Raisons de la création du parti « Fraternité des Patriotes-Ineza » FPI, son apport dans le paysage politique burundais, ses relations avec le parti au pouvoir, son positionnement par rapport aux élections de 2025, regard sur la nouvelle Ceni, etc. Francis Rohero, président de ce nouveau parti, s’exprime.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à créer un parti politique alors que durant les élections de 2020 vous vous étiez présenté en tant que candidat indépendant ?
Je crois qu’il y a une nuance. Les Burundais ont cru qu’un parti c’est un nom alors qu’en réalité un parti ce sont des idées.
C’est bientôt plus de 15 ans que j’annonce des idées que je mets à la place publique. Le parti politique que j’incarne existe déjà depuis longtemps dans les idées.
Aujourd’hui, ce qui change c’est par rapport à la loi burundaise. A un moment donné, les indépendants n’étaient pas autorisés à se mettre ensemble pour travailler de commun accord dans ce pays.
La logique c’est juste une stratégie. On voulait se mettre au diapason de la loi pour que les indépendants puissent travailler.
Le parti « Fraternité des Patriotes- Ineza » (FPI) vient comme une continuité, sinon ce qu’on pensait en tant qu’indépendant, en tant que Burundais va rester comme c’était auparavant.
Quel sera votre apport dans le paysage politique burundais ?
La politique au Burundi est devenue comme une guerre. Il n’y a plus de complémentarité. Les gens conçoivent la politique comme une action où chacun lutte pour soi afin d’essayer de se tirer d’affaires.
Les uns trouvent que faire de la politique est devenu une occasion de se chercher un poste dans le pouvoir, se chercher du travail, une facilité pour créer de l’emploi.
Je cherche à rassembler la jeunesse burundaise. Je veux que les gens tournent un peu une certaine page en essayant de sortir des problèmes que le pays a connus.
Que les gens comprennent que nous sommes là pour mettre nos intelligences, nos faiblesses et nos atouts sur la scène publique afin de penser autrement !
En plus, je vais recréer certains mécanismes de leadership pour qu’il y ait une nouveauté en faveur de la génération de demain afin qu’on puisse penser pour ceux qui viendront après.
Votre parti est créé au moment où on approche les élections de 2025, quelles sont vos perspectives et votre positionnement par rapport à ces élections ?
Je n’ai pas créé le parti parce qu’on approche les élections de 2025. C’était déjà plus de deux ans qu’on était dans ce processus. Le dossier était déjà au ministère de l’Intérieur depuis longtemps.
Je vais amener la génération à comprendre aujourd’hui que notre avenir est trop long. Donc, on ne crée pas ce parti pour seulement affronter les élections de 2025. On veut apporter notre contribution pour que les Burundais arrivent à comprendre qu’il y a quelque chose de nouveau.
Je veux que la population burundaise adhère en comprenant que ce qui peut changer ce n’est pas nécessairement pour demain.
Confucius a dit : « Si vous voulez quelque chose qui vient après trois mois, plantez du riz. Si vous voulez quelque chose qui sera là dans dix ans, plantez des arbres. Et si vous voulez quelque chose qui sera utile dans ce pays, enseignez vos enfants ».
Je crois que nous venons pour quelque chose qui va durer et pas nécessairement une logique primaire d’une élection de demain.
Allez-vous participer à ces élections en solo ou en coalition avec les autres formations politiques ?
Il serait difficile de parler de coalitions. Nous avons des idées sur lesquelles nous avons pris une base. Le programme que j’avais en tant qu’indépendant sera poursuivi par notre parti. S’il arrive que quelqu’un puisse comprendre notre programme, il sera le bienvenu.
Mais pour le moment, nous allons nous préparer aux élections. Notre organisation est là pour créer la différence. Ce n’est pas pour coller les morceaux qui existent.
Je veux que les jeunes burundais prennent une part importante au lieu de ramasser tout ce qui a échoué.
Quelles seront vos relations avec le parti au pouvoir ?
Je veux que ça soit de bonnes relations. Je ne voudrais pas l’ignorer, le Burundi est gouverné. Qu’on le veuille ou pas, l’on ne peut pas faire de la politique en ignorant qu’il y a quelque chose qui est là. Donc, l’on ne pourra pas l’ignorer.
