Ce dimanche 29 décembre, les populations des zones de Buterere et Gihosha ont exprimé leur désarroi face aux dégâts causés par les inondations qui s’intensifient ces derniers jours.
16 heures. Nous sommes à la limite du quartier Kinyankonge et du quartier Buterere. Il est très difficile d’atteindre les maisons dévastées par les inondations causées par la pluie de ce vendredi 27 décembre 2019. La ruelle est impraticable. Au bout de celle-ci, le portail qui accède au domicile de Marc Ndikumana. A l’intérieur de l’enclos, matelas, cadres de photos, bassins remplis d’habits, … tout est exposé au vent. Un cadre de désolation s’offre au visiteur. Le propriétaire des lieux, t-shirt bleu et pantalon noir, exprime sa détresse. « J’ai dû mettre mes enfants à l’abri dans une autre famille car vous constatez vous-même qu’ici, la vie est impossible. » Le mur du salon qui donne sur l’extérieur s’est écroulé. De la terre boueuse s’est amoncelée dans tous les recoins de la maison. De part et d’autre, des fils électriques pendouillent. Difficile d’imaginer qu’avant-hier encore, cette pièce tenait lieu de salon. « Je n’ai pas les moyens de reconstruire ma maison. Mais en même temps, je n’ai nulle part où aller. Je passe désormais la nuit sur la terrasse ». Cet habitant avance également que les autorités du secteur, averties, sont aux abonnés absents.
K.M est voisine de M. Ndikumana. Elle témoigne qu’au moment des inondations, l’eau atteignait 1m de hauteur. « C’était effroyable ». Cette femme demande un aménagement urgent de la rivière Kinyankonge à l’origine de ce désastre. « L’aménagement des berges de cette rivière reste la meilleure option face à ce problème d’inondations. Sinon, on n’avancera pas d’un pouce. »
Dans le quartier Kuwinterekwa dans la zone Gihosha, même scène de désolation. Ce quartier a été le théâtre d’une grande vague d’inondations il y a une semaine. Depuis, le décor des lieux n’a presque pas changé. De la boue partout, des terrains glissants, les berges de la rivière Cari qui menacent toujours les habitations alentour. Une odeur désagréable imprègne l’air. « Ce sont les produits désinfectants que les autorités sanitaires ont répandu en ces lieux pour contrecarrer l’odeur des cadavres en décomposition », précise un habitant rencontré sur les lieux, un homme d’un certain âge. Et des morts, il y en a eu plusieurs ici. « Sept personnes sont décédées sur ce terrain que vous voyez devant vous », raconte K.L, une dame mature, cheveux naturels et habillée de pagnes multicolores. Dans la nuit du samedi 21 décembre, elle a vu la clôture de l’enclos voisin s’effondrer sur sa maison. « Ce qui s’est passé ici me laisse sans voix. A côté de chez moi, une mère et sa fille sont mortes, emportées par les courants d’eau. », Témoigne K.L, qui reste bouleversée une semaine après le drame. Elle relate qu’une peur panique s’empare des habitants survivants à chaque pluie. « A chaque fois que la pluie tombe, on ne dort plus la nuit. Nous nous pointons dehors pour surveiller les alentours de nos maisons. » A quelques mètres de là, un établissement scolaire a accueilli les sinistrés du quartier qui n’ont plus de domicile. Sur place, les nonnes de la Congrégation de Sainte Thérèse procèdent à la distribution de vivres et nourritures. « Nous sommes sorties de notre torpeur face à ce qui est advenu pour venir en aide à ces déplacés qui sont pour nous des frères et sœurs en christ. », affirme G.H, une des sœurs approchées qui précise que l’aide apportée est loin d’être suffisante face aux besoins et au grand nombre de personnes à secourir.
Contacté, l’administrateur communal de Ntahangwa, Eddy-Paul Hakizimana, est resté injoignable.