Dimanche 24 novembre 2024

Économie

Interdiction de stationner aux stations-services sans carburants : un coup d’épée dans l’eau ?

11/06/2024 8
Interdiction de stationner aux stations-services sans carburants : un coup d’épée dans l’eau ?
Une rangée de véhicules se forme une dizaine de minutes après l’annonce de la livraison du carburant par une station-service non loin du lycée municipal de Musaga.

La mesure d’interdire les longues files d’attente des véhicules sur les stations-services sans carburants prise par l’Inspection générale de la police il y a bientôt une semaine est respectée en mairie de Bujumbura. Mais, à chaque livraison, les files reprennent. Les conducteurs et les transporteurs parlent d’une mesure qui empire une situation de pénurie de carburants déjà grave.

L’Inspection générale de la Police a interdit, il y a bientôt une semaine, aux exploitants des engins roulant de faire des rangées de véhicules sur les stations ou sur les routes en attente de carburants. Le porte-parole de la Police, colonel de police Désiré Nduwimana a indiqué que le but est de faciliter la circulation routière ainsi que le souci permanent d’assurer la sécurité des biens et des personnes.

Bien plus, il s’agit d’un rappel. L’Inspection générale de la Police a exigé aux concernés de s’informer si les stations sont approvisionnées avant de se rendre à une station pour faire la queue. Les conducteurs qui se déplacent sans vérifier s’ils n’ont pas suffisamment de carburant sont avertis : « Arrêter une voiture au milieu de la route est punissable. Il en est de même pour d’autres engins roulants dont des motos et des tricycles. » Le colonel de police Nduwimana a souligné qu’il est interdit qu’une voiture passe des jours et des jours en attente du carburant. « Il n’est plus question de laisser sa voiture au bord de la route ou sur les stations. », insiste-t-il.

La mesure est suivie en tout cas en mairie de Bujumbura. Ceux qui ont essayé de violer la mesure se sont vus infliger des amendes. Pour s’approvisionner, les conducteurs s’informent mutuellement à travers des groupes WhatsApp. Ceux qui n’ont pas de smartphones laissent leurs voitures à la maison et viennent aux environs des stations pour veiller.

C’est ce qui est arrivé par exemple le lundi 3 juin 2024 à la station Musaga Oil sise à Musaga, non loin du lycée municipal de Musaga, à la première avenue. Certains chauffeurs des véhicules de transport ou des chauffeurs des différentes entreprises avaient veillé depuis le matin. C’est vers 15 h 00 qu’un camion Ben s’est approché de la station. Un gardien a déplacé les concertinas pour le laisser entrer.

Et le message a ainsi vite été partagé. « Peut-être que le carburant va arriver, il faut être prêt pour aller faire la queue. », se sont informés les transporteurs. Dans un laps de temps, la file d’attente était longue. Après, un camion-citerne est venu et a déchargé au moins 10 mille litres, selon une source fiable à la station Musaga Oil. « Soyez sereins. Tout le monde sera servi », a rassuré un des responsables de la station s’adressant aux conducteurs sur place. La file d’attente était très longue. La distribution a duré plusieurs heures.

Une mesure de sécurité, mais…

Bien que la mesure soit prise dans le but de faciliter la circulation routière et dans le souci permanent d’assurer la sécurité des biens et des personnes, l’Association des transporteurs du Burundi, Atrabu, trouve que des conséquences ne manquent pas. Elle estime en effet que la mesure n’a pas été facile à mettre en application. Charles Ntirampeba, président de l’Atrabu, rappelle que les stations-services ne peuvent pas donner qu’au plus 30 à 40 l à un véhicule dans ces périodes de pénurie des carburants.

« Aller travailler et avoir du carburant pour aller le chercher encore une fois devient un problème. » Il affirme que la mesure est venue aggraver la situation déjà critique que vivent les transporteurs. A propos de l’aspect de la mesure comme quoi, il faut avoir du carburant pour aller chercher une autre quantité, Ntirampeba estime que cela est plus que difficile ces derniers jours. Il signale aussi une difficulté de pouvoir savoir si à telle station il y a ou s’il n’y a de carburant. « Il faudrait trouver un moyen d’information accessible à tous au lieu que chacun se débrouille pour savoir la station qui est en train de servir. », propose-t-il Ntirampeba trouve qu’informer en ligne peut aider et faciliter les transporteurs.

L’Atrabu demande au gouvernement du Burundi de plutôt aider les transporteurs à résoudre les problèmes qui ont été causés par cette pénurie des carburants, car ils sont nombreux. « Il y a des documents qui sont expirés alors qu’on n’est pas en train de travailler. Et surtout l’assurance, le contrôle technique, le permis de transport », insiste son président.

