Pour le Forum pour le Renforcement de la Société Civile, au lieu d’axer son travail sur l’incendie du marché, la Commission chargée d’enquêter sur cette catastrophe ne s’est concentrée que sur la gestion des lieux. D’autres pistes doivent être explorées, clame-t-il.
<quote>[Le rapport de la Commission nationale d’enquête sur l’incendie du marché central de Bujumbura->http://www.iwacu-burundi.org/IMG/pdf/rapport_MCB%20Incendie.pdf]</quote>
<doc7516|right>Selon Pacifique Nininahazwe, le délégué général du Forsc, le gros du travail de cette Commission s’est focalisé sur les arrestations à titre préventif des gens qui étaient chargés de la gestion de ce marché, « les accusant d’une gestion frauduleuse, ce qui aurait empêché les camions anti-incendie d’entrer dans ce marché.»
D’après lui, on a puni ce qui aurait pu arriver et on ne s’est pas focalisé sur ce qui est arrivé, parce que la conclusion de la Commission est que si l’intervention avait été rapide, le feu allait être maîtrisé dans le stand d’origine de l’incendie. « Il fallait se focaliser d’avantage sur ceux qui n’ont pas joué leur rôle et ce qui aurait entrainé l’incendie du marché, ce qui serait dans ce cas l’intervention tardive de la police anti-incendie », insiste le délégué général du Forsc.
Par ailleurs, Pacifique Nininahazwe se demande pourquoi l’inventaire des stands a été effectué juste la veille du sinistre : « Quelques jours avant cet incendie, le maire de la ville venait de mettre sur pied une Commission sur la gestion du marché et paradoxalement la Commission chargée de mettre la lumière sur cet incendie se focalise d’avantage sur la gestion du marché, là il y a anguille sous roche », s’étonne-t-il.
Ce n’est pas tout, au lendemain de cet incendie, souligne Pacifique Nininahazwe, la première réaction des autorités a été de mettre un marché provisoire sur un autre site et d’envisager la construction d’un marché moderne avec des plans établis : « Il fallait que la commission travaille sur cela », signale le délégué général du Forsc.
Une contre-expertise à tout prix
Il se demande en outre où se trouvait, le jour fatidique, le camion anti-incendie habituellement garé tout près du marché. « Il paraît qu’il n’y avait qu’un seul camion anti-incendie à Bujumbura et qu’il se trouvait quelque part. Où se trouvait ce camion et pourquoi il n’a pas intervenu rapidement au marché au moment du début de l’incendie? Il faut trouver aussi une réponse à cette question ».
Le délégué général du Forsc demande également que cette Commission dresse une liste de toutes les personnes arrêtées dans le cadre de cette enquête. Pour lui, une contre-expertise s’impose car les résultats sont partiels et non convaincants. Selon la Commission et selon l’expertise française sollicitée, l’origine d’incendie serait accidentelle, l’explosion d’une batterie, explique Pacifique Nininahazwe, « mais quand il y a expertise, c’est mieux de faire une contre-expertise », note-t-il. « On peut même mettre en place trois équipes d’experts pour savoir ce qui s’est réellement passé ou pour voir s’ils confirment la même origine de l’incendie », signale Pacifique Nininahazwe.
Il a une suggestion : « Je propose qu’on envisage une autre expertise pour essayer de répondre à toutes les questions qui n’ont pas trouvé de réponses dans le travail de cette Commission. Les journalistes peuvent le faire, la société civile pourrait aussi contribuer et le gouvernement pourrait commanditer une autre expertise », conclut le délégué général du Forsc. Il appelle « tous ceux qui ont à donner une contribution de jouer un rôle pour que la lumière soit faite sur l’incendie du marché central de Bujumbura ».