L’on fera tout pour qu’on puisse s’entendre. Et cela ne signifie pas qu’on dira oui à ce qu’il veut. Mais on va essayer de donner notre contribution.
Je ne veux pas que le FPI soit le créateur de problèmes. On essayera d’arriver à nos objectifs sans frustrer qui que ce soit.
Quelles seront vos deux priorités s’il advenait que vous soyez porté à la Magistrature suprême ?
Du moment que notre vision est un Burundi prospère, ambitieux et paisible, nos deux actions prioritaires seraient la mise en place d’un gouvernement qui diminue sensiblement l’extravagance dans ses activités, une œuvre d’un retour aux valeurs d’Ubuntu et qui permet les libertés civiques et politiques.
Je vais investir rapidement dans la production pour offrir aux Burundais une possibilité d’un pouvoir d’achat dans moins de deux ans.
Dernièrement, une nouvelle Commission électorale nationale indépendante, Ceni a été mise en place. D’aucuns disent qu’elle n’est pas inclusive. Faites-vous la même lecture ?
Je pourrai le dire ainsi. Avoir une Ceni parfaite est un idéal. Mais on ne donne que ce que l’on a. La Ceni est à l’image des autres institutions qui la mettent en place.
Je ne demanderai pas du jour au lendemain que les membres de la Ceni soient des saints ou qu’ils soient plus enclins aux valeurs républicaines qu’ils ne le sont actuellement.
Des élections entachées d’irrégularités, manipulation des résultats, conteste l’opposition dans certains pays en Afrique et même au Burundi. Votre commentaire par rapport à cette rhétorique.
J’entre dans le jeu tout en sachant ce qu’il y a. Construire une organisation et arriver au pouvoir, ce n’est pas un jeu d’enfants.
Si je vais aux élections et que je ne suis pas capable de suivre, je me tairai. Ma logique est d’éduquer les Burundais.
Je ne viens pas demander aux membres de la Ceni d’être des saints. Je sais ce qu’ils sont. Et si je ne suis pas capable de protéger mes élections, je me tairai.
Si je suis capable de faire ce qu’il faut j’aurai les résultats que je veux. Si je ne les ai pas au premier coup, je les aurai au 2e coup. Et pour moi, il importe très peu de dire que les élections ont été mal organisées si je ne suis pas capable d’assumer et de démissionner devant les élections.
Précarité des conditions de vie, pénurie répétitive des carburants, qu’est-ce que votre formation politique propose pour redresser la situation ?
Au Burundi comme ailleurs, c’est devenu une habitude, on se plaint des conséquences au lieu de chercher à savoir les grandes causes des problèmes.
Au Burundi, on se plaint du manque des carburants mais on oublie qu’on vient de passer plus de trente ans sans investissement. Pour rappel, il y a trente ans, l’investissement agricole au Burundi était de 20% du budget ; l’investissement dans le commerce était de plus de 15% du budget. Aujourd’hui, on a eu une augmentation de nos budgets de façon exponentielle.
On n’a pas investi, on n’a pas produit et on veut que tout soit comme c’était dans le temps.
Quelle est la solution ?
La solution est très simple. Nous devons maîtriser la croissance de nos budgets ; essayer de diminuer notre train de vie en matière de fonctionnement ; diminuer tout ce qui va dans les loisirs du pouvoir afin d’investir sérieusement dans la production.
Je donne tout juste un exemple. Le Burundi a ratifié le protocole de Maputo qui stipule qu’un 10e de notre budget doit aller dans l’agriculture. Aujourd’hui, nous étions arrivés au mois de juin jusque très récemment à 4 000 milliards de francs burundais. Est-ce que l’agriculture pouvait avoir jusqu’à 400 milliards ? Je pense que non.
Si on n’est pas capable de respecter ce qu’on a ratifié, vous comprenez qu’on ne peut pas avoir des résultats.
Concrètement, que va faire votre parti ?
Si on arrive à produire ça sera facile de donner un pouvoir d’achat au peuple burundais. Et je préfère que demain les carburants puissent monter de prix mais que les Burundais soient capables de s’en procurer.
Je cherche à valoriser la poche du Burundais en lui donnant le pouvoir d’achat par des investissements au niveau primaire, au niveau secondaire avec le commerce.
