Jeudi 21 novembre 2024

Société

Interview avec Léonce Nzikwinkunda : « A Rugombo, le grand problème est la rareté des sources d’eau »

20/12/2023 1
Interview avec Léonce Nzikwinkunda : « A Rugombo, le grand problème est la rareté des sources d’eau »

Manque d’eau potable devenu chronique, des cas de choléra souvent enregistrés, etc., la commune Rugombo, de la province Cibitoke, peine à satisfaire la demande en eau potable. Mais, pourquoi ? Et quelles sont les actions en cours ? Léonce Nzikwinkunda, responsable de la Régie communale de l’eau, fait le point.

Depuis des années, on parle souvent du manque d’eau potable à Rugombo. Quelles sont les causes de cette situation ?

C’est une triste réalité. A Rugombo, nous avons un sérieux problème d’eau potable. Il y a peu de réseaux opérationnels d’adduction d’eau. Au niveau de la Régie communale, nous avons trois réseaux d’adductions d’eau : Kagobajana-Rusororo avec un débit de 3 litres/ seconde ; Ruzigo-Kiramira avec un débit de 3 litres/seconde et le réseau Ruzibira-Rukana avec 6 litres/seconde.

Au total, c’est un débit de 12 litres/seconde. Cette quantité est très insuffisante quand on considère la population.

Précisément…

A titre illustratif, en 2022, la commune Rugombo avait une population de 145 mille habitants. Il existe des collines où l’eau potable est inexistante. C’est par exemple Rukana I. Heureusement qu’actuellement, l’agence burundaise de l’hydraulique et de l’assainissement en milieu rural (AHAMR) est en train d’aider pour que l’eau y soit disponible.

Sur les collines Gisenyi, Gicaca, Gabiro-Ruvyagira, Rukana II, les habitants utilisent l’eau de la rivière Nyakagunda. Une eau très sale, surtout durant cette période de fortes précipitations. Il faut noter aussi qu’il y a un réseau intercommunalité qui n’a pas été achevé.

Pourquoi n’a-t-il pas été finalisé ?

On ne sait pas encore. Et il faut d’abord signaler qu’il devait servir deux communes : Mugina et Rugombo. Il a été construit sur financement du FONIC. Ils ont terminé la phase I, mais pas la phase II. Rugombo n’a donc pas été servie. Beaucoup de collines restent ainsi sans eau potable. Et la population continue à consommer l’eau des rivières.

Pour d’autres adductions, la Régie communale a essayé de rendre l’eau disponible sur certaines collines. C’est le cas de Munyika I, Munyika II, Mparambo I et II. Et ce, avec le financement de la commune et des bénéficiaires.

On a acheté des tuyaux et des réservoirs en plastique pour que la population ait de l’eau.

Mais, d’après les témoignages de la population, le problème reste posé

Ils ont raison. La quantité est toujours insuffisante parce que le débit reste faible. Nous demandons qu’il y ait des partenaires pour nous aider à avoir d’autres sources d’eau.

Quelles sont les conséquences de ce manque d’eau potable ?

Elles sont néfastes. Sur les collines comme Rukana II, on trouve souvent des cas de choléra. Idem pour les autres collines non encore alimentées en eau potable. La population a recours à l’eau impropre comme celle des réseaux, des canalisations d’irrigation, des caniveaux.

Normalement l’eau est distribuée par la Régideso. Pourquoi la présence de Régie communale de l’eau ?

La commune Rugombo est subdivisée en deux zones : une zone urbaine et une autre rurale. La première comprend les villes de Cibitoke et Rugombo. Et la zone rurale rassemble les collines Rukana I et II, Gabiro-Ruvyagira, Gicaca, Musenyi, Rusororo, Ruvumera, Kagazi, Rugeregere, Kiramira. C’est là que la régie communale travaille.

C’est lorsqu’il y a eu la première épidémie de choléra que la Régie communale de l’eau a eu l’autorisation de s’occuper aussi de la zone urbaine de Rugombo en renfort. Et cela a beaucoup contribué dans la lutte contre cette épidémie parce que la population a pu avoir de l’eau potable. L’eau fournie par la Régideso ne suffisait pas.

