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Incendie du marché central : le rapport de la gestion …

05/05/2013 Commentaires fermés sur Incendie du marché central : le rapport de la gestion …

Le rapport de la Commission chargée de faire la lumière sur l’incendie du marché central a conclu à une origine accidentelle du sinistre. Mais il semble que les enquêtes ont plus porté sur la gestion de l’ancien marché. Une contre-expertise est d’ores et déjà réclamée.

<quote>[Le rapport de la Commission nationale d’enquête sur l’incendie du marché central de Bujumbura->http://www.iwacu-burundi.org/IMG/pdf/rapport_MCB%20Incendie.pdf]</quote>

<doc7568|right>La Commission chargée de faire la lumière sur l’incendie qui a ravagé le marché de Bujumbura a produit son rapport, a annoncé vendredi 22 mars le procureur général de la République, Valentin Bagorikunda, au cours d’une conférence de presse: “S’agissant de la cause du sinistre, il ressort des investigations menée par la commission que l’incendie qui a ravagé le marché central de Bujumbura est d’origine accidentelle.”L’explosion d’une batterie branchée à des appareils électriques a été à l’origine de cet incendie, ce qui n’est pourtant pas attesté par les experts français *.
Il a ajouté que cette Commission a également constaté une gestion frauduleuse du marché par la Société de Gestion du Marché Central de Bujumbura – Sogemac, en complicité avec certaines autorités de la mairie de Bujumbura.Mais la commission n’a pas trouvé d’éléments qui attestent un quelconque lien entre cette mauvaise gestion et l’incendie du 27 janvier 2013. Pour l’aider dans son travail, la Commission a commandité une expertise scientifique d’experts français.

Selon le rapport de la Commission, le marché était gardé de nuit par des gens incontrôlés et inconnus alors que le contrat obligeait la Sogemac de recruter les agents d’une société de gardiennage spécialisée. Quant aux pompiers de la société de gestion, ils étaient inexpérimentés et dépourvus de matériel adéquat, alors que les bouches d’eau avaient un faible débit. De plus, des stands avaient été construits sur certaines d’entre elles.
Ce rapport stipulait également que la Sogemac avait installé des stands d’une façon désordonnée, ce qui ne facilitait pas le passage des camions anti-incendie en cas d’intervention.

Des faux coupables …

Concernant la propagation de l’incendie, ce rapport mentionne que le feu s’est rapidement étendu à cause de la ventilation naturelle du marché, lequel renfermait beaucoup de marchandises très inflammables. A cela, il faut ajouter que la structure du bâtiment ne possédait pas de murs ou cloisons pouvant retarder la propagation de l’incendie.

Quant à l’absence du camion anti-incendie habituellement affecté au marché central, la police de la protection civile a indiqué à la commission qu’il avait été déplacé au Bureau Spécial de Roulage (BSR), qui reçoit habituellement les messages de détresse en cas d’incendie, tous les autres véhicules anti-incendie étant en panne.
Cependant, Pacifique Nininahazwe, délégué général du Forsc, estime que les résultats de cette enquête sont partiels et peu convaincants. Selon lui, il y a anguille sous roche : « S’il (le camion) avait été déplacé au poste du BSR pour répondre aux demandes de secours, pourquoi n’est-t-il intervenu que lorsque l’incendie avait pris une ampleur qui ne pouvait plus être maitrisée ? Le poste du BSR se trouvait pourtant à moins de 10minutes du marché. »

En demandant une contre-expertise, Pacifique Nininahazwe trouve que le gros du travail de cette Commission s’est focalisé sur les arrestations à titre préventif de personnes qui étaient chargées de la gestion de ce marché, « les accusant d’une gestion frauduleuse, ce qui aurait empêché les camions anti-incendie d’entrer dans ce marché. » Pourtant, il indique qu’il fallait se focaliser d’avantage sur ceux qui n’ont pas joué leur rôle et ce qui aurait entrainé l’incendie du marché. Et, dans ce cas, ce serait l’intervention tardive de la police anti-incendie « parce que la conclusion de la Commission est que si l’intervention avait été rapide, le feu aurait être maîtrisé dans le stand d’origine de l’incendie. »

<doc7569|left>Qui n’a pas fait quoi ?

