Vendredi 22 novembre 2024

Politique

Interview exclusive : « Très peu de partis politiques sont actifs sur terrain »

03/06/2024 Commentaires fermés sur Interview exclusive : « Très peu de partis politiques sont actifs sur terrain »
Interview exclusive : « Très peu de partis politiques sont actifs sur terrain »

Cohabitation entre les partis politiques ; cas de vols sur la RN°1 ; projets de développement déjà réalisés ; victimes des inondations ; réhabilitation de la route dite Astrida. Tels sont, entre autres, les sujets abordés par Gilbert Niyonkuru, administrateur de la commune Isare, en province de Bujumbura.

Nous sommes à la veille des élections de 2025, qu’en est-il de la cohabitation des partis politiques dans cette commune ?

La cohabitation entre les partis politiques est pacifique car la situation sécuritaire est bonne. Mais très peu de partis politiques sont actifs sur le terrain. Nous en connaissons le Cndd-Fdd qui organise régulièrement des réunions.

Il y a aussi le parti Sahwanya Frodebu, l’Uprona et le Cnl. Ce dernier avait connu l’arrêt des activités suite à des conflits internes. Dernièrement, on nous a présenté les dirigeants de ce parti au niveau de la province. Mais, on n’en a pas encore au niveau de la commune.

Nous exhortons les futurs compétiteurs à mener une campagne électorale apaisée et loyale.

D’après vous, pourquoi cette faible visibilité des formations politiques sur le terrain ?

Je ne saurai pas le dire. Mais est-il que certains partis politiques n’ont pas assez de moyens financiers pour réunir régulièrement leurs militants. De par mon expérience, ils vont se réveiller à la veille de la campagne électorale.

Des transporteurs empruntant la RN°1 dénoncent des gens qui montent sur les camions et volent des marchandises surtout au niveau du tronçon situé entre la colline Muberure et la localité dite chez Busigo. En êtes-vous au courant ?

De tels cas de vols nous sont régulièrement rapportés où il y a des gens communément appelés « Abamanuzi » qui volent des marchandises dans les camions. Nous avons arrêté des mesures pour les traquer.

Certains ont été déjà attrapés mais nous demandons aux instances habilitées de les punir conformément à la loi car, des fois, nous avons déploré qu’il y a des voleurs qui ont été vite relâchés au grand étonnement des victimes.

Nous invitons aussi les habitants des environs de cette route de veiller à la sécurité des transporteurs et de leurs biens.

De quoi vit la population de la commune Isare ?

Les habitants de cette commune vivent en grande partie de l’agri-élevage. En plus, c’est une commune où on trouve beaucoup de gens qui exercent divers métiers : des maçons, des charpentiers, des menuisiers, des soudeurs….

Dans ces cinq dernières années, les conditions de vie de la population ont été améliorées.

Comment ?

Il y a eu un projet dénommé « Projet de restauration et de résilience du paysage du Burundi qui a été exécuté dans dix collines sur seize collines que compte la commune d’Isare.

Ce projet a beaucoup contribué dans la protection des berges des rivières qui traversent cette commune, la protection des montagnes surplombant la ville de Bujumbura à travers le traçage des courbes de niveau, la plantation des arbres sur les montagnes et dans les champs.

En plus, il y a eu distribution de 507 vaches et la mise en place des comités des chaînes de valeur. Pour le moment, plus de 50 vaches ont été distribuées dans le cadre de ces chaînes de valeur. Prochainement, il y aura redistribution d’autres 50 vaches. Au cours du mois de juin, nous comptons recevoir encore environ 360 vaches.

Ce projet a énormément aidé non seulement dans la protection de l’environnement mais également dans l’amélioration des conditions de vie de la population.

D’où proviennent les recettes de la commune ?

Elles proviennent essentiellement des taxes et impôts perçues sur les produits d’agriculture et d’élevage. Beaucoup de commerçants en province de la ville Bujumbura et d’autres communes limitrophes s’approvisionnent dans différents marchés de notre commune et paient des taxes.

Nous percevons aussi de l’argent sur les matériaux de construction qui sont extraits dans différentes rivières.

Quels sont les projets de développement déjà réalisés dans cette commune ?

Depuis 2020, pas mal de projets ont été réalisés grâce au Fonds d’investissement communal et aux moyens financiers décaissés par la commune elle-même.

Dans le domaine de l’éducation, je citerai notamment la construction d’une école secondaire moderne à Nyambuye de 9 classes, un bloc administratif, une salle des professeurs, un laboratoire et une bibliothèque, un bloc sanitaire. C’est une école qui est venue à point nommé parce que c’est une localité où il y a une forte concentration d’enfants en âge de scolarité.

Nous avons construit un bloc de trois salles de classe à l’Ecofo Nyakibande sur fonds propres de la commune. Nous avons construit six salles de classe à l’Ecofo Buvumba et six autres à l’Ecofo Nyarukere, six salles de classe, un bloc administratif, une salle des professeurs sur la colline Bibare.

