Samedi 23 novembre 2024

Politique

OAG : « Vers le rejet du consensus et le triomphe de l’unilatéralisme en politique »

03/12/2013 5

L’Observatoire de l’action gouvernementale (OAG) dresse ce constat dans son étude du projet de révision de la Constitution, un document présenté lors d’une conférence de presse ce lundi 2 décembre à Bujumbura.

Godefroid Manirambona, président de l’OAG ©Iwacu
Godefroid Manirambona, président de l’OAG ©Iwacu

« Alors que les Burundais s’étaient entendus à Arusha que pour avoir une société sans conflits et violences politiques, il faut instaurer la démocratie et la bonne gouvernance, l’analyse objective du projet constitutionnel actuel montre une certaine rupture avec l’Accord d’Arusha et son esprit », indique Godefroid Manirambona, président de l’OAG. Selon lui, la fonction politique du régime politique est d’ « unir, rassurer et réconcilier tous les Burundais ». Et cela, tout en veillant à ce que le gouvernement puisse être au service du peuple burundais, source de son pouvoir et de son autorité.

Il ajoute que la séparation des pouvoirs, la primauté du droit et les principes de bonne gouvernance ainsi que la transparence dans la conduite des affaires publiques doivent être respectés. M. Manirambona rappelle que la volonté du gouvernement d’associer directement les citoyens au processus de prise de décision caractérise la bonne gouvernance. Et cela, précise-t-il, pour arriver à une sorte de coproduction des choix publics. Or, constate-t-il, le gouvernement semble moins disposé à associer ses partenaires politiques et sociaux dans ce projet de révision de la loi fondamentale. De surcroît, il exige le retrait de ce projet de révision afin que tous les partenaires puissent donner leurs contributions.

Des conséquences catastrophiques

Si le gouvernement ne s’exécute pas, les conséquences sont alarmantes. Le Burundi, pris comme modèle dans la résolution pacifique des conflits va noircir son image au niveau mondial : « Depuis 2000, avec l’Accord d’Arusha et ses conclusions, les Burundais avaient prouvé au monde entier la volonté de reconstruire leur pays et de se réconcilier (…) » Ce n’est pas tout : Le Burundi est aussi signataire des différentes conventions, déclarations et chartes internationales visant l’édiction des règles de convergence constitutionnelle. C’est le cas, précise-t-il, de la déclaration de Bamako adoptée en 2000 et la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance du 30 juin 2007.

Pour lui, ledit projet consacre un déséquilibre entre les pouvoirs. Ce qui viendrait, regrette-t-il, compromettre la bonne collaboration entre ces derniers. Il consolide par ailleurs les pouvoirs du président de la République au détriment du pouvoir législatif. Une situation pouvant être à la base de l’instabilité gouvernementale. « Or, dans une démocratie, le principe est de tendre vers un équilibre entre les pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) », fait-il remarquer tout en ajoutant que la réconciliation aussi sera de plus en plus compliquée. M. Manirambona rappelle que dans les garanties de la réconciliation, il y avait entre autres l’institution de la vice-présidence et la place accordée aux partis minoritaires dans la gestion du pays. C’est aussi l’instauration de certains conseils nationaux pour le renforcement d’une culture démocratique et de cohésion sociale.

Forum des lecteurs d'Iwacu

5 réactions
  1. CONSTITUTION ETHNIQUE

    Qu’on nous laisse notre Constitution basée sur les ETHNIES, ça sécurise tout le monde.
    Mais aussi qu’on fonce ces quotas dans tous les secteurs de la vie du Pays, tous, tous alors.
    Les postes doivent être comptés, à l’armée, à la police, au gouvernement, au parlement, dans des banques, à l’hôpital, à la justice, à la société civile, dans les ambassades, dans les ONGs, dans les agences de l’ONU, bref dans tout ce qui est public. Qu’on crée aussi des entreprises privées où tous trouvent leurs comptes.

  2. umwami

    Godefroid a parfaitement Raison mais il fallait des Hommes : d’une part il y avait Pierre Buyoya et d’une autre part le frodebu avec ses têtes pensantes.
    Ce n’était pas facile je me souviens au péril de sa tête Buyoya a tout endossé. Et aujourd’hui où est-il?
    Mais aujourd’hui, nous accusons un grand recul, le peuple est divisé, les partis politiques, les jeunes,…. en plus d’être exterminés (gatumba, muyinga, manirumva,….) et d’autres cas d’exécutions extra judiciaires.
    Il est grand temps qu’il y ait UN AUTRE ARUSHA, non pas seulement pour étudier la révision de la constitution telle que tripartouiller par le cnddfdd mais pour élucider d’autres questions sociétales (évaluation de l’unité) car il y a eu trop de démolitions pendant ces 10 années de règne de la jungle.

    • Backary

      @umwami
      « Mais aujourd’hui, nous accusons un grand recul, le peuple est divisé, les partis politiques, les jeunes,…. en plus d’être exterminés (gatumba, muyinga, manirumva,….) et d’autres cas d’exécutions extra judiciaires. »
      Il y a d’autres jeunes que tu oublies (probablement volontairement): ceux qui sont partis à l’aventure au Congo, et qui sont encore concés là-bas car ont peut-être fait des choses pas très catholiques!!!

    • OAG nous racconte ce qu’il souhaite nous racconter. Mais les faits sont là ! 13 ans après Arusha où sommes nous ? On remarque que la grande réforme de la fonction publique n’a pas pu avoir lieu (à cause …) … Les forces de sécurité et la Justice sont toujours au main de l’establishment de la Dictature Hima (à des proportions ethniques 75/25). Pourtant Arusha demandait et exigeait les -équilibres- . Le pays est en situation inconstitutionnel sur ces nombreux points ! Accuser le système DD c’est facile mais ce n’est pas lui qui bloque sur tous ces points.
      Arusha a échoué à cause de ceux qui aujourd’hui demandent que l’on poursuive Arusha.
      Les Barundi ne peuvent pas continuer à être bernés car dans un monde de plus en plus complexes ces intrigues coûtent de plus en plus cher financièrement à chaque citoyen Burundais (mais surtout pour leurs enfants qui auront à payer la dette) … DAM

      • GAHUNGU

        Il faut plutôt élaguer de la constitution des articles devenus obsolètes comme les articles de la Loi Electorale. Même si le système actuel des vice-présidents n’a pas été probât, absolument à cause du choix des hommes, et le pouvoir CNDD-FDD qui ne les a pas facilité la tâche, je pense qu’il faut les garder. L’accord d’Arusha comme son titre l’indique est un échec à cause de son application, il n’a permis que l’arrivée au pouvoir des gens qui n’y croyait pas, et la réconciliation s’est faite entre le CNDDFDD lui même et seul. Il ne faut pas croire ce que raconte le président qui monopolise sa radio, la réalité sur terrain est tout autre, les cas les plus parlant sont dans toutes les provinces comme Kirundo, Bururi, Buja Mairie, Ngozi etc…

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