Avec 13 millions d’habitants, presque la plupart ont moins de 18 ans. Il faut au moins mettre au travail 4 millions de paysans qui doivent cultiver, faire du commerce pour que la population burundaise puisse tirer son train de vie. Et avec cette situation, ça sera facile de pouvoir remorquer des devises et partant s’acheter tout ce qu’on veut.
Il n’y a pas de solution miracle qui viendra du ciel ou des prières. Il faut juste investir dans la production ; investir dans les activités qui permettent la production comme les industries.
La gestion d’un parti politique exige des moyens. Où est-ce que vous allez trouver les moyens pour faire fonctionner le vôtre ?
Je suppose qu’en créant un parti politique, les gens y adhèrent. Et quand ils adhèrent, ils viennent avec leurs moyens. Selon la loi, le parti politique doit trouver le premier de ses moyes dans ses adhérents.
Si aujourd’hui le parti existe, on s’est organisé selon la loi. Il y a des membres fondateurs et d’autres membres qui vont adhérer. Je pense que pour tous les partis qui existent c’est le même mécanisme.
Si on arrive à convaincre une partie de la population, les gens viendront avec leur intelligence, leur force et leur poche.
Si nos idées ne plaisent pas à la population, demain le parti sera mort. Si les gens adhèrent massivement avec leurs convictions, le parti vivra de leurs moyens.
Moi j’adore les rêveurs! Parfois ils me surprennent.
On dit que si on n’est pas rêveur à 20 ans, on n’a pas de cœur. Est si on est toujours rêveur quand on se fait vieux, on n’a pas de cerveau. Je paraphrase un peu, mais vous saisissez l’idée.
Moi aussi je m’incline respectueusement devant les idéalistes. Mes respects aussi à ceux qui croient en Dieu. Il faut de tout pour faire un monde.
Gugusse,
Un grand saint de l’Eglise catholique dont vous portez le même prénom a eu de la misère comme vous à croire que Dieu existe. Vers la fin de sa vie, il l’a finalement découvert et est devenu, depuis, son fervent serviteur. Très sincèrement, je vous invite à mieux le connaître en lisant sa biographie.
Saint Augustin. Je suis ancien séminariste ( Le Grand)
J’encourage ce politicien et sa strategie de fonder un parti politique au lieu de jouer comme un independant. Je trouve que c’est une meilleure facon de s’adapter au jeu politiquer burundais pour eviter de disparaitre. De preference, je conseillerais A Fransis de s’adapter encore davantage en acceptant de se coaliser avec les autres car l’union fait la force. En effet, dans un pays comme le burundi, c’est par exemple une utopie d’eviter un parlement monocolore sans passer par le jeu des coalitions. Ainsi, quand vous serez par exemple au parlement vous aurez droit A la parole pour demander ou exiger, le cas echeant, au gouvernement de se focaliser sur la production en diminuant son trait de vie(1), de diminuer tout ce qui va dans le sens des loisirs du pouvoir afin d’investir serieusement dans la production(2), ……………in fine sachez bien que pour faire valoir les bonnes idees , il faut avoir un cadre appropiE d’expression.
Je penses monsieur, sans vouloir vous offencer que vous n avez pas encore compris le jeu ! On est arrivé là où on est non pas par manque de coalition ! Ce n’est pas la manque de coalition, ni de parti politique qui a manqué ! Certainement, nous avons manqué d’idées innovantes dans la politique Burundi, comme celles de Francis ! Comment on peut arriver à un Burundi que nous tous revons alors que nous faisons toujours les même choses qui n’aboutissent à rien ? Comment tu veux qu’on aie un résultat différent par des même actions ? Réflechissons un peu !
Tu veux nous dire que les mêmes causes produisent les mêmes effets. D’accord, mais je parie que même avec des idées hyper innovatrices tu ne passerais pas devant Fatshi ou devant ses voisins des Grands Lacs lors de leurs élections, du moins à l’époque actuelle.
@Jean De de Dieu
Il n’y a rien de ce qu’il propose que les autres n’aient dit. Quand quelqu’un dit qu’il veut que les paysans produisent plus, je ne vois aucune ambition ou une innovation dans cela. Il pourrait m’impressionner s’il dit qu’Il veut qu’il n’y ait plus de paysans, mais des fermiers.
« La différence est là! » (https://www.youtube.com/watch?v=-x7i2NxqOIA)