Le politologue et expert en sécurité estime que les différentes armées engagées en RDC constituent un outil de pression symbolique au service du politique.
Dans son discours tenu à l’occasion du lancement de la 3e session des consultations politiques du processus de Nairobi pour la paix et la sécurité de la RDC, le président Evariste Ndayishimiye a fait entendre aux autorités congolaises que s’ils échouent à partager équitablement « le gâteau », celui qui les aiderait à le faire aura aussi l’intention d’en prendre une portion. Votre commentaire ?
Mon commentaire est simple. C’est un secret de Polichinelle, mais toute vérité n’est pas bonne à dire. Vaut mieux le savoir. Je pense que le président en exercice de l’EAC a pointé du doigt l’angle mort de ces processus de négociations d’arrêt des hostilités et de retour à la paix en RDC de manière globale et à l’Est en particulier. Ces vingt dernières années, la RDC a bénéficié de la plus grande force de maintien de la paix des Nations Unies, des interventions militaires multiformes des pays voisins dont le Rwanda et l’Ouganda.
Mais en fait, qu’est-ce qu’on voit au finish ? La multiplication des groupes armés, l’insécurité sans cesse grandissante, des violences de tout genre. Bref, les Congolais se disent toujours comme dans l’ouvrage de Béatrice Pouligny, « Ils nous avaient promis la paix ». Le fait que le président en exercice de l’EAC semble s’en prendre à la RDC me semble une critique sérieuse de ce nouveau mercenariat de la paix.
Son statut de président en exercice de l’EAC n’oblige-t-il pas le président Ndayishimiye à un discours moins clivant ?
Parfaitement, il a failli à une obligation de ne pas tenir des propos susceptibles de heurter une partie des protagonistes. Le moment n’était pas opportun si l’on se situe d’une part dans sa position de médiateur, et surtout de président d’un pays contributeur de troupes dans le cadre de la force sous régionale, et vis-à-vis d’un pays appartenant à la communauté. C’est un écart de langage qui est de nature à doucher les différentes initiatives.
Quand on voit le déploiement actuel des forces militaires de pays de l’EAC, ce qu’a dit le président burundais n’est-il pas une prophétie auto-réalisatrice ?
Oui en effet, c’est comme s’il y a un partage des zones d’influence avec l’Ouganda au Nord Est, le Kenya dans la ville de Goma, le Burundi au Sud-Kivu, et bien évidemment le Rwanda avec son soutien présumé aux rebelles du M23. Ce qu’ils en font, c’est bien évidemment une affaire à suivre tellement ce « scramble for Congo DR » me semble hallucinant à bien des égards. La question qui reste pendante est celle de savoir qui de l’Etat congolais ou de l’armée congolaise va pouvoir coordonner toutes ces forces et les fixer sur l’objectif principal de ramener la paix à l’Est du pays comme le montre la matrice de la force sous régionale.
Êtes-vous d’avis que le président Yoweri Museveni qui estimait en septembre 2021 que les interventions militaires étrangères déstabilisent la situation du pays hôte ?
Je ne peux pas le dire dans les termes du président Museveni. Il reste unique dans ses propos un petit brin provocateurs, mais il n’est pas loin de la vérité. Il suffit d’analyser les grandes interventions de maintien de la paix des vingt dernières années. Il y a lieu de dire que le retour à la paix reste chimérique. Voyons avec des pays comme la Somalie, Palestine-Israël, la RDC, la Centrafrique, le Mali ou le Sahel de manière globale, etc. Les recherches menées sur ces opérations de maintien de la paix montrent plutôt qu’elles s’écartent des véritables enjeux de retour à la paix et à la stabilité. Parfois elles ne sont pas loin de générer de nouvelles situations conflictuelles voire créer des situations anétatiques (sociétés sans Etats). L’Etat existe mais il reste récupéré par différents acteurs qui tirent leur épingle du jeu. Ici les rébellions, là les politiques, là encore les ONG, etc. L’équation se complexifie, et l’Etat reste de nom. Bref, Museveni et Ndayishimiye interpellent sur le rôle central que doit jouer l’Etat, et en l’occurrence l’Etat congolais si l’on reste dans cette dynamique de force sous régionale.
Toutefois, Kampala s’apprête à envoyer 1000 hommes dans le cadre de la force militaire régionale de l’EAC, ce qui représente le plus gros contingent au sein de cette force. N’y a-t-il pas une incohérence tenant compte de ces propos tenus il y a plus d’un an?
