Dans différents marchés de la ville de Bujumbura, les prix de certaines denrées alimentaires restent élevés, deux semaines après la mesure du ministère des Finances ordonnant l’exonération de la taxe ad valorem de 1,5 % sur ces produits. L’Olucome et les consommateurs appellent le gouvernement à prendre des mesures d’accompagnement.
Selon l’ordonnance de ce 30 mars, le ministère des Finances, du Budget et de la planification économique a indiqué que les importations qui bénéficient de l’exonération de la taxe ad valorem de 1,5 % de la valeur en douane sont celles, entre autres, relatives à l’importation des produits alimentaires dont le haricot sec, le riz, la farine de manioc, le sucre, la farine de maïs, le manioc et les graines de maïs.
L’article 81 de la loi portant fixation du budget général pour l’exercice 2022-2023 institue une taxe ad valorem de 1,5 % de la valeur en douane sur toutes les importations, exceptions faites à celles exonérées par d’autres lois, les conventions internationales, traités ratifiés et contrats internationaux signés par le Burundi.
Au marché dit Cotebu au nord de la ville de Bujumbura comme au marché de Musaga au sud, les prix de certains produits alimentaires comme le haricot et le riz tanzanien continuent de monter en flèche.
Ce 12 avril, le prix d’un kilo de haricot dit Kinure est à 3 800 BIF. Un kilo de haricot dit Kirundo coûte 3 600 BIF. Le prix par kg du riz tanzanien varie entre 5 500 et 6 000 BIF. Celui du riz local varie toujours entre 3 500 et 3 700 BIF. Depuis janvier cette année, les prix de ces denrées ont connu une hausse variant entre 500 et 1500 BIF.
« Vu le niveau d’inflation actuel, cette mesure d’exonération risque de ne pas changer grand-chose sur les prix actuels. Vous voyez que les prix du haricot et du riz continuent de monter. Au cours des deux dernières semaines, le prix par kg de haricot était à 3500 BIF », explique un commerçant des denrées alimentaires au marché communément appelé Cotebu.
Il espère qu’avec la prochaine récolte du haricot et du riz, les prix vont diminuer considérablement. Pour lui, le gouvernement du Burundi devrait plutôt prendre des mesures visant à augmenter et protéger la production locale afin de surmonter cette hausse généralisée des prix.
Le prix des grains de maïs en baisse
Depuis ces derniers jours, le prix par kg des grains de maïs a chuté de 2400 à 1700 BIF dans différents marchés. Pour certains commerçants rencontrés au marché de Musaga au sud de la ville de Bujumbura, cela serait le résultat de la récolte de maïs en cours dans tout le pays : « Cela n’est pas le résultat de l’exonération. Tous ces grains de maïs que nous vendons proviennent de la production locale. Les prix du maïs importés restent élevés ».
Pour certains consommateurs rencontrés dans ce marché, la baisse du prix des grains de maïs serait un signe avant-coureur de la baisse généralisée des prix des denrées alimentaires. Cependant, ils fustigent les commerçants spéculateurs. « Les commerçants ont une part de responsabilité dans cette hausse des prix des denrées alimentaires. Ils ont profité de l’inflation pour spéculer sur les prix », estime A.H., habitante du quartier Kamesa.
Cette dame appelle le gouvernement à réguler les prix des denrées alimentaires à partir du producteur jusqu’au consommateur pour mettre fin à la spéculation.
« Cette mesure d’exonération va profiter aux commerçants »
« Cette mesure d’exonérer certains produits de taxe ad valorem de 1,5 % est une bonne chose, mais c’est vraiment insuffisant. Elle ne peut en aucun cas diminuer les prix sur le marché. Avec l’inflation de près de 30 %, cette mesure ne va rien changer », explique Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome (Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques).
Pour lui, ce sont les commerçants qui vont profiter de cette mesure en premier lieu : « Même dans le passé, le gouvernement a diminué les taxes sur les produits alimentaires importés, mais sans mesures d’accompagnement, ce sont les commerçants qui en ont toujours bénéficié».
Selon Gabriel Rufyiri, les prix continuent de monter, car le principe de la loi de l’offre et de la demande est déséquilibré : « Comme la demande est très forte alors que l’offre est faible, c’est évident que les prix continuent à monter en flèche ».