Mais, on entend souvent parler des partenaires dans ce secteur eau. Sont-ils présents à Rugombo ? Quelle est leur contribution ?

Les partenaires n’honorent pas souvent leurs promesses. Ils viennent ici en grand nombre, on leur fait visiter le terrain, on leur montre nos besoins en la matière mais ils ne reviennent plus mettre en application leurs projets.

Pourquoi, selon vous ?

A Rugombo, le grand problème est la rareté des sources d’eau. Elles se trouvent surtout dans d’autres communes comme Murwi et Mugina. Ce qui exige de longues distances pour alimenter Rugombo. Je pense que ces partenaires sont découragés par cette situation qui requiert des fonds importants pour faire l’adduction.

Quelles sont aujourd’hui les actions en cours ?

Pour partager le peu d’eau potable à notre disposition, au niveau de la Régie communale, nous avons pu faire des extensions car nous avions remarqué qu’il y a un sérieux problème d’eau potable sur ces collines. On s’est organisé avec la contribution de la commune et des bénéficiaires. Nous avons acheté des tuyaux, des étangs en plastique pour que la population ait de l’eau.

Entre autres défis rencontrés, nous avons utilisé des tuyaux de petites dimensions. Ils ne peuvent pas fournir une quantité suffisante. Et les robinets ne sont pas protégés. Par conséquent, ils peuvent être abîmés ou volés pendant la nuit. A ce niveau, nous sollicitons, par exemple, la construction de murs de protection de ce matériel.

Pourquoi l’alimentation n’est pas permanente et pour tout le monde ?

On fait le délestage parce que la quantité n’est pas suffisante. On établit un calendrier de fourniture d’eau. Certaines collines sont servies dans l’avant-midi, d’autres l’après-midi. Ou on peut faire un délestage journalier.

Comme actions en cours, certaines collines proches de la rivière Ruhwa vont aussi bientôt être servies en eau potable. Des tuyaux sont disponibles et la source d’alimentation se trouve à Buye en commune Mugina. Cela sera dans le cadre de la phase II qui est en train d’être exécutée par AHAMR.

Et quelle est la situation sur les écoles ?

Là où passent les tuyaux de la Régie communale, toutes les écoles sont servies. Nous leur demandons seulement d’en faire un bon usage. Même le bureau communal a été servi parce qu’il avait aussi ce problème de manque d’eau. Les seules écoles non encore servies sont celles qui sont éloignées de nos tuyaux. Et cette eau est gratuite.

Comment appréciez-vous le travail de ces jeunes de l’association Water For Development ?

Nous les remercions beaucoup. Nous manquions de chlore pour désinfecter l’eau. Aujourd’hui, tous les trois mois, ils nous donnent gratuitement du chlore pour désinfecter les sources d’eau à notre disposition et l’eau déjà puisée.

A Cibitoke, il y a d’habitude un problème de faibles précipitations. Mais, actuellement, il pleut beaucoup. Comment comptez-vous valoriser les eaux pluviales ?

Nous avons eu des partenaires comme la Croix-Rouge qui a distribué des bradeurs aux écoles. Ils servaient à collecter et conserver l’eau de pluie. Et cette quantité est utilisée pour le lavage, la propreté, etc. Malheureusement, nous constatons que ce matériel ne fonctionne plus par manque de suivi.

Que faire, selon vous, pour avoir de l’eau potable en suffisance ?

Dans une réunion avec les partenaires, on avait proposé un réseau intercommunal pour servir Mugina, Buganda et Rugombo avec une source commune à Nyamashoro. Cette dernière a un débit de 37 litres/seconde. Une fois aménagé, ce serait une solution sur cette question de manque d’eau potable à Buganda et Rugombo.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Buryo

    Je ne suis pas natif de CIBITOKE mais je visite des fois la province. Je déplore le manque d’eau dans cette province alors que la Kibira regorge beaucoup d’eau facile à canaliser vers la plaine. Que l’Administration pense à sa population!

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