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Inondations à Gatumba : de mal en pis

05/05/2013 Commentaires fermés sur Inondations à Gatumba : de mal en pis

Deux semaines après les pluies diluviennes qui ont détruit les maisons à Gatumba, la situation se dégrade. Les maisons continuent de s’écrouler et l’aide arrive à compte goutte.

<doc3249|left>Kinyinya II, une situation de désolation. Des maisons ont été détruites, d’autres emportées par les pluies diluviennes du 19 février dernier.
L’eau continue de s’infiltrer dans les fondations. Cette zone a une topographie qui réduit l’écoulement des eaux des pluies. Les experts recommandent entre autres comme solutions des constructions en dur.
Chez Muhitira Dorothée, ce n’est pas le cas. Sa maison est construite en briques adobes. Elle est en train de laver son linge. A côté, ses enfants s’amusent dans les eaux encore stagnantes. De son ancienne maison, il ne reste qu’une seule chambre. En plus d’y conserver quelques affaires qu’ils ont pu récupérer, elle la partage avec son mari et leurs sept enfants. « Cette chambre va s’écrouler car l’eau continue de s’y infiltrer. On ne sait plus où aller», fait-elle remarquer, les yeux dans le vague.
La famille de Minani Prosper, elle, a trouvé refuge chez les voisins. Leur maison n’est plus habitable. Une partie a complètement disparu. Ils attendent l’aide des bienfaiteurs. Ils ne sont pas les seuls à attendre.

A Muyange II, un site a été construit. Trois grandes tentes ont été dressées. Une aide de l’armée. Dans chacune des tentes, ils sont des dizaines à y loger. Le reste est constitué de quelques abris de fortune. Des bâches usées plantées sur de petites branches. Des moustiquaires faisant office en même temps de logis et de protection contre les moustiques. Ils sont plus d’une centaine. Ils s’entassent dans les petits abris à 7ou à 10. Des mères serrant leurs enfants dans les bras, les autres en train de discuter. Ils se regardent dans les yeux. Ils ne savent pas à quel saint se vouer.

Il est 12 heures. Quelque chose frappe. De bizarre. On ne voit que 3 ou 4 mamans cuisiner. Selon Nazima Fatuma, une des quatre responsables du site, ils n’ont rien à manger. Seulement quelques familles ont déjà reçu de la nourriture. Un autre problème. Ce site n’a pas de sanitaires. Les habitants craignent pour leur santé surtout pour les enfants. "Nous dormons à la belle étoile, les latrines sont inexistantes. Les enfants commencent à tomber malade», martèle Miburo Sukena.

Une aide insuffisante

"A part les habitants de Muyange II, aucune autre famille n’a encore reçu de la nourriture», signale Miburo Sukena. Le 29 février 2012, le Ministère de la Solidarité Nationale, des Droits de la personne humaine et du Genre a distribué des vivres. Du riz, des haricots, des savons, des pagnes et des couvertures. Selon le chef de Zone de Gatumba, Masumbuko Emmanuel, seulement 518 ménages ont reçu cette aide. Chaque ménage a reçu 5 kg de riz, 3 kg de haricot, quelques savons et une couverture ou un pagne, selon les dires des habitants. Quelques jours plus tard, ils n’ont plus rien. Ledit ministère a aussi donné 100 bâches et 1.193 tôles. Cette aide n’a pas été distribuée. Insuffisante pour tous les ménages qui ont été touchées. Ce matériel est toujours, selon le chef de zone, dans les locaux de la zone Gatumba. La zone attend toujours une autre aide promise par ce même ministère. D’après le porte-parole de ce dernier, ils attendent le feu vert des marchés publics pour lancer les soumissions.

« Nous sommes d’accord pour être délocalisés »

Les experts préconisent trois solutions. La construction des caniveaux, des maisons qui peuvent résister aux aléas climatiques ou la délocalisation. Pour pouvoir évacuer les eaux dans les premiers temps, les habitants de Gatumba se sont organisés pour tracer un canal de 2.500 m. Pour le chef de zone, il faut de grands caniveaux."Les autorités sont au courant de ce problème depuis longtemps", souligne­t­il. En ce qui concerne la construction des maisons en dur, les habitants de Gatumba rétorquent qu’ils n’ont pas de moyens. Ils demandent plutôt aux autorités habilitées de les délocaliser pour laisser la place à ceux qui ont les moyens.

Des solutions à long terme

A ces questions, le ministre de l’Eau, de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et de l’Urbanisme, Jean Marie Nibirantije, parle de solutions à long terme. Le ministère envisage de tracer des caniveaux là où c’est possible. Les techniciens établiront les plans et la population sera mobilisée pour tracer ces caniveaux. Pour les zones trop inondées, les populations pourront être délocalisées. Mais faute de moyens, le ministre ne donne pas d’échéances ni pour la canalisation ni pour la délocalisation. Du côté des sinistrés, l’on murmure que la patience a ses limites.

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