Le président de l’Olucome appelle le gouvernement du Burundi à mettre en place une commission indépendante composée d’hommes d’affaires, des cadres du ministère du Commerce, de la CFCIB, de la société civile, et bien d’autres personnes concernées pour le suivi de la mise en œuvre de cette mesure d’exonération afin que les citoyens puissent en tirer profit.
Il recommande aussi l’augmentation de la production : « Quand il n’y a pas de production suffisante, les prix augmentent. Il faut la modernisation de l’agriculture, la libération et l’extension des espaces arables, la disponibilité des fertilisants en quantité suffisante pour augmenter la production ».
Selon les données fournies par l’Institut national de la statistique du Burundi, le taux d’inflation générale était à 28,0 % au mois de février 2023. Pour les produits alimentaires et boissons non alcoolisés, le taux d’inflation s’élevait à 40,9%.
Turabaho nyene bukebuke
1. Vous ecrivez:« Cette dame appelle le gouvernement à réguler les prix des denrées alimentaires à partir du producteur jusqu’au consommateur pour mettre fin à la spéculation… »
2. Mon commentaire
Sous le pouvoir sovietique dans l’ancienne URSS, le prix des denrees alimentaires etait effectivement regule du producteur jusqu’au consommateur car C’EST L’ETAT MEME qui produisait (dans les fermes agricoles appelees khalkozes et sovkozes), transportait et se chargeait de la distribution jusqu’au consommateur.
Le regime burundais est different, c’est le jeu de l’offre et la demande.
Avec les moyens qu’il a le gouvernement utilise le systeme de subvention en payant environ 40% du prix des engrais. Je crois que c’est plus efficace de subventionner le producteur plutot que subventionner le consommateur.
Et meme quand l’Etat essaie d’aider le consommateur en supprimant la taxe de 1,5%, ca ne suffit pas pour reduire les prix car l’inflation entre mars 2022 et mars 2023 est d’environ 32-33%.
Par exemple le parti Kenya Kwanza qui est aujourd’hui au pouvoir au Kenya avait promis de subventionner l’engrais et les semences selectionnes dans son manifeste electoral.
« A farmer may see the cost of diesel as the main challenge while, in fact, the problem is low productivity. The same applies to fixed costs such as labour, since weeding an acre that yields 10-bag or 25-bag crop takes the same amount of labour. By enhancing productivity through access to affordable inputs, including fertiliser and certified seeds, the farmer will earn more and subsequently reduce the six million bags imported annually and lower the cost to the onsumer… »
https://uda.ke/downloads/manifesto.pdf
À mon avis,Il faut étudier des politiques pour améliorer le secteur agricole afin d’augmenter la production
@Igiraneza Rodrigue
Ce que vous dites est vrai, mais le citoyen burundais lambda doit avoir un sens de responsabilite et se limiter au nombre d’enfants dont chaque famille peut s’occuper correctement.
Et puis il faudra restorer la fertilite du sol qui est acide sur 75% de l’etendue du territoire burundais.
1. Vous ecrivez:« Selon Gabriel Rufyiri, les prix continuent de monter, car le principe de la loi de l’offre et de la demande est déséquilibré : « Comme la demande est très forte alors que l’offre est faible, c’est évident que les prix continuent à monter en flèche »…
Il recommande aussi l’augmentation de la production : « Quand il n’y a pas de production suffisante, prix augmentent. Il faut la modernisation de l’agriculture, la libération et l’extension des espaces arables, la disponibilité des fertilisants en quantité suffisante pour augmenter la production »… »
2. Mon commentaire
a). Ici moi je ne vois pas de difference entre ce que dit Gabriel Rufyiri et les discours du president Evariste Ndayishimiye et de son premier ministre qui ne cessent de precher que l’avenir du Burundi est dans l’agriculture.
b). Je crois que le gouvernement devrait etre capable d’evaluer si le programme d’exoneration produit les resultats escomptes. C’est lui qui est suppose avoir des experts en commerce. Si non on va tomber dans la paralysie/AKAJAGARI avec d’inutiles grandes commissions pour tout simplement satisfaire la societe civile.
Comment espérer qu’un commerçant qui a importé le grain de maïs quand le dollar valait 3.400 FBu et qui doit l’acheter à 4.200 FBu puisse revoir à la baisse son prix actuel? Cette hausse du dollar ou cette dévaluation du franc burundais, va-t-elle s’arrêter ou pas? Sur base de quoi? Si des réponses ne sont pas claires, pourquoi un commerçant déciderait autrement…? Illusion.