Mardi 05 novembre 2024

Économie

Interview exclusive avec Léonard Sentore, commissaire général de l’OBR : « Surpasser Domitien Ndihokubwayo en performances »

Le nouveau commissaire général de l’OBR promet d’égaler ou même de dépasser son prédécesseur en performances. Interview avec Iwacu.

Peut-on savoir vos atouts pour pouvoir prétendre égaler ou dépasser les performances de votre prédécesseur ?

Leonard Sentore Commissaire générale de l'OBRLes atouts à exploiter sont là. Il faudra avant tout la rigueur. Et puis, le recouvrement des montants qui sont dus par certains opérateurs économiques.

Nous sommes en train de faire un travail avec le ministère de tutelle sur l’identification de tous les opérateurs économiques qui doivent de l’argent au trésor public pour que nous puissions mettre sur place des mesures de recouvrement. Il y a une commission qui est mise en place pour identifier tous ces cas. Dès qu’il aura sorti son rapport, il sera soumis à toutes les institutions impliquées pour arrêter un calendrier et des mesures qui s’imposent pour procéder à ce recouvrement.

Nous n’avons pas de choix.

Si nous parvenons à recouvrer les montants dus au Trésor public, sûrement que le niveau des recettes sera supérieur au niveau actuel.

Quel est votre second atout ?

Nous comptons élargir l’assiette fiscale. Nous allons aussi sensibiliser les opérateurs économiques qui sont dans le secteur informel d’être dans le secteur formel. C’est un travail que nous allons faire à Bujumbura, à l’intérieur du pays pour immatriculer les opérateurs économiques. Ainsi nous aurons élargi notre assiette fiscale. Cela augmentera aussi le volume des recettes.

Quels sont vos tremplins pour arriver à ces fins ?

A l’interne, nous comptons d’abord sur le personnel de l’institution. C’est le premier capital qui est à ma disposition. C’est un personnel bien formé, compétent, et motivé. Nous allons continuer à le motiver pour qu’il continue à donner le meilleur de lui-même. Nous allons promouvoir les meilleures pratiques. Il y a les pratiques qui sont là et qui sont bonnes mais nous devons continuer à les améliorer. Nous allons notamment développer l’esprit d’honnêteté, d’intégrité. Nous continuerons à sensibiliser le personnel sur la lutte contre la fraude sous toutes ses formes. Si les opérateurs économiques peuvent se livrer à la fraude, c’est que certainement à l’interne, ils jouissent d’une certaine complicité.

Et à l’externe ?

Nous continuerons à sensibiliser d’autres opérateurs économiques pour améliorer le niveau du civisme fiscal. Sensibiliser les opérateurs économiques ou les opérateurs économiques potentiels que s’acquitter de l’impôt est une obligation sinon un devoir civique.

Quelles sont les autres priorités ?

Elles sont inscrites dans le plan d’affaires 2013-2017. Je viens d’hériter d’une maison bien organisée, qui a un cadre légal et des règlements bien mis en place avec un plan d’affaire pluriannuel. De ce plan d’affaire, il a été extrait un plan d’action qui était en train d’être mis en œuvre.

Dans un premier temps, continuer à mettre en œuvre le plan d’action2016. Et au fur et à mesure que nous allons mettre en œuvre ce plan d’action, nous allons prendre des mesures correctrices pour voir comment amplifier les activités qui sont prévues dans ce plan d’action.

Vous arrivez à l’OBR au moment où les bailleurs ont suspendu leur appui. Que comptez-vous faire pour les décider à revenir ?

C’est une question qui est prise en charge par le gouvernement. Elle n’est pas prise en charge particulièrement par l’OBR. Mais bien évidemment, nous restons en contact permanent avec les bailleurs qui étaient présents ici. Et il y a au gouvernement des activités qui sont en train de se faire pour relancer la coopération avec les bailleurs qui étaient présents dans le pays. Nous avons confiance au gouvernement. Sûrement que les bailleurs traditionnels vont revenir.

Mais entre-temps, la suspension des appuis des bailleurs handicape certains projets notamment la construction d’un bâtiment propre à l’OBR, la construction des sept postes frontaliers, etc.

