur aurait-il pour élargir une route nationale ? Cela relève des fonctions régaliennes de l’État que celui-ci ne peut déléguer aux provinces ou aux communes.

        Je reste donc pessimiste quant à la réalisation du rêve exprimé par le gouverneur (lui ne le fera pas comme Doris Kabingo nous signale qu’il a été démis de ses fonctions) mais ce rêve était gigantesque (pour reprendre sa propre expression sur les centres commerciaux). Au final, je dois comprendre que, comme le dit Paul Valéry, le rêve est le phénomène que nous n’observons que pendant son absence.

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