Avec un score de 39,7 sur 100, le pays se classe à la 170ème sur 176 et 44ème sur 47 en Afrique subsaharienne, tels sont les résultats fournis par l’Index of Economic Freedom 2025 de The Heritage Foundation. Un classement qui révèle les défis structurels majeurs et qui illustre un environnement économique entravé et peu attractif pour les investisseurs.
Selon le classement publié, mardi le 4 mars, l’Index of Economic Freedom évalue 176 pays à partir de 12 indicateurs répartis en quatre catégories principales : l’état de droit (incluant la protection des droits de propriété, l’intégrité gouvernementale et l’efficacité judiciaire), la prépondérance du gouvernement dans l’économie, l’efficacité réglementaire et l’ouverture des marchés.
Chaque pays se voit attribuer une note de 0 à 100 ; un score entre 80 et 100 définit une économie « libre », tandis qu’un score inférieur à 50 indique un environnement répressif.
Pour l’édition 2025, les données collectées du 1ᵉʳ juillet 2023 au 30 juin 2024 montrent que le Burundi se situe bien en deçà de la moyenne mondiale, estimée à environ 60, ainsi que de la moyenne régionale en Afrique subsaharienne, qui est d’environ 54.
Les déficiences structurelles du Burundi ressortent clairement de l’évaluation. La protection des droits de propriété, avec un score de 28,6 sur 100. Le système judiciaire, affichant seulement 7,4 sur 100, est l’un des plus défaillants selon le classement. L’intégrité gouvernementale est notée 14,2 sur 100.
Les libertés financières et commerciales sont également limitées, avec une note de 50,8 pour la liberté financière et seulement 30 pour celle des échanges commerciaux. Enfin, la santé fiscale, évaluée à 12,2 sur 100.
Conséquences sur l’attractivité des investissements
Ces lacunes structurelles se traduisent par une perte de confiance des investisseurs étrangers. Bien que le gouvernement ait organisé, en décembre 2024, une conférence des investisseurs dans le but de mobiliser des ressources pour financer son plan de développement, les indicateurs économiques peinent à suivre.
Dans ce contexte économique, l’économiste André Nikwigize expose clairement les obstacles qui entravent le développement du pays. En commentant cette position du pays sur x, il a insisté sur le fait que « Un tel rapport sur l’état de liberté économique n’incite pas les investisseurs à venir investir au Burundi et il est peu probable que le niveau d’investissement privé étranger puisse s’accroître. La forte prévalence de la corruption, l’inflation à 40 pour cent, le faible niveau de liberté des marchés et la rareté de la main-d’œuvre qualifiée constituent autant d’obstacles ».
Ces propos illustrent l’ampleur des difficultés structurelles qui minent la confiance des investisseurs. Cet économiste poursuit en déclarant que depuis plusieurs années, la tendance est à la baisse. « La liberté économique au Burundi n’a cessé de baisser. Il était de 53,9 en 2016, 49,9 en 2020 et 39,7 en 2025. La situation en 2026 ne sera pas meilleure, étant donné les violations massives des droits de l’homme constatées déjà en ce début de 2025, l’état de droit défectueux, l’inefficacité du système judiciaire, le faible niveau de l’intégrité gouvernementale et l’absence de liberté des investissements. Le niveau de liberté économique sera encore plus faible », explique-t-il.
Les obstacles selon Faustin Ndikumana
Pour le directeur national de Paroles et actions pour le réveil des consciences et le changement des mentalités (Parcem), la liberté économique repose sur la possibilité d’entreprendre, d’investir et de créer des entreprises dans divers secteurs. Selon lui, le Burundi se heurte à de nombreuses entraves qui limitent cette liberté, tant sur le plan politique qu’administratif. « La liberté économique tient à la liberté d’entreprendre, d’investir, à la création d’une entreprise, à une entreprise industrielle, à une entreprise commerciale, à une entreprise de biens et services dans le domaine qu’on désire, dans un endroit qu’on désire, selon ses facultés, selon ses potentialités. Mais on constate que dans plusieurs pays, même ici au Burundi, il y a beaucoup d’entraves ».
Il explique également que les obstacles politiques et diplomatiques, tels que les problèmes entre nations et la discrimination, freinent le commerce transfrontalier et le développement économique.
« Il y a des entraves politiques. Il y a, par exemple, ces problèmes diplomatiques entre nations, qui limitent ce commerce transfrontalier. Il y a ces problèmes de discrimination. Il y a des considérations politiques, parfois, pour permettre à quelqu’un d’avoir des avantages ».
Cet économiste explique également que les procédures administratives font partie des entraves qui freinent les libertés économiques dans notre pays.
« Il y a des enjeux administratifs, il y a des barrières non tarifaires, le temps qu’on perd dans les tracasseries administratives, notamment le dédouanement, les entraves économiques, selon les droits de douane ici, les libertés, les mouvements de capitaux, les problèmes fiscaux. Il y a l’accès au crédit, le niveau faible d’infrastructures ».
L’économiste évoque également l’accès difficile au crédit et le manque d’infrastructures adaptées. « Il y a l’accès au crédit, le niveau faible d’infrastructures. Tout cela limite la liberté économique. Il y a un problème de concurrence, la protection de la justice, l’égalité de tous devant la loi, la compétition. Ce sont là des problèmes qui limitent la liberté économique ici, dans notre pays », fait-il savoir.
Le rôle de la justice est crucial pour protéger les investisseurs, mais le président de l’association Parcem note des failles. « Vous savez que même la justice ici est loin de protéger les investisseurs. C’est une limite, c’est une faiblesse qu’on a. On l’a vu même dans plusieurs réunions qu’on a organisées », confie Faustin Ndikumana.
Pour le président de la Parcem, l’obligation de vendre le maïs auprès de l’ANAGESA seulement ainsi que les restrictions imposées à la circulation de motos, de Tuk-Tuk et de vélos illustrent parfaitement les violations typiques de la liberté économique au Burundi.
« Par exemple, tous ces principes de fixation de prix de l’ANAGESA, où les agriculteurs se voient imposer la vente de leurs récoltes ici, relèvent de la limitation de la liberté économique. Les mesures prises pour limiter la circulation des motos et d’autres dans certains espaces, alors que cela ne respecte pas la loi, tout cela relève de la limitation de la liberté économique ».
Pour inverser la tendance, Faustin Ndikumana prône des mesures concrètes. « On devait faire des efforts, on pourrait quand même essayer de prendre des mesures pour enlever toutes ces barrières, parce qu’il y a plusieurs pays qui ont su surmonter ces difficultés ».
L’association Parcem demande qu’une réunion pour analyser ces limites soit organisée. « Nous demandons qu’il y ait vraiment un cadre d’échange et de réflexion pour voir tout ce qui limite la liberté économique au Burundi, parce que le pays ne pourra pas décoller, cette vision ne pourra pas être mise en application une fois que la liberté économique ne sera pas priorisée ».
Peut être qu une comparaison avec Les scores des pays limitrophes serait plus illustratif de la performance du Burundi. Merci
votre article est interessant. Merci A la redaction de nous indiquer comment l’on peut se procurer du document complet.