A côté de cela, il y a eu construction d’un bloc de trois salles de classe sur la colline Gishingano et un bloc administratif. Nous avons une école primaire de six salles de classe sur la colline Sagara et quatre salles de classe et un bloc sanitaire sur a colline Buyimba sur financement de la commune.

Sont-elles bien équipées ?

Une maison partiellement détruite lors du glissement de terrain sur la colline Kibuye en commune Isare

Nous avons bénéficié de 500 bancs-pupitres de la part de la Banque commerciale du Burundi (Bancobu) et plus de 150 bancs-pupitres de la part du parti Cndd-Fdd.

Quid du personnel enseignant et des supports pédagogiques ? Sont-ils suffisants ?

Les supports pédagogiques ainsi que le personnel enseignant restent insuffisants au regard du nombre sans cesse croissant des apprenants. Pour pallier ce déficit, nous recourons à des photocopies de certains manuels scolaires.

Pour ce qui est des enseignants, nous essayons d’y remédier en recrutant des bénévoles qui avoisinent actuellement une centaine dans la commune et ils sont payés grâce à des contributions données par les parents d’élèves.

Qu’en est-il du domaine de la santé ?

La commune compte deux hôpitaux dont l’hôpital de district d’Isare et un hôpital dénommé hôpital mère-enfant de Nyambuye. Il y a sept centres de santé publics et d’autres qui sont gérés par les privés.

Dans ce domaine, nous avons mis en place une association d’épargne et de crédit dénommée « Tuvuzanye » où chaque personne cotise 15 000 BIF par an, 25 000 BIF pour un ménage de cinq personnes et 27 500 BIF pour un ménage de plus de six personnes.

Il y a eu une entente entre ces hôpitaux, centres de santé et les adhérents à cette association selon laquelle toute personne qui se fait soigner dans un centre de santé privé paie 50% de la facture des soins, 20% de la facture des soins dans un centre de santé public et 25% dans un hôpital public.

Quels sont les défis par rapport au fonctionnement de ces structures sanitaires ?

Le personnel soignant reste insuffisant. A titre d’exemple, à l’hôpital de de district d’Isare, le personnel soignant engagé par le ministère de la Santé est insuffisant. D’autres sont recrutés par l’hôpital et c’est la même situation dans les centres de santé. Ce personnel est rémunéré sur les fonds propres des hôpitaux ou des centres de santé. Et ceci est un défi parce que cet argent pourrait servir à acheter les médicaments ou d’autres matériels.

Des fois, il y a des lamentations de la population qui se fait soigner dans ces structures de soins car elle se heurte souvent à un manque de médicaments et est obligée d’aller les acheter dans la ville de Bujumbura.

Nous déplorons aussi un manque de médecins spécialistes ce qui fait que ceux qui doivent consulter d’un médecin spécialiste descendent à Bujumbura avec tout ce que cela entraîne en terme du coût élevé du transport mais aussi des soins.

Qu’en est-il de la situation des victimes des éboulements qui se sont produits l’année passée sur la colline Kibuye ?

Nous tenons à rappeler que plus de 20 ménages ont été touchés et plusieurs hectares de champs endommagés. Nous nous réjouissons que le gouvernement du Burundi et ses partenaires sont vite intervenu pour secourir la population affectée. Certains sont retournés dans leurs ménages et ont reconstruits leurs maisons. D’autres ont été réinstallés sur des terres domaniales.

Nous continuons malheureusement à observer d’autres glissements de terrain ici et là car notre commune a un relief très accidenté. Nous en avons récemment connu sur la colline Nyarukere où 15 ménages ont été touchés. D’autres dégâts ont été enregistrés sur la colline Gishingano.

Quel est l’état des routes et des pistes ?

Notre commune connaît un relief très accidenté. Et nos routes et pistes sont souvent endommagées par les eaux de ruissellement qui emportent tout sur leurs passages et bouchent les caniveaux.

A quand la réhabilitation de la route dite Astrida ?

C’est une route qui part du campus Kiriri, traversant les communes de Kanyosha et Isare pour rejoindre Bugarama dans la commune et province Muramvya. C’est une route qui contribuerait énormément dans le désengorgement du trafic sur la RN°1 et faciliterait les échanges commerciaux entre la ville de Bujumbura et la province de Bujumbura.

Malheureusement, ladite route est impraticable pour le moment. On avait nourri l’espoir qu’on allait la réhabiliter quand on a vu que les travaux avaient démarré à partir de Bugarama. Mais curieusement et à notre grande surprise, on a tracé seulement 5 km et les travaux ont été arrêtés. Nous plaidons pour la reprise de ces travaux.

Où en êtes-vous avec la lutte contre les unions libres ?

La sensibilisation continue. Mais nous éprouvons des difficultés au niveau des collines surplombant la ville de Bujumbura. Il y a un peu de cache-cache. Tantôt, certains disent qu’ils sont de la ville de Bujumbura, tantôt d’autres disent qu’ils sont de Bujumbura.

Mais qu’à cela ne tienne, la lutte continue. Nous avons récemment enregistré plus de 200 ménages qui ont régularisé leur situation.

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