Dans le cadre du dialogue transfrontalier pour la reconstruction de la paix dans la région des Grands Lacs, l’ONG Interpeace s’attaque aux stéréotypes et aux manipulations identitaires, dans un volet de son programme régional pour la consolidation de la paix.
Interpeace a organisé une réunion du forum des parties prenantes régionales. Ce forum est l’organe de validation et d’orientation des résultats de la recherche au sein de ce programme. Une recherche sur la manipulation des identités et les stéréotypes a été menée par les organisations partenaires d’Interpeace, issues de la RDC, du Burundi (CENAP) et du Rwanda. Les résultats de cette recherche menée par cinq groupes venant des trois pays sont contenus dans un rapport. Et un certain nombre de thèmes de recherche et des recommandations ont été formulés.
Tenu dans une des salles de conférence de l’hôtel Hilton de Naïrobi le 5 décembre dernier, le forum a été l’occasion de présenter ce rapport. Il a été également une opportunité pour identifier des recommandations et des sous-thèmes de recherche prioritaires, ainsi que de nouveaux éléments à ajouter dans le rapport final.
Il a été rappelé que cette recherche s’inscrit dans un cadre initié par Interpeace depuis 2011 afin d’engager la population de la région des Grands Lacs africains dans une réflexion collective orientée autour des défis et enjeux de la paix dans une région meurtrie par des guerres successives. Elle se focalise sur la question de manipulation des identités et les stéréotypes qui sont perçus par la population de la région des Grands Lacs africains comme un obstacle et une menace à la paix. L’idée est que les citoyens de cette région, exposés aux stéréotypes pendant de nombreuses années, ont fini par les intérioriser jusqu’à affecter négativement leur comportement face à l’autre. L’autre étant vu comme celui « qui est différent de moi », « celui par qui viennent tous les maux. »
Une recherche intéressante …
Ainsi les Congolais sont considérés come naïfs, ne pouvant pas résoudre les défis qui leur sont posés et préfèrent trouver des boucs émissaires. Les Rwandais sont vus comme belliqueux, dominateurs, utilisant la force pour résoudre les différends. Les Burundais, quant à eux, sont présentés comme fainéants, malins et hypocrites. Les stéréotypes influencent indirectement les relations entre les peuples de la région et constituent un véritable frein au dialogue franc.
D’emblée, il a été souligné que cette recherche n’est pas académique à proprement parler, mais une base, un catalyseur pour engager les citoyens dans une recherche de solutions aux défis auxquels ils sont confrontés.
Cependant, le poids de la question des stéréotypes et des manipulations identitaires n’est plus à démontrer. En outre, la recherche a mis en évidence que la question foncière est au centre des conflits au sein et entre les trois Etats, à travers notamment des mouvements migratoires incontrôlés, engendrant la problématique autochtone-allochtone. Cette étude a aussi souligné l’importance négative du mythe hamitique, particulièrement le clivage Hutu-Tutsi, et son impact sur les relations entre communautés.
A travers des débats très animés et enrichissants, les participants, qui n’étaient pas toujours d’accord avec les résultats de ce rapport, ont donné des recommandations et proposés d’autres sous-thèmes pour un rapport final mieux élaboré et des recherches plus enrichies. Cette réunion avait rassemblé, des chercheurs universitaires, des députés, des représentants des gouvernements, des membres de la société civile et des journalistes en provenance de la RDC, du Rwanda et du Burundi.
A travers des débats très animés et enrichissants, les participants ont donné des recommandations et proposé d’autres sous-thèmes pour un rapport final mieux élaboré et des recherches plus enrichies.