Nous sommes ici dans un calcul réaliste de coûts et avantages. Les opérations multinationales de maintien de la paix ou de stabilisation sont devenues depuis la fin de la guerre froide des vitrines des relations internationales. Elles permettent surtout aux dictatures de montrer, parfois de narguer le monde entier : « Euh soyons réalistes, nous ramenons la paix dans tel pays, faut pas regarder dans notre assiette interne ». Au-delà il faut y voir aussi des enjeux de puissance en perspective dans la sous-région.
Pourquoi l’Ouganda laisserait-il passer une occasion pareille de « structurer »/ « déstructurer » cette scène de paix régionale ? Le deuxième aspect, l’on donne du travail aux soldats. Nos soldats de la région sont soumis généralement à des menaces internes plus qu’externes. Je peux dire qu’ils n’ont pas assez à faire et rares sont ceux qui ont un planning du lendemain, du mois ou de l’année à venir. Les projeter sur des terrains est une aubaine pour eux et pour les Etats contributeurs.
Que peut-on espérer des pourparlers pour la paix en RDC avec l’absence marquante du M23 ?
C’est à ce niveau que je trouve intéressant d’analyser le cas congolais. C’est un cas d’étude à bien des égards. On parle de pourparlers de paix (Luanda, Nairobi, et d’autres capitales) mais on ne voit pas les protagonistes. Certes, le gouvernement congolais est présent avec toute la symbolique y associée, mais ce n’est pas avec le Kenya, le Burundi, la Tanzanie, l’Ouganda, … dont il est question. Pas plus d’ailleurs le Rwanda qui a toujours nié son implication et son soutien au M23. Donc, tous ces processus ont bon pondre des résolutions ou des accords, si le M23 n’est pas invité à la table des négociations cela restera du bluff, du chantage.
Trouvez-vous réalistes les conditions posées par Kinshasa qui exige que le M23 se retire des positions acquises pour entamer un dialogue ?
Pas du tout. Il s’agit d’une expression de sentiments nobles, de ce qui devrait être. Mais je pense que sans la force, le M23 continuera à faire prévaloir ses revendications vis-à-vis de l’Etat Congolais. Et la force nécessaire je ne la vois pas dans cette force régionale est-africaine ni dans la Monusco. La vraie force, il faut la rechercher dans le dialogue sincère entre la RDC et le M23. Ce qui n’est pas à l’agenda des acteurs impliqués et concernés.
Si le M23 poursuit son offensive, n’allons-nous pas tout droit vers un affrontement entre ce groupe rebelle et la force militaire régionale de l’EAC ?
C’est probable. Mais il faut savoir que ces armées ne sont pas si engagées à mener une guerre. Elles constituent à mon avis un outil de pression symbolique au service du politique. Ce qui revient à la case départ. Si le conflit est fondamentalement politique, entendu ici la survie de la communauté rwandophone tutsi vivant au Congo et assimilés, il s’impose des outils politiques aussi. Ce n’est pas une première avec le M23, il suffit de remonter le temps sans passions.
A l’occasion d’une rencontre avec une délégation de jeunes congolais, le président Congolais a appelé ses concitoyens « à ne pas regarder les Rwandais comme des ennemis mais comme des frères qui ont besoin de notre solidarité pour nous débarrasser et débarrasser l’Afrique de ce genre de dirigeants rétrogrades ». Avec une telle escalade verbale, les pourparlers pour la paix en RDC ont-ils une chance d’aboutir ?
C’est une escalade qui pourrait ramener les pourparlers à la case départ. Le président Congolais réinvente les pièces du puzzle. Ce qui m’inquiète ce n’est pas la stratégie mais le stratège. Son message va dans tous les sens surtout quand il se porte garant de la sécurité des Rwandais. Au fond, il attise le feu et remet aux calendes congolaises les initiatives en cours.
Propos recueillis par Alphonse Yikeze
Re-bonjour à tout le monde,
Le discours de S.E. Evariste Ndayishimiye et l’analyse du Pr Gérard Birantamije m’intéressent énormément. Vous savez, les frontières ont été dans le meilleur des cas très dynamiques. Avant le tracé fixe des frontières artificielles coloniales, le Bushi, le Bugufi et une partie du Rwanda ont à un certain moment fait partie du Burundi. Les monts Mitumba (juste par leurs noms et en face de Bujumbura) devraient vous inspirer. S’il y a des Banyamulenge rwandophones en RDC, ce n’est pas un hasard. Comment les Rwandais anglophones venus de l’Ouganda sont-ils venus renverser le régime de Habyalimana? Ceci veut dire qu’à un certain moment une partie de l’Ouganda faisait peut-être partie du royaume du Rwanda. C’est toujours plein de Rwandophons en Ouganda.
Mon problème principal est celui-ci:
1. Vous connaissez la taille du Burundi, du Rwanda et de l’Ouganda. Le Congo est presque vide. Vous connaissez la densité de la population dans ces 3 pays.
