Le nouveau président du parti du héros de la démocratie, affirme que le Frodebu reste membre du Cnared, la plateforme de l’opposition en exil. Sa formation politique en appelle au dialogue inclusif pour mieux préparer les élections de 2020. Il s’est confié à Iwacu.
Quels seront les grands axes de votre programme pour redynamiser le parti ?
La première chose est nous adapter à l’environnement socio-politique et économique. Il est très changeant ces dernières années dans le pays. Nous devons absolument mettre en place des stratégies d’adaptation. Dans le cas contraire, on disparaît.
Nous allons baser notre stratégie sur la formation de nos militants. En effet, de nos jours les gens entrent en politique en ignorant l’idéologie dont ils suivent. C’est ce qui est à la base des échecs et des différends dans les partis politiques.
Pour cela, nous allons consulter les différents organes du parti pour constituer un plan qui devra comprendre la plupart des actions que nous allons mener durant notre mandat de 5 ans.
Depuis 2015 le Burundi a basculé dans une crise politique, peut-on toujours dire que la crise perdure actuellement?
Au niveau de notre parti nous ne l’analysons pas à partir de 2015. Nous l’analysons à partir des années antérieures précisément avec l’assassinat du président Melchior Ndadaye. Une crise profonde s’en est suivie.
Différents consultations ont été menées pour résoudre cette crise de confiance. Alors les évènements de 2015 sont venus envenimer une situation qui n’était pas encore dissipée.
Lorsqu’on est allé à Arusha, l’objectif était de trouver une vision commune permettant aux Burundais de trouver des solutions aux problèmes qui minaient le pays. Les éléments de 2015 sont venus s’ajouter à une situation assez compliquée.
Tant que le travail de la CVR ne sera pas bien fait et que les différentes couches de la population s’y retrouvent, il sera difficile de maîtriser la situation.
En 2015, ce sont les signes des crises antérieures qui sont revenus. Notre société est très fragile. Il serait impensable de dire que tout est terminé. Il y a encore des choses sérieuses à faire pour que le pays puisse retrouver réellement une stabilité politique et sécuritaire durable.
Quel est la position du parti par rapport à la reprise du dialogue inter- burundais?
Après l’assassinat du président Ndadaye, il y a eu des négociations pour aboutir à des compromis. L’une des étapes emblématiques est la signature de l’Accord d’Arusha. Le conflit que nous connaissons résulte de l’échec de la mise en application de cet accord. Et cela parce que, nous les Burundais avons été incapables de nous l’approprier. Mais aussi les garants dudit accord ont failli à leurs missions. Ils ont carrément abandonné leurs rôles.
Après 2015, il y a eu tentative de reprise du dialogue sous la médiation du président Yoweri Museveni et du facilitateur Benjamin Mkapa. Force est de constater que ces deux personnalités n’ont pas la même consistance que Mandela ou Nyerere. D’où l’échec.
Et maintenant, s’il y a reprise de dialogue sous les hospices des mêmes personnalités, sans doutes que le dialogue sera de nouveau un échec. Il faut refondre ce processus et chercher plus de méthodologies. Trouver des personnalités capables de le mener à bon port. Nous voulons que le dialogue reprenne dans des conditions plus sérieuses comme à l’époque de Mandela.
Certains soutiennent que seule la feuille de route pour les élections mérite de figurer sur l’agenda des négociations ?
Il y a une incompréhension dans l’interprétation de notre position. L’accord d’Arusha est durable dans le temps. C’est une vision pour le développement du pays. Il contient des principes qui devraient guider le Burundi pour son avenir.
Nous pouvons faire des élections en 2020 tout en continuant à parler des principes d’Arusha. En attendant un cadre propice pour débattre cela, notre parti va continuer avec les activités politiques dont les élections de 2020.
Qu’est ce qui devrait être fait pour que les élections de 2020 se déroulent dans un climat apaisé ?
Il faut l’ouverture d’un espace de dialogue sur cette prochaine échéance électorale. Tous ceux qui s’y intéressent devraient y prendre part. Mais une question reste en suspens. Sous quelle égide se tiendront ses rencontres ? Bien entendu, le gouvernement sera là, mais y aura-t-il des personnalités externes qui y seront conviées. Difficile à dire.
Il faut aussi penser aux textes légaux qui organisent les élections. Ils doivent refléter le consensus de tout le monde. En outre, il faudrait qu’on se convienne sur une Ceni crédible, non contestable. Autre fait important : l’environnement politique n’est pas rassurant. Et croire qu’on peut l’assainir avec les élections est pratiquement impossible.
Quid des contributions pour les élections de 2020 ?
Les Burundais se trouvent dans une situation financièrement embarrassante. Partout dans le pays, les gens vivent difficilement. Ils ne font que survivre. Vu sous un angle politique, demander ces contributions, c’est montrer la fierté nationale. D’un autre angle, au regard des conditions dans laquelle vivent la population, c’est injustifiable. On ne peut pas donner ce que l’on ne possède pas.
Seriez-vous prêt à faire bloc commun avec le gouvernement pour plaider en faveur de la levée ou de l’allègement des sanctions économiques pesant sur Bujumbura ?
Il est impossible de plaider dans le vide. Il faut un cadre de négociation inclusif. Une chose est sûre, le Frodebu n’irait pas dans le sens de dire aux bailleurs de durcir les sanctions. Nous demandons fermement au gouvernement de faire tout son possible pour négocier la levée de ces sanctions. Après tout, c’est la population qui en pâtit.
L’honorable Agathon Rwasa serait-il sur le point de rejoindre votre formation politique ?
Je l’ai appris comme tout le monde via les réseaux sociaux. C’est carrément une rumeur non fondée. De nos jours, les gens ont la facilité de publier tous ce qui leur passe par la tête. Il est judicieux de prendre avec des pincettes de telles informations relayées sur les réseaux sociaux.
Le parti Frodebu reste-t-il membre du Cnared, la plateforme de l’opposition en exil ?
La question des alliances ou des coalitions est gérée par le conseil des délégués nationaux au sein du parti. C’est l’organe dirigeant entre les deux congrès. La dernière fois que cette instance s’est réunie, l’option était de rester dans cette plateforme.