La suspension provisoire ne nous décourage pas pour autant. Nous sommes en train de nous organiser, de voir les ressources que nous pouvons mobiliser en interne. Même avec la suspension provisoire des bailleurs, cela ne veut pas dire que les travaux se sont arrêtés au niveau de l’OBR. Nous continuons à travailler avec les moyens dont nous disposons et nous avons les moyens suffisants pour mener à bien notre mission. Bien évidemment, nous demandons que ces bailleurs reviennent pour pouvoir faire plus. Ils vont nous rattraper là où nous serons.

Léonard Sentore : « Technocrate »

Alors administrateur du groupe Afrique de la BAD, Léonard Sentore(2ème à droite) est reçu par le ministre camerounais des Travaux Publics le 24 novembre 2015 à Yaoundé.
Alors administrateur du groupe Afrique de la BAD, Léonard Sentore(2ème à droite) est reçu par le ministre camerounais des Travaux Publics le 24 novembre 2015 à Yaoundé.

Quarante et un ans, le troisième commissaire général de l’OBR était jusqu’à sa nomination, le 9 juin, administrateur à la Banque Africaine de Développement (BAD). Il représentait le Burundi, le Cameroun, le Congo, la République Centrafricaine et la RD Congo. De 2011 à 2013, il était Conseiller Principal du deuxième vice-président de la République. De 2006 à 2011, M. Sentore était deuxième vice-gouverneur de la Banque de la République du Burundi (BRB) tout en étant membre de la Société Immobilière Publique (SIP). Il a été cadre à la banque de Crédit de Bujumbura (BCB). Pendant une année, il a travaillé à la Solidarité pour la Promotion de l’Assistance et du Développement (SOPRAD). En 2004, nanti de sa licence en sciences économique et administratives de l’Université du Burundi, M. Sentore débute sa vie professionnelle comme enseignant au Lycée de Nyabitare, dans sa commune natale de Gisuru (province Ruyigi, est du pays, frontière avec la Tanzanie, 216 km de Bujumbura).

Ce père de quatre enfants et chrétien catholique dit pratiquer la musculation, la natation et le jogging, quand il est libre des activités professionnelles.

Au sujet de son appartenance politique, il répond : « Je suis un technocrate. Ça fait trois ans que je ne fais pas la politique parce la Banque Africaine de Développement où j’étais est une institution apolitique. Sinon avant, j’étais membre du parti Cndd-Fdd. Et bientôt, si les règles de la maison me le permettent, pourquoi ne pas être actif comme je l’étais avant ? »

Forum des lecteurs d'Iwacu

19 réactions
  1. Björno

    Dabord la paix Puis le developpement economique. Sans une situation politique stabile avec des dirigeants qui ont des embitions , et des plans pour faire des transformations dans tout les secteurs ca serait une illusion de parler de parler d’accroitre les recettes dans les caisses de l’etat .  » nugusiga inkore kumaso abantu »

  2. Mweze Kasongo

    Il rêve le Monsieur mais je me pose une question en ce qui concerne le Recouvrement: est-ce que ce parti malhonnête cndd- Fdd ne va l’utiliser pour des raisons poliques ou dans d’autres mots pour punir les opposants? en saisissant leurs biens soi-disant » Recouvrement « ?. Il rêve parce qu’on dirait qu’il n’est pas conscient que le troisième mandant de Nkurunziza est la source d’une crise qui ne va pas s’améliorer mais s’aggraver.Un homme sérieux ne pouvez pas accepter ce poste en ce moment à cause de cette crise qui faira que sa mission sera presque impossible et un économiste sérieux ne peut jamais accepter en ce moment une mission qui est vouer d’avance en échec. En tout cas ca ne va pas améliorer son CV.

    • Niho

      Et bientôt, si les règles de la maison me le permettent, pourquoi ne pas être actif comme je l’étais avant ?

  3. Taxe

    Je suis dans le secteur du transport, j’aimerais payer la taxe mais tant que le peu qu’on perçoit est raflée par les policiers tout au long de la route, je ne conçois pas payer une deuxième taxe. La taxe on la donne à vos hommes en uniforme, demandez-leur de remettre tous ces millions dans la caisse de l’Etat. Les DD, vous êtes tout sauf rationnels. C’est votre système de corruption en tout et à tout coin de la rue qui tue l’économie nationale.