2. Si le Congo décide de ne pas reconnaître la citoyenneté congolaise des Burundophones, Rwandophones, « Ougandophones », Swahilophones etc… et de les renvoyer vers ces 3 pays déjà surpeuplés. Qu’est-ce qui se passe?
3. Soit le Congo reconnaît ces populations comme faisant partie de la mosaïque congolaise soit il abandonne tout territoire qu’elles occupent sinon le M23 fera toujours partie des moyens de pression pour trouver une solution politique.
S.E. Ndayishimiye et le Professeur politologue Barantamije n’ont pas tort. Veuillez remarquer que je n’ai même pas parlé de ressources minières. Malheureusement chaque guerre fait des morts, des mutilés, des violées et des orphelins.
Un Etat fédéral africain, une monnaie unique et la suppression des frontières surtout économiques et même politiques entre pays africains reste la seule solution. Les présidents peuvent prendre des titres de gouverneurs d’États comme aux USA, rester avec leur sécurité et privilèges d’hommes d’État.
Que le Dieu et les esprits de nos ancêtres vous protègent.
Re-bonjour à tout le monde,
Le discours de S.E. Evariste Ndayishimiye et l’analyse du Pr Gérard Birantamije m’intéressent énormément. Vous savez, les frontières ont été dans le meilleur des cas très dynamiques. Avant le tracé fixe des frontières artificielles coloniales, le Bushi, le Bugufi et une partie du Rwanda ont à un certain moment fait partie du Burundi. Les monts Mitumba (juste par leurs noms et en face de Bujumbura) devraient vous inspirer. S’il y a des Banyamulenge rwandophones en RDC, ce n’est pas un hasard. Comment les Rwandais anglophones venus de l’Ouganda sont-ils venus renverser le régime de Habyalimana? Ceci veut dire qu’à un certain moment une partie de l’Ouganda faisait peut-être partie du royaume du Rwanda. C’est toujours plein de Rwandophone en Ouganda.
Mon problème principal est celui-ci:
1. Vous connaissez la taille du Burundi, du Rwanda et de l’Ouganda. Le Congo est presque vide. Vous connaissez la densité de la population dans ces 3 pays.
2. Le Congo décide de ne pas reconnaître la citoyenneté congolaise des Burundophones, Rwandophones, « Ougandophones », Swahilophones etc… et décide de les renvoyer vers ces 3 pays surpeuplés. Personne n’est sorti du sein de sa mère portant le globe terrestre sur sa tête.
3. Le M23 fait partie des solutions plausibles. S.E. Ndayishimiye et le Professeur politologue n’ont pas tort. Veuillez remarquer que je n’ai même pas parlé de ressources minières. Un Etat fédéral africain, une monnaie unique et la suppression des frontières surtout économiques et même politiques entre pays africains reste la seule solution.
Que le Dieu et les esprits de nos ancêtres vous protège.
Bonne analyse.L’exclusion des tutsi congolais par le pouvoir et les populations kivutiennes debouchera sur une balkanisation de RD Congo.Les tutsi sont decapités en plein jour et d’autres brûlés sans la moindre poursuite des criminels
»S’ils(Les autorités congolaises) échouent à partager équitablement « le gâteau », celui qui les aiderait à le faire aura aussi l’intention d’en prendre une portion. Je ne sais pas si le président burundais est dans la prophétie autoréalisatrice mais dans un pays ou un député à l’assemblée nationale congolaise reçoit une indémnité mensuelle de 21.000$US, le propos ne manque pas d’intérêt.
le congo,grand pays,plein des magouilles,misère,corruption etc…. irréparable
Je suis de votre avis Gacece. Mais à moitié
Le problème de fonds, la racine est la gestion, le hold up qu’ont fait les différents présidents à commencer par l’infâme Mobutu.
Le pays n est un pays.
Le M3 est une des conséquences comme les autres 200 groupes rebelles. BASTA.
Vous rendez vous compte?
3 minuscule pays: Uganda, Rwanda et Burundi entrent dans l’imense Congo comme un couteau dans du beurre.
@Ririkumutima
Votre raisonnement est tordu. Si le M23 était là pour revendiquer des injustices commises par les régimes précédents, la population du Kivu et, à un certain point, la population congolaise seraient de leur côté et il n’y aurait pas ces atrocités dont on entend parler.
Comme je l’ai écrit auparavant, arrêtez de soutenir l’insoutenable.
Il se peut que les congolais ne comprennent pas le bien fondé de la revendication de M23. Pour ce, ils ne peuvent en aucun cas les soutenir. Mais comme le Prof @GérardBirantamije le dit, la solution est à rechercher dans le dialogue sincère.
