Co-auteur avec Aloys Kamuragiye du livre : Maîtriser la croissance de la population pour profiter du dividende démographique en Afrique subsaharienne : le cas du Burundi, M. Buzingo explique que si une fois la démographie est bien maîtrisée, elle pourra être rentable pour le pays au lieu d’être une charge.
La population est-elle un défi et une opportunité comme vous dites ?
La population est toujours une richesse que tout pays rêve d’avoir. Dès qu’elle n’est pas maîtrisée, elle devient un fardeau, un frein au développement. Il suffit de regarder juste en face les chiffres de l’ISTEEBU. En 2016, une classe qui devait contenir 35 à 40 élèves contenait 80 voire 100 élèves, plus de 28 mille habitants se partageaient un seul médecin. Sans parler des conflits fonciers récurrents suite à la pression démographique. A travers cet ouvrage, nous montrons que si le gouvernement prend la question à bras le corps avec des mesures accompagnatrices claires, la population peut être maîtrisée, partant, devenir ce capital humain tant prisé dans certains pays.
Justement comment réduire cette population ?
Cela passe par une batterie de mesures, en amont desquelles la diminution du taux de fécondité. Et d’après les programmes nationaux de planification familiale, une nette amélioration s’observe. Estimé à 6,4 en 2010, l’indice synthétique de fécondité (ISF) a été ramené, en 2015, à 5,5 enfants par femme en âge de procréer. Une quête encore loin de notre portée, parce que l’objectif est de ramener l’ISF à 3. Toutefois, pour maîtriser la population, les hommes ont aussi leur part de responsabilité. D’ailleurs, plusieurs experts s’accordent à dire que c’est de cette manière que la prévalence contraceptive se trouverait accrue.
Parmi les préalables pour profiter du dividende démographique, la stabilité politique est une nécessité. Pourquoi ?
Dans le livre, nous sommes partis du modèle des pays de l’Asie du sud-est parmi lesquels Corée du Sud, Hong Kong, Singapour et Taïwan (les Dragons asiatiques). Après avoir maîtrisé le taux de fécondité, ces pays ont consolidé leurs institutions, mis en place une gouvernance où la culture du mérite prévaut (l’homme qu’il faut à la place qu’il faut), plus que tout défait des velléités politiques. Par après, ces pays ont vu affluer une kyrielle d’investisseurs étrangers. Une manne financière qui profite encore à leur population. Ces pays ont des taux de chômage les plus bas au monde. Un cas d’école qui servirait de modèle pour le Burundi, si le gouvernement emprunte cette voie.
Pour vous, la balle est donc dans le camp du gouvernement…
Récolter les dividendes démographiques n’est pas automatique. Il faut une politique, des mesures d’accompagnement permettant aux jeunes en âge actif d’accéder au marché du travail étant bien outillés intellectuellement, aptes physiquement, etc. Pour y arriver, le gouvernement doit investir en matière d’éducation, de la santé, etc. Il faut qu’il y ait un personnel (des enseignants bien formés), des structures adaptées et suffisantes (salles de classe, hôpitaux), des médecins en cas de maladies qui pourront les soigner. Bref, un ensemble de structures permettant à ces jeunes de s’épanouir pleinement dans l’exercice de leur métier, ainsi, contribuer en tant que citoyen au développement de leur pays.
Propos recueillis par Hervé Mugisha