  4. komera

    Bien dit Rugamba Rutaganzwa, les Burundais ne sont plus imprésionnés par ces gens placés à la tête des institutions sur base du parti DD, un parti qui nous enferme dans le désordre, la pauvreté et la criminalité !! Il a bien dit en terminant qu´il compte être de nouveau très actif dans le parti, ce qui est par ailleurs son droit, mais l´elargissement de l´assiette fiscale est une illusion pure et simple dans une économie la plus médiocre du monde !! Iyambarire amakoti n´ama cravates basha, malheureusement il fait très chaud à Bujumbura mbona ari torture !!

  5. RUGAMBA RUTAGANZWA

    Bien venu dans le marigot, Mr. le Commissaire. Je pense qu’on collecte les taxes quand l’économie marche, quand on a des investisseurs tant nationaux qu’étrangers. À ce que je sache, les deux ont complètement déserté le Burundi pour des raisons différentes et variées au premier rang desquels l’insécurité grandissante des personnes mais aussi des biens, le non-respect de la propriété privée, le non-respect des droits de la personne humaine, la corruption érigée en système de gouvernance depuis des années déjà et la liste des maux qu’endurent les Burundais n’est malheureusement pas exhaustive.
    Enfin, je voudrais vous rappeler que le Burundi est le pays le plus pauvre du monde mais aussi le plus affamé. Alors, cher Monsieur, n’essayez pas de nous rouler dans la farine mais mangez seulement, comme vous l’avez toujours fait d’ailleurs car je ne trouve pas normal qu’après 2 ans qu’on ait eu sa Licence, on est propulsé/bombardé Vice-Gouverneur de la BRB.
    Quant au poste que vous occupiez a la BAD, je vous rappelle que contrairement au Système des NU où on est recruté à titre personnel, après compétition, selon ses compétences, vous, vous avez été nommé par le Gouvernement burundais sans compétition aucune. Donc aucun mérite mais une nomination politique encore une fois comme à la BRB. Je ne suis pas impressionné par votre CV et expériences professionnelles passées mais bon courage quand même.

  6. aime

    mutama bwira abo bahungu bijukire ivyashara bahejeje kwiga ama university nkuko babigenza muri kenya ,nigeria ,rwanda.
    abo barundi bata umwanya baraba nkurunziza avuyeyo bagatera induru bakanka uwundi …………………….NIBINEBWE ABARUNDI
    sinzi ico bashaka.

  7. jules nimubona

    On n’avance pas au Burundi. On recule. Tant que la carte du Parti sera la seule a prendre en compte pour des nominations a des postes aussi strategiques, on continuera la descente aux enfers. La carte BAD que brandit le nouveau commissaire ne veut pas dire beaucoup de choses, on sait bien comment ca se passe. Les postes d’administrateurs dans ces institutions bancaires internationales sont accordes aux pays et non aux individus. Il revient donc aux gouvernements de « designer » leurs representants. On sait comment ces gouvernements les choisissent. Rien que des membres des partis au pouvoir. Je suis sur que ce monsieur cotisait pour le CNDDFDD. Mais qu’a cela ne tienne. On verra bien comment ce monsieur reformera l’OBR. Tant que le systeme politique national est aussi gangrené, reformer l’OBR releve de l’impossible.

  8. NKURIKIYE

    Les Burundais vous jugerons aussi à travers les recrutements et la gestion du personnel.

  9. Kiradodora

    Uyo muDD wo muGisuru ngo agira yagure isahani fiscale arahumba!! Le désordre; la corruption etc ni ikibazo kimurengeye reka kumugora !!

  10. Bundes

    Ca s’ est passé vite pour ce Monsieur, il quitte l’ université en 2004 et en 2006 il est Vice-Gouverneur de la BRB et ainsi de suite !!! Intrigue !! Mais tout est possible chez les DD.! Bonne chance muduteze imbere gusa!!

    • Bakari

      @Bundes
      « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années »

      Ceci reste valable aussi pour les DDs, n’est ce pas?