Gacece,
Vous m’avez pas compris.
Je suis burundais, tous les zairois de n’importe quelle tribu sont mes frères. Tous. Si les puissances qui ont dépécé l’Afrique, l avaient dépécé autrement, peut être serions nous dans un même pays avec une partie du Congo, Rwanda, Uganda et Tanzanie.
Je ne peux donc soutenir le versement de sang qui coule au Zaïre.
Mais la racine de ce désastre, c’est l’accumulation d’une gestion catastrophique depuis Mobutu. Le vol organisé d’une richesse inouie par quelque rapaces.
Le M23 n’est pas le seul groupe rebelle à l’Est.
C’est juste l’une des consequences du désastre.
Si on bannissait la corruption, si on instaurait un Etat de droit, si on bannissait la kleptocratie, M23 et la centaine de groupe n’existeraient plus.
Mon intimate conviction
Lisez bien mon commentaire. Je ne soutiens en aucune maniere le M23
@Ntakirutimana Pascal
Tant qu’à faire des dialogues, autant aller directement aux modalités du partage des richesses du sous-sol des 2 Kivu. Tant qu’on n’aura pas abordé ouvertement cet objet de toutes les convoitises… avec tout le monde!… les problèmes subsisteront. OU…
Ceci est une prédiction : Les plus forts s’imposeront et chasseront les moins forts… Aux armes, citoyens!
Pourquoi ne pas se dire la vérité? « Minerais du sous-sol Kivu = objet de convoitises! »
Les ethnies et toutes autres formes d’accusations réciproques ne sont que des prétextes!
Arrêtez de justifier l’injustifiable!… Et là je n’ai même pas envie d’être poli!
Votre vision trop simpliste n Avance en rien ce dossier , la RDC a un problème de governance qui déborde chez les voisins en particulier le Rwanda avec les FDRL , c est l’origine du problème et si on ne s attaque pas à la Racine , IL va perdurer. C est votre droit de l’ignorer mais Les Congolais vont continuer à le payer Cher s ils continuent à adopter cette chimère comme quoi ils seraient riches et que Les voisins viennent voler leurs « richesses ». Je Penses que le business est plus lucratif en temps de paix. Enfin pourquoi Les Congolais ne demandent pas tout simplement aux groupes armés étrangers de plier baggage après on verra quel pretexte les voisins vont invoquer pour la poursuite d’incursions. Les Congolais doivent commencer à prendre en charge la défense de leur territoire et arrêter de pleutnicher.
@Claypton
Il semble que tu prends les gens pour des ignares; les congolais ne détestent pas la bonne gouvernance, il y a une main invisible qui les en empêche. Tu veux nous dire que Lumumba s’est suicidé? Que Laurent-Désiré Kabila s’est suicidé? Que Félix avait gagné les élections? Sinon ceux de la région qui parviennent à profiter de ce désordre ne sont que des marionnettes de ceux qui ont le vrai pouvoir. Ils vont être utilisés comme une éponge que l’on jette après son utilisation.
Très Bien Yan , donc pour vous Lumumba assassiné en 1961 , Mobutu sese seko avec son armée certes avec l’ aide de la CIA , Laurent Désiré Kabila assassiné que Les Congolais n avaient pas élu CECI dit en passant , Félix pas élu ( on se demande pourquoi Les manifestations ne sont pas dirigées contre lui et son armée incapable) éxcuserait l’incurie des élites Congolaises ( Politiciens , intellectuels , Eglises , Sociétés civiles …) …désolé Je n adhère pas à CES théories complotistes de « main invisible » qui empêche les leaders Congolais d assumer leur résonsabilité et d attendre tranquillement que les » petits voisins qui tirent profit » soient jetés comme des éponges… en se remplissant les pouches, Sorry Je ne mange pas de ce pain.
Bonjour cher(è, ?)s Yan & Claypton,
Vous êtes des intervenants sans identités (Burundais ou pas, peu importe le pays africain, homme / femme/ LGBTQ). Vous pouvez être des agents de la CIA ou MI5/MI6. Personne sais pas même qui vous êtes. Je ne cherche jamais à me cacher pas derrière le petit écran pour exprimer mes points de vue. Je les assume. Mon vrai nom est affiché.
SVP, ce conflit n’est pas une affaire qui concerne juste la RDC, le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda et le Kenya. Elle concerne toute l’Afrique dans son ensemble.
J’ai été baptisé « Jean-Baptiste ». Je ne sais même pas ce que cela veut dire. Que veut dire Jean-Baptiste en Kirundi? SVP, expliquez-moi la signification de Yan et de Claypton avant de continuer tout échange utile. C’est là où se trouve le problème, celui de notre identité.
Joyeuses fêtes