Inès Niyera, 19 ans, fait parler d’elle sur les scènes de karaoké de Bujumbura. Rencontre avec cette étoile qui se fait une place de choix dans le concert live burundais.
Sa petite taille, son air de fillette et sa « voix de sirène » sont tout ce qui fascine les amoureux de karaoké au bar « Peace and Love ». Tous les week-ends « la petite de 12 ans » ou « 15 ans », ainsi qualifiée de tous les âges, ne manque pas d’émouvoir le public par son mimétisme impressionnant.
Samedi 6 juillet, il est 20h. Les batteries commencent à retentir au célèbre bar du concert live. Un morceau instrumental pour attirer les mélomanes aux alentours puis quelques chanteurs habituels au micro pour agrémenter le premier verre de quelques spectateurs déjà sur place.
Ce n’est que plus tard, vers 22h, que « la petite » chouchou du public apparaît sur scène, un sourire timide. Dans sa robe noire dépassant largement les genoux, Inès commence à peine à interpréter les « old school » de Whitney Houston et Céline Dion et un « waouh » se fait entendre ici et là.
« C’est qui cette petite ? Elle a une voix incroyable, en plus… » Surprise et admiration se lisent sur de nombreux visages qui viennent de la voir pour la première fois. Certains auront du mal à se retenir. Trois spectateurs courent sur scène, l’un après l’autre, pour la gratifier d’un pourboire.
La Céline Dion du Burundi ?
Tout est parti à l’âge de 13 ans, en 2014, dans une chorale. « C’est là où mon talent a été découvert». Dès lors, elle sera invitée à chanter dans des fêtes de mariage, diplômes, etc. Elle commence déjà à gagner un peu d’argent.
Un beau soir, alors qu’elle s’amusait dans un karaoké, un animateur qui connaît son talent la surprend et l’invite à chanter sur scène. C’est parti pour une « belle aventure ». A chaque fois qu’elle se produisait sur scène, son talent s’imposait à tous. De Safi Beach, à Peace and Love, en passant par chez Ntiba… Inès laisse une trace sur les scènes karaoké de la capitale.
Cette élève au Lycée municipal de Buyenzi, en terminal, confie que la musique devient sa passion. « Je suis très fière de plaire au public », se vantera-t-elle, riant aux éclats.
A sa grande surprise, ce qu’elle faisait comme un « simple amusement » devient un « vrai business ». Elle affirme qu’elle gagne une somme « non négligeable » par mois, capable de payer le loyer, la ration, un vêtement neuf chaque week-end…
Outre son salaire journalier, Inès indique recevoir des pourboires « plus ou moins énormes ». « Un jour, j’ai eu 100 mille BIF, d’un coup », confiera-t-elle, encore sous l’émotion. Elle affirme recevoir pas moins de 20 mille BIF de pourboire chaque jour. Elle chante trois jours par semaine.
Son idole : Céline Dion. Elle dit imiter sa voix car « naturelle, elle ne nécessite pas d’être travaillée ».
Cette native de la zone Musaga a déjà sorti une chanson, en 2017, intitulée Enfant isolé, disponible sur YouTube. Issue de parents séparés, « Inès Raguel », de son nom de musicienne, a elle-même composé cette « true story » inspirée de sa vie réelle.