Et d’ajouter qu’ils continuent de payer les taxes de la mairie et celles de l’OBR sans être au travail. Il plaide pour que les instances habiletées, surtout celles du ministère ayant le transport dans ses attributions, se saisissent de cette question et en discutent avec les transporteurs pour effectivement aider à résoudre tous ces problèmes. « Beaucoup d’autres transporteurs ont des crédits bancaires », ajoute-t-il. Pour le moment, fait-il savoir, ils n’arrivent pas à s’acquitter de leurs obligations de payer. L’Atrabu interpelle le gouvernement pour résoudre définitivement le problème des carburants qui affecte dangereusement le secteur du transport.

Du côté de l’Observatoire national de lutte contre la corruption et les malversations économiques, Olucome, il observe que ceux qui rangent leurs voitures sur les stations-services ou au bord des routes ne le font pas par un choix délibéré. Jean Nduwimana, porte-parole de l’Olucome, juge aussi que la solution durable devra être la disponibilité des carburants. « Ce n’est pas par plaisir que les propriétaires de voitures font la queue », a souligné le porte-parole de l’Olucome.

Il rappelle que son organisation a crié depuis longtemps en demandant au gouvernement de gérer en bon père de famille les produits pétroliers. Il estime surtout qu’il faut bien gérer les devises.

Car, un pays sans des devises suffisantes ne peut pas se procurer des carburants suffisants. Il trouve qu’il n’y a pas d’autre choix. Pour trouver une solution à la question d’alignement de véhicules en attente d’être approvisionnés, il faudra augmenter la quantité des carburants distribués et servir toutes les stations.

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. Mafero

    Mon message s’adresse à celui qui a décrété qu’il ne faut plus s’aligner sur les stations services:

    Il faut déjà raisonner de le sens de la vision 2040/ 2060. Que les services de l’Etat Burundais, a commencer par cette Police, qui contraint les gens à rester chez eux jusqu’à l’annonce de l’arrivée de camions citernes pleins de carburant (dans le cas de cet article) se démarquent par l’exemple.

    Suggestion?: Disponibiliser une application ou l’on peut suivre en ligne que les camions citernes chargés de carburant sont entrés au Burundi, leur progression et leur destination. Ainsi les clients auront le choix de décider dans quelle station on s’approvisionne et ainsi éviter les longues queues.

  2. jereve

    Nous passons toute notre vie à faire des queues: à la banque, aux bureaux administratifs, aux robinets publics, à l’hôpital, à l’école, aux stations services, à l’église, sur la route (bouchons), sur diverses listes d’attente… Pensez qu’on peut mettre fin à ce phénomène est tout simplement illusoire.
    C’est vrai qu’on peut momentanément arrêter ces queues aux stations si et seulement si le carburant a complétement tari. Dans ce cas, on peut dire aux gens « gardez vos véhicules chez-vous, il n’y a plus à rien à d’attendre. »
    Il suffit d’une simple rumeur, ou peut-être une information vérifiée, qui fait état d’approvisionnement ou livraison en carburant à telle ou telle station que les queues se forment instantanément. Le phénomène vient de se vérifier qui met à mal la décision de l’autorité. Si au moins cette dernière avait pensé à instituer un système de ticket de rationnement qui permet de contrôler le flux des demandeurs selon la disponibilité de carburant. Travail extrêmement difficile pouvant générer des cas de corruption et de favoritisme.

    • Gihangange gisuma

      L’idée de tickets de stationement est bonne.Cela réduira l’incivilité de la majorité des conducteurs en plus de rapporter l’argent à la ville de Bukumbura pour la construction et l’entretien de nouvelles infrastructures si cet argent n’est pas volé.J’espère que le maire de la ville ou son ministre lit IWACU non pas pour la politique politicienne mais pour mieux faire son travail.

  3. kabingo dora

    Il va falloir peut être superposer les véhicules , pour éviter de faire la queue? Ou alors éviter de prononcer le mot et faire la queue quand même ! Ca me rappelle l’autre à qui le gouverneur de Gitega d’alors avait intimé l’ordre de ne plus « gukoza amaguru  » au Cercle de Gitega , il est venu  » sur le poirier »( kugira amagendera ).

    • Gugusse

      @ Kabingo Dora,

      Ce gouverneur, se nommerait-il par le plus grand des hasards Basomingera? Il avait le même prénom que son boss, Jean-Baptiste. Son nom me donne toujours la chair de poule. Il était redoutable et redouté.

      • Stan Siyomana

        @Gugusse
        Je me suis toujours demande pourquoi un homme qui habitait pres de chez mon grand-pere s’appelait NKANGABANA (=vrai nom). Il n’etait pas mechant, il n’etait pas vilain et d’ailleurs sa fille etait l’une des plus belles filles de notre colline.

        • Gugusse

          Ha ha. Un nom pareil, c’était peut-être fait pour effrayer les bana b’abahungu qui approchaient sa fille de trop près? Quant à ce JBB de gouverneur dont je parlais ci-dessus, c’était un vrai dur de dur.

      • kabingo dora

        C´est bien lui.

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