Des droits à consolider, maintien des quotas ethniques, moderniser la poterie, problématique d’accès à la terre… Vital Bambanze, directeur exécutif de « Unissons-nous pour la promotion des Batwa » (Uniproba), s’exprime à l’occasion de la Journée internationale des autochtones célébrée chaque année le 9 août.
Quelle évaluation faites-vous de la promotion des droits des peuples autochtones au Burundi ?
Il y a eu des avancées significatives mais qui nécessitent une certaine consolidation. On peut les évaluer dans différents domaines, notamment dans le domaine de l’éducation. Maintenant les enfants Batwa ne sont plus discriminés, ce qui leur a ouvert les portes. Ils vont massivement à l’école.
A l’heure où je vous parle une cinquantaine de Batwa ont déjà complété les études universitaires alors que quand on a fondé l’Uniproba j’étais le seul universitaire au niveau de notre communauté.
Et l’Uniproba y a joué un grand rôle parce que parmi ces premiers objectifs figurait justement la promotion de l’éducation qui est la clé de tout développement.
Nous sommes parmi le peu de pays qui ont un représentant au niveau du gouvernement. Nous avons actuellement une femme Mutwa au gouvernement, et parmi ses attributions figure justement la promotion et la protection des droits de l’Homme.
Quid des défis ?
Il y a encore des défis qui sont spécifiques aux Batwa en l’occurrence la question foncière. La terre au Burundi reste, non seulement la source de revenu, mais aussi elle reflète l’identité de toute personne.
Un grand nombre de Batwa n’ont pas de terres à cultiver. Et cela est l’une des causes des déplacements des Batwa, lesquels déplacements sont souvent qualifiés à tort que les Batwa quittent les lieux où ils ont perdu les leurs. Mais ils ne peuvent pas rester là où ils n’ont pas de terres.
Par ailleurs, les Batwa restent exclus dans certains postes de prise de décision, comme dans le secteur privé, les industries, les banques, les directions générales au niveau des ministères. Il n’y a aucun directeur général au niveau des ministères, un gouverneur, un administrateur, un chef de zone alors que tout se décide au niveau de ces sphères.
Comparativement à d’autres autochtones africains, quelle place donneriez-vous aux autochtones du Burundi ?
Au niveau du Burundi, il y a deux choses. Les Batwa se sont unis et ont revendiqué leurs droits en tant que citoyens burundais à part entière. Il y a eu aussi l’oreille attentive de certains burundais qui ont compris qu’ils doivent partager le peu qu’ils ont avec leurs confrères Batwa.
Au niveau africain, il y a des pays qui refusent d’entendre que les Batwa soient des peuples autochtones selon les critères des Nations Unies.
Bref, au niveau du Burundi, il y a des avancées parce qu’il y a cette reconnaissance de l’existence de l’ethnie des Batwa. La reconnaissance est quelque chose qui est cruciale. Il y a aussi la confiance en soi de ces Batwa au Burundi.
Quelle est la position de l’Uniproba quant au maintien ou à la suppression des quotas ethniques dans la Constitution burundaise ?
Les quotas ethniques ont été introduits parce qu’il y avait justement un problème entre les Hutu et les Tutsi. Ils s’entretuaient à cause des injustices sociales du passé dans la gestion et le partage de la chose publique.
Au niveau de notre communauté, nous estimons qu’il est encore tôt de supprimer les quotas ethniques au Burundi parce que nous constatons qu’il y a des problèmes qui ont été résolus. Il y a des forces de défense et de sécurité qui ne sont plus qualifiés de mono-ethniques bien que les Batwa restent encore sous-représentés dans ces corps.
Certains Batwa continuent de vivre de la poterie. Est-ce que c’est un recul par rapport à la modernité ?
Pour être quelqu’un complet, il faut interroger ce qui est positif dans le passé et ce qui est positif dans la modernité pour qu’on les mélange afin d’avoir ce dont on a besoin selon les périodes.
Economiquement parlant, la poterie n’est pas rentable. Mais, au lieu de l’abandonner, il faut la moderniser pour qu’elle soit concurrente sur le marché.
Tantôt vous avez évoqué la problématique d’accès à la terre par les Batwa. Où en est-on justement avec le plaidoyer ?
La gestion des terres au Burundi est réglée par des lois, lesquelles lois ont fait qu’il y ait des gens qui ont de grandes étendues foncières.