  11. Ndumiwe Jeannette

    Le problème au Burundi, c’est la fraude à l’import-export (le non paiement des droits de douande, TVA etc….), l’évasion fiscale, la corruption, bref tous les comportements frauduleux auxquels s’adonnent les commerçants qui collaborent avec le cercle influent qui gravite autour de Nkurunziza, et donc qui se croient intouchables. Ces gens là sont de véritables criminels économiques et c’est vraiment dommage que Nkurunziza n’ait aucun sursaut patriotique pour qu’il lâche tous ces fraudeurs!!!! Au lieu de payer les impôts au trésor public, ces commerçants corrompus préfèrent cotiser des centaines de millions au parti CNDD-FDD, « acheter » les consciences de tous ces généraux influents, certains sont même associés à Nkurunziza, bref, c’est toute la problématique de la corruption à laquelle il faut s’attaquer dans toute son entiéreté.
    Souvenez-vous chers compatriotes des fameux camions d’un certain KAZOHERA Vénérand qui avaient été saisis par la cour anti-corruption il y a 2 ans je crois (je peux me tromper de l’année!), camions remplis de marchandises non dédounées, il a fallu un simple coup de fil venant « d’en haut » pour que ces camions soit remis à KAZOHERA sans qu’il n’ait payé quoi que ce soit!!!! Le trésor public s’est retrouvé impuissant face à ce coup de fil que certains disent qu’il venait de Nkurunziza lui-même. Aujourd’hui, l’arrogance de ce commerçant est à son comble, parce qu’il sait qu’il est intouchable.
    Il y a beaucoup d’autres commerçants qui sont dans le même cas, qui ne payent presque rien aux impôts alors qu’ils sont milliardaires!
    Les grandes villas, les buildings que les propriétaires grands ténors du CNDD-FDD donnent en location, sont-ils vraiment taxés à l’impôt locatif? J’en doute. Qui va oser demander à Ndakugarika, Bunyoni, Siyoni, Kazohera, Steve, Nyabenda, Nyamitwe, Révérien Ndikuriyo, Nkurunziza lui-même etc…. de payer ses impôts?
    Non, on va plutôt s’acharner sur les pauvres vendeuses de fruits et légumes, taxi vélos et motos, transporteurs de biens et de personnes, petits détaillants vendeurs de denrées alimentaires tant dans les grandes villes qu’à la campagne, etc………, triste ce qui se passe dans notre pays!!!

  12. kindros

    Nivyiza kumva ko yatanguriye muri Conapes Gisuru hanyuma agatera imbere, ntihagire umurundi rero yihebura chacun aura son tour!

  13. Karabona

    « J’ai fait mettre dans le journal qu’on paierait deux fois tous les impôts et trois fois ceux qui pourront être désignés ultérieurement » (extrait de « Ubu roi », un ouvrage de 1888 à lire et à relire).

  14. Kabingo Dora

    Ca sent une interview préparée par écrit à l’avance , c’est trop télephoné pour moi

  15. Ayuhu Jean Pierre

    Cher commissaire général,
    Voici quelques pistes de réflexion à soumettre au législateur et/ou à toute autorité compétente en matière fiscale et taxe.
    1. faire tout pour sortir notre pays du système d’économie formelle. Pensez à l’akajagari dans les transports publics ( bus, taxi, moto, vélo ..) qui à mon avis ne s’acquitte pratiquement pas d’impôt et/ou taxe..car le système est bordélique….
    2. mettre de l’ordre dans le système de location ( maison, voiture et autre…).
    3. combattre le système de rançon sur les routes par tout en tas d’agents ( policiers dit policiers de roulage, imbonerakure qui perçoivent des taxes soi-disant pour le compte de la mairie et d’autres collectivités etc….),

    • Bakari

      @Ayuhu Jean Pierre
      « faire tout pour sortir notre pays du système d’économie formelle. »

      Bien vu! Sortir de cette économie de la formalité!

      Mais pour moi la stabilisation politique est incontournable; dur dur de faire croitre une économie (permettant de collecter plus d’impôts et de taxes) lorsqu’on se demande ce qu’on va devenir demain!

      • Ayuhu Jean Pierre

        Bakari.., le français m’a trahi..je voulais dire économies informelles et non formelles.

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