A Ruyigi : deux ou trois patients sont obligés de partager une seule poche de sang … Ce qui est compréhensible, quand on constate la quantité de sang disponible au niveau national.
L’hôpital du district Ruyigi ©IwacuC’est Isidore Ntiharirizwa, médecin directeur de l’hôpital Ruyigi qui parle : « En juin, nous avons effectué 63 transfusions sur 88 personnes qui avaient besoin de sang. Et là encore, nous avions fait beaucoup de gymnastique. »
Depuis, la situation s’est empirée : « On est désormais obligé de diviser une poche en deux ou en trois parties, surtout chez les enfants, afin de satisfaire tout le monde.
Des fois, les infirmiers sont contraints de donner seulement des médicaments pour remplacer le sang ou carrément transférer les patients dans d’autres hôpitaux, à Gitega ou à Mutoyi.
Et à la mi-journée de ce jeudi 18 juillet 2013, l’hôpital de Ruyigi était à court de sang : aucune poche dans le stock.
A l’hôpital Rema de Ruyigi, la crise des poches de sang est perpétuelle. La situation de ce complexe hospitalier est tout à fait exceptionnelle : « Cinq hôpitaux de Ruyigi et deux de Cankuzo transfèrent leurs patients chez nous », rappelle Omer Cimpaye, médecin directeur de cet hôpital. Avec une moyenne de 4 transferts d’anémie grave chaque jour, l’hôpital Rema avait prévu d’utiliser 1 million de Fbu par semestre pour le sang : « Nous nous sommes retrouvés avec 6 fois plus de dépenses, sans parler des frais de carburant pour aller à Bujumbura au moins 2 fois par semaine », explique le Dr Cimpaye.
La question de la quantité reste aussi posée : « On ne reçoit pas toujours la quantité voulue.» Le Centre national de transfusion sanguine (CNTS), poursuit-il, peut vous donner 5 poches alors que vous en avez demandé 20. Pour compenser, il arrive qu’un malade qui devait avoir 3 poches de sang reçoive une seule. »
Et les chiffres de cet hôpital soulignent mieux cette carence : en avril 2013, 450 personnes avaient besoin d’une perfusion. Seules 81 ont pu en bénéficier. Même chose qu’en juin : 85 transfusions seulement sur les 370 nécessaires.
Et les conséquences de cette pénurie sont nombreuses : décès, reports des opérations qui engendrent des complications pour les patients, perte de confiance de la population dans les institutions sanitaires, etc.
Pour illustrer cette carence dans les hôpitaux, voici ce jeudi 18 juillet 2013 à midi, la situation des poches de sang disponibles d’après les chiffres de la CNTS, dans les 5 centres régionaux de collecte de sang :
En tout, 81 poches de sang déjà collecté pour tout le pays alors que la consommation journalière nationale de sang est de 300 poches.
Répartition géographique inéquitable des postes de transfusion
Le directeur de l’hôpital de Rema ne s’arrête pas là, soulignant qu’il y a une répartition inéquitable au niveau des 5 centres régionaux de collecte de sang : « Comment un centre comme Ngozi qui possède 9 banques (hôpitaux) de sang a 2 postes de transfusion sanguine alors que Gitega, avec 17 banques, n’en a aucune. L’hôpital de Murore à Cankuzo par exemple est obligé de se rendre à Bujumbura pour se procurer du sang. Cela coûte, en dépenses inutiles. » Toutefois, il reconnaît que le CNTS leur sert le sang équitablement et assure une garde 24 heures sur 24.
Pour inverser la tendance, explique-t-il, il faudrait décentraliser le système de collecte de sang en créant de petits postes de transfusion sanguine dans toutes les provinces. Mais aussi organiser des campagnes de sensibilisation de la population sur l’importance du don de sang.
c,est une blague ou koi ?