Le bannissement des sachets en plastic est en vigueur au Rwanda depuis 2004. Constatant ses effets positifs, le Rwanda lance un appel aux autres membres de l’EAC pour qu’ils suivent son exemple.
<doc5043|left>La politique du non usage des sachets en plastique semble être partout respectée au Rwanda. Sur différentes frontières de ce pays et à son aéroport, aucun sachet n’entre. Les policiers fouillent les sacs des passagers pour qu’aucun sachet en plastic n’entre. Dans les rues de ce pays, on n’en vend pas. Des paquets en carton servent d’emballage pour différentes marchandises. A Kigali, il n’y a quasiment pas de sachets en plastique traînant dans la rue.
Les Rwandais saluent l’importance de cette politique. « Cette politique a réduit sensiblement la saleté dans différents endroits et plus particulièrement en ville », indique E.N. Il affirme aussi que la mesure a déjà porté ses fruits : « Actuellement, on ne perd pas de temps en rassemblant les sachets éparpillés ici et là dans les champs quand on laboure. Avant on devait le faire et, en même temps, réserver une place pour les enterrer, ce qui polluait l’environnement. » Il estime, du reste, que la production agricole aurait augmenté grâce à cette mesure : « Même s’il ya d’autres facteurs comme l’élargissement de la terre cultivable, nous pouvons dire que le non usage des sachets en plastique a fait haussé la production. » Il explique que la présence des sachets en plastique dans le sol empêche la pénétration de l’eau, ce qui le rend par la suite infertile.
« Une politique gouvernementale »
La politique d’empêcher l’usage des sachets en plastique depuis 2004, émane d’une étude faite en 2003 par le ministère rwandais de l’environnement, selon Rémy Norbert Duhuze, directeur de la régulation environnementale et contrôle de la population à Rema (Rwanda Environnement Management Authority). « La loi empêchant l’importation, la commercialisation et l’utilisation des sachets en plastique pour la protection de l’environnement, a été adoptée en 2008 », précise-t-il. Outre la lutte contre la pollution de l’envrionnement, cette mesure a d’autres objectifs comme la lutte contre la saleté, la facilitation pour le drainage de l’eau, la création d’un environnement favorisant la pénétration de l’eau dans le sol, etc.
Des succès pour le Rwanda
Cette politique de non usage des sachets en plastique est une grande réussite pour le Rwanda, selon toujours M. Duhuze. Il est fier de la propreté qui règne actuellement sur les routes : « Avec le non usage de ces sachets, la saleté a diminué sensiblement. Et tous les citoyens se sont appropriés cette politique d’où un changement de mentalité. Donc, nous n’aurons pas de problèmes à mettre en œuvre d’autres politiques allant dans ce sens. »
Par ailleurs, des emplois ont été créés : « La fabrication des paniers ou paquets en carton a en plus généré des emplois. » Et, sans donner des chiffres, il affirme également que la production agricole a augmenté : « Nous n’avons pas mené une étude statistique pour connaître son impact sur la production. Mais, avant la mesure, les sachets étaient si nombreux dans les champs qu’ils rendaient les sols de plus en plus infertiles. »
A propos d’autres objets en plastique qui restent encore d’usage au Rwanda, cet activiste de l’environnement rassure : « Ces autres objets en plastic n’ont pas un impact aussi négatif que ces sachets. » Il explique qu’ils sont faciles à rassembler et à enfermer dans les poubelles : « Ces objets ne sont pas facilement emportés par le vent comme c’est le cas pour les sachets ». Il souligne toutefois que, pour ces récipients en plastique, le Rwanda n’a pas encore trouvé de solution alternative.
L’environnementaliste salue les efforts déployés par le personnel rwandais au niveau des frontières avec les autres pays membres de l’East African Community (EAC) pour empêcher que les sachets en plastique n’entrent au Rwanda. « Il faut que nos frères et sœurs de l’EAC comprennent aussi les enjeux de l’usage des plastiques. Et nous gardons espoir qu’avec l’harmonisation de certaines lois au sein de l’EAC, les autres pays membres pourront faire de même ».
Bientôt, le Burundi sur les traces du Rwanda
Au Burundi, les sachets sont jetés ici et là dans plusieurs endroits. Mais le ministère de l’Eau, de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et de l’Urbanisme va désormais faire face à cette question, d’après Gilbert Ngendahabona, chargé de la communication à ce ministère. Selon lui, un projet de loi empêchant l’importation, la commercialisation et l’utilisation des sachets en plastique est déjà élaboré et attend d’être validé. « Nous nous sommes inspirés des études faites dans les autres pays comme le Rwanda montrant les impacts négatifs liés à l’usage de ces sachets. Et nous avons décidé d’entrer aussi dans le circuit », indique-t-il.