Tout nuage qui se forme dans le ciel fait l’objet d’une peur panique chez les habitants de Kirungwe, depuis ce mardi 11 décembre. Les pluies qui se sont abattues, depuis dimanche dernier, sur cette localité du quartier Ruziba I de la zone Kanyosha en mairie de Bujumbura, les ont durement touchés au point de les traumatiser.
Treize habitations ont été complètement détruites, plusieurs autres inondées, au point de s’effondrer. Des ustensiles, des objets ménagers ont été emportés ou mis hors d’usage. Des latrines ont débordé. Des plantations de maïs, de manioc et de haricot ont été emportées vers le lac Tanganyika. Toute la circonscription est boueuse, empêchant la moindre circulation…
Houe à la main pour dégager la boue devant chez elle, une petite fille, regard tourné vers le ciel, s’exclame : «Là voilà encore qui pointe à l’horizon pour en finir.» Toute maculée de boue sur les jambes, une autre femme prie le bon Dieu pour qu’il la protège du grand besoin. «Où irais-je ? Toutes les toilettes sont pleines».
Tous les habitants de la localité s’accordent à dire que c’est sans précédent. «Il a toujours plu, mais les pluies n’avaient jamais été aussi abondantes et les inondations aussi graves», raconte un vieil homme. Léocadie, la cinquantaine, crie au secours. Deux de ses champs ont été ravagés. Larmes aux yeux, cette mère de sept enfants dit craindre la famine.
Mélancolique, Audifax Nahimana scrute le seul mur qui est resté de sa maison fraîchement construite. Spectacle affligeant que des briques cuites, des planches de charpente et 54 tôles à même le sol. Il ne sait pas à quel saint se vouer.
Habitant dans la zone Kanyosha, il avait contracté un crédit de 4, 3 millions de BIF pour la construction de sa propre maison. « J’étais sur le point d’y installer ma famille». Et d’ajouter qu’il ne sera pas facile de payer le loyer, d’autant plus que «je dois d’abord rembourser le crédit».
Ce mécanicien demande à l’Etat d’aller à la rescousse des victimes de ces inondations, notamment par la canalisation de la rivière Kirungwe.
Ramadhan Ntakanyuma, chef de la cellule Kirungwe, abonde dans le même sens. Cet administratif ajoute la nécessité de la désinfection des toilettes pour la prévention des maladies des mains sales. L’Etat devrait également assister les sans-abris en leur trouvant notamment des logements et des vivres.