Cohabitation politique, développement socio-économique, éducation, droits des femmes, … Iwacu est allé à la rencontre de Diane Niyibitanga, administrateur communal de Bweru de la province de Ruyigi. Elle présente la situation de sa commune, les défis et les opportunités.
Le processus électoral est en cours et, parfois, il est marqué par l’intolérance politique. Comment se présente la cohabitation entre partis politiques à Bweru?
La commune Bweru est l’une des sept communes que compte la province de Ruyigi. La cohabitation entre les militants des partis politiques est bonne dans notre commune. L’enrôlement des électeurs s’est bien passé. Nous avons commencé à sensibiliser les représentants des partis politiques qu’ils doivent présenter leurs projets de société au lieu de la violence. Ils doivent savoir que la compétition politique doit se faire en toute sérénité sans violence. Il faut éviter d’instrumentaliser les jeunes.
En collaboration avec les représentants des jeunes, nous appelons ces derniers à la conscience pour éviter toute instrumentalisation. Ils doivent s’atteler aux activités de développement au lieu de participer dans les violences.
Comment se porte le secteur de l’agriculture ?
Bweru est une commune dont la population vit de l’agriculture et de l’élevage comme d’autres communes du Burundi. Les activités économiques sont essentiellement agro-pastorales.
Dans le secteur agricole, la population a répondu à l’appel du président de la République, Evariste Ndayishimiye d’augmenter la production. Nous nous réjouissons que les habitants de la commune soient à l’œuvre.
Pour permettre au pays d’avoir des devises, les producteurs de notre commune sont en train de multiplier les avocatiers. C’est un fruit qui est prisé pour l’exportation. L’administration communale est en train de préparer son propre champ de trois hectares. Dans un avenir proche, notre commune sera une pionnière dans l’exportation d’avocats.
Quels sont les projets en cours ?
Dans le nouveau découpage administratif, notre commune est rattachée à la commune Ruyigi. Nous sommes alors en train de construire des locaux de trois zones, à savoir Bweru, Kayongozi et Busoro. Le bureau communal de Bweru va servir de bureau zonal de Kirambi. C’est pour raccourcir le parcours des habitants qui cherchent des services. Les zones auront les prérogatives de donner des services offerts actuellement dans les communes. Les locaux du commissariat communal de Bweru sont aussi en train d’être réhabilités.
Comment se porte le secteur scolaire ?
La commune Bweru a beaucoup d’écoles fondamentales et post-fondamentales. Des salles de classes ont été construites. Ici, je peux citer l’Ecofo Bigombo pour désengorger les classes devenues pléthoriques.
La commune a bénéficié du programme des cantines scolaires dans certaines écoles. Ce programme a permis la réduction des absences et des abandons scolaires dus à la faim. Malheureusement, beaucoup d’enfants n’ont pas encore compris l’importance de l’école.
Qu’en est-il des cas d’abandons scolaires justement ?
Dans cette commune, il y a beaucoup d’enfants qui abandonnent l’école pour se rendre en Tanzanie du fait que la commune Bweru est proche de ce pays. En Tanzanie, les jeunes burundais vont faire le travail saisonnier dans les champs de cultures. Ils reviennent parfois avec de l’argent et invitent les autres à partir. Des filles abandonnent l’école également pour plusieurs raisons.
Quels sont les chiffres pour mieux appréhender cette problématique d’abandons scolaires ?
Je n’ai pas de chiffres à ma disposition malheureusement. Nous faisons un inventaire à chaque fin de trimestre pour évaluer l’ampleur du problème. Nous attendons la fin de ce premier trimestre pour bien connaître la situation d’une façon quantifiée.
Ce que je ne manquerais pas de souligner, c’est que les filles sont numériquement supérieures aux garçons dans les salles de classe. C’est le fruit des efforts de sensibilisation faites aux parents pour comprendre l’égalité des droits entre les filles et les garçons.
