Le ministère du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme a pris, mardi 8 mars, la décision d’interdire toute importation de graines et farine de maïs. Une mesure décriée par les importateurs.
« Il s’observe ces derniers temps l’importation des graines et farines de maïs ayant une teneur élevée de mycotoxine. Les mycotoxines telles que les aflatoxines et les fumonisines sont connues pour être cancérigènes », a déclaré, mardi 8 mars, Jérémie Banirwanizigo, secrétaire permanent au ministère du Commerce.
Dans son communiqué, il a précisé que compte tenu de la production nationale de la saison culturale A, le ministère voudrait informer les opérateurs économiques que des mesures de sauvegarde viennent d’être prises en interdisant toute importation de graines et de farine de maïs pendant six mois.
Quelques jours après cette décision, les conséquences sont déjà manifestes sur les marchés. Mercredi 24 mars au marché de Cotebu, il est 14 heures. Pour les grains de maïs importés, le prix varie entre 1000 et 1100 BIF par kg. Le prix produit localement s’achète à 900 BIF. Un sac de 25kg de farine de maïs importé dénommé wachi coûte 45000 BIF contre « 39.000BIF avant la prise de cette décision. Un sac de 25 kg de farine de maïs Tmuki importé de l’Ouganda est passé de 40 .000 BIF à 43000 BIF. Les commerçants expliquent cette hausse des prix par la rareté de ces produits.
Au marché de Kinama, situé au nord de la capitale économique Bujumbura, les prix de graines de maïs produit localement diffèrent en fonction de leur qualité. Les graines de maïs blanc s’achètent à 800 BIF le kilo alors que celui de graines de maïs dit « jaune » s’achètent à 750 BIF. Les graines de maïs importées de la Tanzanie coûtent 900 BIF le kilo.
Les importateurs se lamentent
H. K., importateur de la farine de maïs affirme que cette décision a été mal accueillie : «C’est une décision difficile à comprendre. Elle va causer des pertes énormes aux commerçants. Pourquoi le ministère n’a pas averti les importateurs avant de prendre des mesures interdisant toute importation de graines et farine de maïs?»
Cet importateur indique avoir passé une commande de 28 tonnes de farine de maïs en Ouganda lundi le 7 mars. La décision est tombée mardi. Pour le moment, déplore-t-il, le camion qui transporte sa marchandise est bloqué à la frontière du Burundi-tanzanienne de Kobero. «Les agents de l’OBR refusent toute entrée de graines et farine de maïs sur le territoire national. Ils évoquent la décision du ministère en charge du Commerce interdisant l’importation de graines et farine de maïs».
Cet importateur chiffre le manque à gagner à 2500 USD par semaine pour le transport uniquement : «J’ai loué un camion-remorque pour transporter ma farine de maïs pour un montant 2500 USD par semaine. Mais comme le camion est bloqué à la frontière, son propriétaire m’a exigé de payer 2500 USD supplémentaires car le délai convenu a été dépassé. Cela va augmenter le prix de la farine de maïs importée. Les commerçants fixent les prix en tenant compte du coût d’achat et des frais liés à l’importation.»
Cet importateur de denrées alimentaires estime, par ailleurs, que le ministère en charge du Commerce devrait laisser entrer toute la quantité de farine et graines de maïs commandée avant le 8 mars. Et de préciser: «J’ai introduit une requête au ministère du Commerce pour demander une dérogation. J’attends toujours la réponse. »
P.K., un autre importateur de farine de maïs, désavoue la décision du ministère du Commerce : «Cette mesure est politique. Toutes les quantités de graines et maïs importées ont été soumises aux analyses du Bureau Burundais de Normalisation et Contrôle de la Qualité. Aucun résultat n’a prouvé la teneur très élevée de mycotoxine.»
Cet importateur estime que cette décision a été prise en faveur des coopératives nationales qui ont produit du maïs : «Les autorités veulent que ces coopératives vendent leur production à un prix meilleur fixé à 680 BIF le kilo. Mais les responsables du pays oublient que la production nationale de graines et farine de maïs ne suffit pas». Et d’enchaîner : «Au lieu d’interdire toute importation du maïs et ses dérivés, le Bureau Burundais de Normalisation et Contrôle de la Qualité(BBN) devrait renforcer le contrôle de ces denrées alimentaires. Et que celles qui ne remplissent pas les normes feront l’objet d’interdiction.»
La production du maïs burundais reste faible
Cet importateur souligne que la conséquence directe de la suspension de l’importation du maïs et de ses dérivés est l’augmentation des prix de ces denrées alimentaires : «Les graines et farines de maïs importées complètent la production nationale qui est insuffisante. Quand la quantité émise sur le marché diminue, le prix augmente.» Ce qui impactera négativement le niveau de vie des consommateurs.
