Le Comesa souffle déjà ses 25 bougies. Le Burundi étant membre de cette organisation régionale, quels dividendes ? Quels défis et quelles perspectives? Eclairage par Chrysologue Mutwa, directeur général du commerce et point focal pour le Comesa.
25 ans d’existence pour le Comesa, quels sont les dividendes pour le Burundi ?
Le Burundi a déjà tiré des avantages considérables de cette Communauté économique régionale. Le Burundi fait partie des membres fondateurs du Comesa. C’est un vaste marché de plus de 500 millions d’âmes.
A travers le Comesa, il y a eu beaucoup de formations à l’intention des experts des différents ministères sectoriels. Il y a des appuis de différentes sortes que le Comesa donne au Burundi.
Il y a un appui technique et financier de la part du Comesa au Bureau burundais de normalisation et de contrôle de la qualité. Ce bureau a bénéficié des équipements et même de la logistique qui lui permettront d’atteindre certains coins de l’intérieur du pays.
L’OBR a également bénéficié d’un financement du Comesa. C’est à travers ou avec le Comesa que les bailleurs élaborent des programmes pour appuyer les pays membres, le Burundi y compris. D’autres projets sont en cours dont le projet de carte jaune assurance Comesa.
Quels sont les défis ?
Quand vous adhérez à une communauté, vous voulez avancer au même rythme que les autres pays membres alors que vous n’avez pas les mêmes bases ou les mêmes atouts.
Le défi est de vouloir aller au même rythme que les pays qui sont déjà en avance du point de vue économique. Les projets et programmes ne vont pas au même rythme, qu’il y ait des retards dans leur mise en œuvre c’est un autre défi.
Qu’en est de la représentativité du Burundi dans cette organisation ?
Il y a une faible représentativité du personnel burundais dans cette organisation. Et il y a plusieurs facteurs dont notamment le fait que nos compatriotes ne concourent pas aux différents appels d’offre qui sont soumis à notre ministère du Commerce.
A titre d’exemple, récemment il y avait un appel de recrutement pour huit postes. Il n’y a qu’un seul burundais qui a postulé alors que pour d’autres pays il y avait une trentaine d’experts, de cadres qui avaient postulé à ces différents postes.
N’y a-t-il pas de risque pour le Burundi d’appartenir à plusieurs unions douanières ?
Le Burundi appartient à l’union douanière de la Communauté Est Africaine. Pour le moment, c’est la seule à laquelle il appartient. Il n’y a pas d’incompatibilité à appartenir à plusieurs communautés économiques régionales.
Seulement, il faut voir les objectifs de ces communautés. Des experts sont là pour pouvoir orienter les décideurs en la matière. Pratiquement, il n’y a pas de risque d’appartenir à plusieurs unions douanières.
Le sommet qui devait se tenir à Bujumbura l’année passée a été délocalisé pour Lusaka alors que le Burundi avait investi dans ses préparatifs. Avez-vous déjà eu des dommages-intérêts ?
Effectivement le 20e sommet des chefs d’Etats qui devait se tenir à Bujumbura a été délocalisé par l’ancien secrétaire général du Comesa sans l’accord des organes habilités. Nous avons déjà demandé les dommages-intérêts pour les pertes subies suite à cette délocalisation.
Il y a deux volets. Il y a le secteur privé qui avait déjà eu des bons de commande de la part du Comesa. La nouvelle secrétaire du Comesa a montré sa bonne foi. Elle est venue au Burundi. Elle a rencontré le ministre des Affaires étrangères, le ministre du Commerce et le secrétaire permanent au ministère des Finances.
Ils ont échangé en long et en large sur la question. Ils ont convergé sur le même point. Une équipe est allée négocier directement avec le secteur privé au sujet de ces remboursements pour régler le problème.
Le deuxième volet concerne les dépenses engagées par le gouvernement burundais. A ce propos, le Comesa a déjà mis en place une équipe de son côté et a demandé au gouvernement burundais de désigner le sien pour pouvoir négocier et proposer des solutions. Un document devra être élaboré par le Comesa et sera présenté aux organes habilités.
Etes-vous confiant ?
Il y a des avancées considérables. Le secrétariat du Comesa est favorable. Ce sont les procédures qui restent et elles doivent passer par les organes habilités. La question a été soulevée lors de la dernière réunion du comité inter-gouvernemental et celle du conseil des ministres. Elle a été reçue positivement par les participants. Nous espérons que la question sera résolue favorablement.
Et si les tractations n’aboutissent pas, comptez-vous saisir la Cour ?
Nous n’allons pas dans le sens négativiste. Les rapports qui ont eu lieu, la visite du secrétaire général, la constitution de cette équipe de haut niveau, tout cela démontre la bonne foi de résoudre ce problème qui ne devrait pas l’être.
C’est un problème qui découle de la mauvaise gouvernance de l’ancien secrétaire général du Comesa. Nous nous en tenons à la parole de la secrétaire générale du Comesa lors de sa visite : «Il n’y a aucun intérêt qu’il y ait un litige entre le Comesa et le Burundi ». Il faut qu’on puisse résoudre ce malentendu. Nous restons optimistes.