Car, même si la Commission critique le service anti-incendie de la Sogemac, il semble pourtant qu’il a fait son devoir. D’après J.-B. N., ancien agent de cette société, la Sogemac avait deux pompiers et disposait d’une cinquantaine d’extincteurs pour combattre un début d’incendie : « Deux pompiers sont insuffisants face à un grand feu, mais ils peuvent éteindre un début d’incendie, ce qu’ils ont d’ailleurs fait avant d’appeler la police de protection civile, face à l’importance du feu. » J.-B. N. ajoute qu’il y avait au moins neuf bouches d’eau, toutes fonctionnelles, tout autour du marché, sur lesquelles se sont d’ailleurs ravitaillés les camions citernes venus combattre le feu. Il précise encore quele service d’exploitation de la Sogemac contrôlait chaque samedi l’état des poteaux d’eau et que les installations électriques étaient parfaites.

J.-B. N. se souvient aussi que le camion anti-incendie alloué au marché entrait presque quotidiennement dans le marché, surtout pour dégager les passages occupés par des vendeurs ou certains stands alors que ces allées sont destinées au va-et-vient des véhicules en cas d’incendie: « si le marché a entièrement brûlé, ce n’est certainement pas à cause de ces passages qui auraient été bouchés. »

Une diligence suspecte…

Selon le rapport de la commission d’enquête sur l’incendie du marché central de Bujumbura, le feu, causé par l’explosion d’une batterie, a pris dans le stand d’un certain Védaste Gasangwa. D’après Me André Ndikumana avocat de Védaste Gasangwa, la commission avait accusé son client d’être l’auteur de l’incendie qui a ravagé le marché central. La batterie qui aurait déclenché le feu se trouvait dans son stand, ainsi que des bidons d’essence, ce que Védaste a toujours nié, en jurant qu’il ne vendait que des habits. Ce qui a été confirmé devant la Commission par les deux pompiers de la Sogemac, un temps arrêtés puis relâchés. Pourtant, des membres de la Commission ont perquisitionné chez le commerçant incriminé pour chercher des produits inflammables, comme si les enquêteurs connaissaient déjà les causes de l’incendie, remarque Me Ndikumana.

Arrêté, plutôt kidnappé, d’après son avocat, par des personnes inconnues, le 2 février (cinq jours après l’incendie), Védaste Gasangwa sera localisé dans le service national de renseignement grâce au tapage de la RPA et aux investigations de l’Aprodh. Le lendemain, il sera remis à la Commission, puis conduit à la prison centrale de Mpimba pour y retrouver l’ancien directeur Général de la Sogemac, Cyprien Horugavye, ainsi qu’une dizaine d’autres détenus, accusés de la même infraction. L’un des arguments de la défense de Védaste sera d’ailleurs de demander le lien entre Cyprien Horugavye et son client, qui n’a été relâché que ce lundi 25 mars.
Dans le dossier sur l’incendie du marché central, seuls Cyprien Horugavye et Evrard Giswaswa sont aujourd’hui à la prison centrale de Mpimba.

<quote>D’après le rapport des experts français, des éléments pouvant entrer dans la constitution d’une installation électrique ont été retrouvés dans la zone de départ de l’incendie. Mais en raison de l’état de dégradation avancé du site après l’incendie, aucun stigmate lié à un incendie d’origine électrique n’a été mis en évidence. La position des éventuels combustibles par rapport aux appareils électriques n’a pas pu être établie. Ce rapport souligne que les investigations sur le site n’ont pas conduit à privilégier l’hypothèse d’un départ d’origine électrique.
En effet, les investigations ont permis d’identifier les composants d’une installation électrique avec pour source d’énergie une batterie sans pouvoir déterminer si la batterie était ou non branchée au moment de l’incendie. Dans le cas d’une batterie débranchée, l’hypothèse d’un départ de feu d’origine électrique peut être écartée.</quote>

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