Ce commerçant souligne également que les graines et la farine de maïs importées sont de meilleure qualité que celles produits localement. Il reconnaît néanmoins que les entrepreneurs burundais produisent aussi de la farine de bonne qualité. Mais leur production reste faible. Avant de prendre cette mesure, juge cet importateur, le gouvernement devrait s’assurer que la production de graines et farine de maïs peut couvrir les besoins du pays en ces denrées alimentaires. Et surtout donner des équipements modernes de production et transformation du maïs et de ses dérivés. «La différence au niveau de la qualité n’est pas de taille. Elle se reflète au niveau des machines utilisées dans les minoteries».
Prosper Niyoboke, professeur d’université, souligne que les Burundais n’ont pas été bien préparés pour semer du maïs en grande quantité. Il se demande si la quantité déjà produite suffira pour toute la population burundaise.
Pour cet économiste, il n’est pas logique d’empêcher les producteurs d’importer les graines et farine de maïs parce que ces derniers tiennent compte de la demande. Si l’Etat veut protéger les graines et farine de maïs produites localement, explique-t-il, il faut appliquer des taxes sur ces produits venant de l’extérieur. Et de conclure : « L’absence d’industrie moderne de transformation du maïs constitue aussi un handicap. »
Les statistiques officielles montrent que le Burundi importe une quantité importante de maïs. Elle était de 33612 tonnes en 2018, 23693 tonnes en 2019 et de 4321 tonnes pour les cinq premiers mois de l’année passée.
Tableau de variations des prix avant et après la prise de décision d’interdire toute importation du maïs.
Un vrai jeu de ping-pong. Contactés, les responsables du ministère en charge du Commerce m’ont renvoyé au porte-parole dudit ministère. C’était mardi 16 mars. A son tour, le porte-parole m’a renvoyé au secrétaire permanent. « C’est lui qui a pris la décision », a-t-elle motivé. Soucieux d’avoir la version officielle, on a contacté par téléphone le secrétaire permanent. « Ce n’est pas moi le chargé de la communication », m’a-t-il répondu.
Persévérant, je me suis encore une fois rabattu à la porte-parole. Cette fois-ci, elle me demande de lui envoyer un questionnaire. Nous sommes dans l’après-midi de mardi. Gentiment, elle me fixe même un rendez-vous mercredi 18 mars, à son bureau pour répondre aux questions.
Mercredi, très tôt le matin, via un message WhatsApp, elle annule le rendez-vous : « Inutile de venir à mon bureau. Ils m’ont dit que la mesure en soi est complète. Pour les autres informations en rapport avec les données chiffrées, il faut chercher du côté de l’OBR.»
Au Bureau Burundais de Normalisation et Contrôle de la Qualité(BBN), le même scénario s’est répété. Approchés, certains responsables qui devraient éclairer sur cette situation, ont refusé de s’exprimer. Le directeur technique qui assure l’intérim parce que le bureau vient de passer une période presque d’une année sans le directeur général selon les employés. Avec un ton menaçant, un des cadres m’a demandé qui m’a donné l’autorisation de se présenter à son bureau.
« Allez demander à ceux qui ont pris la décision. Et ne dites rien sur la BBN. Il ne faut pas même dire que tu as été ici.»
Néanmoins, tout n’est pas noir. Approchées, certaines sources internes qualifient l’interdiction d’importation de graines et farine de maïs d’une décision politiquement motivée. « Car, aucune analyse scientifique n’a été faite sur ces denrées alimentaires pour prouver la teneur très élevée de mycotoxine. »
1. « …Et surtout donner des équipements modernes de production et transformation du maïs et de ses dérivés… »
2. Mon commentaire
Donc quelque part au Burundi, il y a quelqu’un qui s’attend a ce que l’etat burundais lui donne des equipements modernes…
Je crois qu’il serait mieux de demander au gouvernement burundais de juste faciliter l’importation de ces equipements modernes PAR DES ENTREPRENEURS BURUNDAIS.
1. Kenneth Bagamuhunda, EAC Director General in charge of Customs and Trade a declare:
“As EAC we have agreed on the standards, moisture content, mutual recognition of quality marks, and certified suppliers of maize and maize flour from partner countries…”
2. Peter Munya, Ministre de l’Agriculture du Kenya a declare:
“If someone dries the maize and aflatoxin levels go down, he will be able to continue with the trade. It is a stopgap measure issue of ensuring compliance.”
Le Kenya a interdit recemment l importation des graines et de la farine Ugandaise.
Le Burundi vient d interdire l importation de tous les dervives du mais de l EAC.
Mes questions
1) Qu en disent les lois de l East African Community?
2) Y a t il quelqu un ici qui peut m expliquer pourquoi 1 kg de graines de mais de Tanzanie et d Uganda coute BIF 900 alors que notre mais ne coute que BIF 680?
ISABU et ministere de l Agriculture, kubera iki mutorimisha ces varietes? Qui rapportent 900 BIF /kg.
Vous economiserez les devises et la dependance.
3) Vous les redacteurs de l article, expliquez nous bien cette histoire de mycotoxine. Ifata les graines tanzaniennes et Ugandaises seulement? Ivuye kuki?