Les lois pour la protection des parcs, de l’environnement ont fait que les Batwa ne puissent plus accéder à la chasse et la cueillette, et qu’ils doivent se standardiser en pratiquant l’agriculture et l’élevage.
Plus 90% de Batwa n’ont pas de terres. La plupart ont de petits lopins placés sur des rochers ou sur des terres infertiles.
Concrètement, comment remédier à cette situation ?
Il faut que le gouvernement identifie tous les Batwa sans terres. Il faut consulter et interroger les documents qui montrent les terres domaniales qui sont libres et procéder à une distribution massive à ces Batwa qui n’en ont pas. Il faut récupérer les terres domaniales illégalement attribuées pour qu’elles soient données à ceux qui n’en ont pas.
Il faut par après protéger ces terres distribuées par l’octroi des certificats fonciers. Après, il faut accompagner les Batwa pendant une période donnée dans la mise en valeur de ces terres afin que ces dernières génèrent des revenus aux familles.
Mais il y a des cas où certains Batwa revendent leurs terres…
De tels cas existent. Mais des fois, certaines autorités administratives locales sont impliquées dans la vente de ces terres. S’il y a vente, il y a des documents écrits par ces mêmes autorités administratives qui authentifient ces ventes. C’est pourquoi, nous recommandons encore une fois pour que ces terres distribuées soient protégées par des certificats fonciers.
Propos recueillis par Félix Haburiyakira
1. Vous ecrivez:« Il faut que le gouvernement identifie tous les Batwa sans terres. Il faut consulter et interroger les documents qui montrent les terres domaniales qui sont libres et procéder à une distribution massive à ces Batwa qui n’en ont pas… »
2. Mon commentaire
Quand je grandissais au Burundi dans les annees 1950/1960 parmi nos voisinsil y avait une petite communaute Twa d’une vingtaine de membres. Je suis pour l’emancipation des Twa. A mon ecole primaire un seul Twa a pu y etudier pendant une annee, et a mon ecole secondaire, il n’y avait pas un seul Twa.
Avec la demographie galopante qu’on a au Burundi ce n’est pas possible que TOUT TWA OU TOUT CITOYEN AIT SON PETIT LOPIN DE TERRE.
Il n’y a nulle part au monde ou tous les citoyens ont acces a la terre.
Et puis les terres domaniales ne sont pas que pour y eriger une petite cabane familiale, ces terres servent aussi pour y construire des nouvelles villes, ecoles, centres de sante, projets d’investissement agricole…
Les jeunes Twa devront se former pour exercer d’autres metiers en dehors de la poterie et l’agriculture. Les autres devront se debrouiller pour trouver des petits boulots ici et la ou comme membres du lumpen proletariat
Par modernisation de la poterie, j’entends un processus qui pourrait produire beaucoup de pots « a l’echelle industrielle ». Ces pots n’auront pas d’acheteurs puisque aujourd’hui utilisent surtout des casseroles pour la cuisson et des bidons en plastique pour l’eau.
Par modernisation de la poterie, il peut penser, peut-être, à l’aspect qualitatif de la technique: porcelaine, céramiques, faïence
@Yan
Apparemment, meme le tour du potier et la roue de poterie que les autres societes ont utilisee il y a des millenaires seraient pour nous une modernisation.
« La plupart des premiers articles en céramique ont été fabriqués à la main en utilisant la technique du bobinage. Les formes les plus anciennes du tour du potier – tournettes ou roues lentes – ont probablement été développées comme une extension du processus original. Il est prouvé que les tournettes ont été utilisées dès 4500 avant notre ère au Proche-Orient…
La roue rapide a été développée au 3ème millénaire avant notre ère. Cette invention utilisait de l’énergie stockée dans la masse rotative de la lourde roue en pierre elle-même. Les potiers enroulent la roue en la frappant ou en la poussant avec un bâton, créant une force centrifuge (un type de force d’inertie). La roue rapide a conduit au processus de lancer de la poterie, où un morceau d’argile a été pressé et façonné pendant que la roue tournait. La roue rapide a augmenté la vitesse de production et a permis aux potiers de fabriquer une plus grande variété de formes et de récipients, les marques sur lesquelles se distinguent de la poterie artisanale… »
https://www.storyboardthat.com/fr/innovations/tour-de-pottier#