Qu’est-ce qui peut expliquer ces cas d’abandons scolaires ?
Il s’agit notamment des grossesses non désirées, des mariages précoces, de la pauvreté dans les familles et de la recherche de l’argent. Beaucoup d’élèves partent en Tanzanie. D’autres enfants sont désintéressés et ne veulent plus rester à l’école.
Nous continuons à sensibiliser les parents et les élèves sur l’importance de l’école. Chaque parent fait ce qui est à son pouvoir pour garder son enfant à l’école.
Qu’en est-il de l’eau potable pour la population ?
Notre commune regorge de plusieurs sources d’eau. L’organe communal chargé de l’eau et de l’assainissement est à l’œuvre pour doter la population de l’eau potable. Toutes les sources ne sont pas encore aménagées mais, des projets sont en cours. Dans notre vision, la problématique de l’eau potable ne devra pas se poser. Il y a le réseau d’adduction d’eau qui n’est plus fonctionnel. Nous attendons l’appui de l’Unicef pour le réhabiliter. La commune n’a pas croisé les bras car, cette adduction d’eau alimentera deux zones. Nous avons aménagé des sources. Ceux qui consomment encore l’eau des rivières sont en petit nombre.
Au niveau sanitaire, l’accès aux soins est-il facile ? Comment se présente la situation ?
Sur le plan sanitaire, la population ne fait pas de longs trajets. Sur une seule colline, celle de Busuma, les habitants font de longs parcours car, c’est le long du mont Birime. Par rapport aux autres, les habitants De Busume ont du mal à arriver aux formations sanitaires. Toutes les autres quatre zones ont des centres de soins. La zone Busoro a deux centres de santé. La zone Kayongozi dispose même d’un hôpital communal, d’un centre de santé et d’un hôpital privé en cours de construction. Cet hôpital privé aura même les compétences de traiter les patients qui étaient jusque-là référés à l’hôpital de Ruyigi.
Nous venons de vivre les 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre. Quelle est la situation dans votre commune ?
La protection des droits de la femme n’est pas un travail qui s’est fait dans 16 jours seulement. C’est un travail de tous les jours. Des violences faites aux femmes ne manquent pas mais, la situation n’est pas alarmante. Les chiffres qui proviennent des institutions chargées de les écouter et de les prendre en charge donnent une lueur espoir. Nous pouvons nous réjouir que des gens aient compris que la vie d’une femme compte.
Nous organisons des réunions de sensibilisation sur toutes les collines pour le respect des droits de la femme et de la jeune fille. Nous avons essayé de combattre le phénomène de concubinage en collaboration avec la police et les administratifs à la base. C’est loin d’être éradiqué mais, un pas est déjà franchi.
Un autre problème, c’est qu’il y a des femmes qui n’ont pas encore compris qu’elles ont des droits à faire valoir. Certaines d’entre elles ne brisent pas le silence. Elles préfèrent rester dans ce que l’on appelle « Nikwo zubakwa ». Dans ce cas, nous ne pouvons pas connaître leur situation pour les aider. Il y a des cas aussi d’hommes qui sont maltraités par leurs femmes. Nous rappelons que l’homme et la femme doivent vivre dans le respect et dans l’harmonie.
Au chef-lieu de la commune, des commerçants et des habitants se lamentent que l’électricité est un défi à leur progrès.
Quelle est votre réaction ?
Concernant l’électricité, on ne dirait pas que la commune Bweru a ce défi. Nous avons un barrage hydro-électrique. Parmi les quatre zones, trois sont alimentées en électricité. Seule la zone du chef-lieu de la commune n’est pas servie. Il y a un projet d’alimentation des chefs-lieux des communes appuyé par la banque africaine de développement, BAD. Les activités qui avaient débuté ont malheureusement été suspendues. Il y a eu des mésententes dans le processus de passation des marchés publics. Sauf cette problématique, l’alimentation était prévue avant la fin de cette année 2024.
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