Le Groupe Collège du Saint ESPRIT Promotion 1982 rend hommage à leur condisciple Jean Claude Mporamazina : Economiste burundais,Expert international aux Nations Unies à Genève récemment disparu dans la fleur de l’âge à 57ans.
Jean-Claude
Nous te pleurons notre frère
De larmes profondes
De la perte d’une âme sœur
Il pleut une averse de pleurs
D’une marée intarissable
Ami généreux
Des jours heureux
Que nous vécûmes
Sur les cimes surplombant Kiriri
Rêvant de Kiranga Kir’umwero
Gihanga gihang’umugabo
yihanz’intahe y’Ubushingantahe
Jean-Claude
Ami rayonnant et inspirant
Ami attachant
éclatant de lumière
Arborant sur tes lèvres
Ton sourire indélébile
Chaque jour de ton existence
Homme de valeurs et de Visions
Homme d’action et de Missions
Homme de paix et ami paisible
Homme d’engagement et de sacrifices
Investi pour le bonheur du monde
Et de son pays, le Burundi
Oeuvrant pour la grandeur humaine
Et toujours prêt à se sacrifier
pour le bien de l’Autre
Nous te pleurons, Jean-Claude
Ami de toujours
Nous pleurons ton départ inopiné
Nous pleurons ton silence si assourdissant
Nous pleurons ton absence
Si pleinement remplie
de ta présence silencieuse
Mais nous chanterons toujours
Ton amitié de toujours
Nous réclamerons sans relâche
Ta présence éternelle
Dans notre jeunesse
Et notre vieillesse
La marre intarissable
de ta sagesse
Ensemble, nous passâmes
Une pléthore de jours heureux
Pleins d’innocence et de jeunesse
Dans un élan prometteur
d’un avenir heureux pour le Burundi
Un rêve de jeunesse
Qui tarde à se muer au réel
Mais qui, bientôt, viendra, à coup sûr
Ce rêve sera réalité
Grâce au don de soi
Et à la dignité de ce Grand Peuple
Inspiré du grand héritage de nos ancêtres
les illustres NTARE RUSHATSI
NTARE RUGAMBA
MWEZI GISABO
RWAGASORE
« Ce qui compte, ce ne sont pas les années qu’il y a eu dans la vie.
C’est la vie qu’il y a eu dans les années. » Abraham Lincoln
Que Dieu le tout puissant puisse réconforter votre femme Louise ,vos enfants Clarisse et Désir.
Pour le Groupe CSE 1982:
– Anatole Nzigamasabo “ Burundi” Président
– Bonaventure Gasutwa « Burundi »
– Charles Kaburahe “ Europe”
– Richard Ndayizigamiye « Canada »
– Christophe Ndikuriyo “USA”
Ceux qui souhaitent faire un mot de soutien, un hommage, peuvent l’envoyer à
[email protected]
HOMMAGE A JEAN CLAUDE MPORAMAZINA
Par Bernard NYABURERWA
D’emblée je ne me sens pas totalement légitime de faire cet éloge. Je n’ai finalement partagé avec Mr MPORAMAZINA qu’un petit bout d’une existence somme toute assez brève.
Certes nous sommes tous les deux nés dans une même localité, nos familles étant séparées de quelques enclos que traverse un petit cours d’eau qui tient plus d’un ruisseau que d’une rivière, surtout à certains mois de l’année. Moi j’y suis venu bien longtemps avant lui, et quand ce fut son tour d’y pointer le bout de son nez, j’avais déjà pris le large, pour d’autres horizons.
Pendant longtemps, nous ne nous sommes connus qu’à travers des parents partagés, dont le nombre a été fortement marqué par la proximité des lieux de nos origines. Ses frères ont épousé nos sœurs, nos frères leurs sœurs, rendant du coup nos liens si inextricables que les généalogistes patentés auraient du mal à définir ce casse-tête de parentité. Et cerise sur le gâteau, MPORAMAZINA épousa le moment venu comme ses ainés, une des nôtres, ce qui, quand nous nous sommes connus enfin, facilita énormément les contacts.
Je retiens de Mr MPORAMAZINA deux temps forts qui retracent de mon point de vue, les traits de caractères les plus marquants du personnage. Le premier temps que j’évoque a commencé dans des circonstances loufoques, à un point tel que j’ai dû réfléchir avant de les accoucher sur ce papier. Mais puisque les faits servent une cause plus juste, je m’y suis résolu. Avec l’engagement offert aux protagonistes de ce petit récit, de ne jamais révéler leur identité, comme certains me l’ont demandé.
C’était il y a une dizaine d’années, alors qu’attablé avec des amis, autour de quelques mets succulents, je me vis interpellé par un vieil ami, qui ayant remarqué l’homogénéité du « genre » des convives, m’apostropha à haute voix, me demandant avec sarcasme, l’air un peu potache. « Es-tu sûr Bernard, que les hommes de chez toi aiment leurs femmes ? »
Sans que j’aie le temps de répondre au provocateur indélicat, des cris courroucés se firent entendre autour de moi, les uns plus forts que les autres, expliquant qui mieux mieux, que l’amour n’implique pas l’attelage, que la présence d’une conjointe n’est pas une garantie d’amour, comme le reste d’ailleurs……
Le « vilain », pensant avoir touché sur la corde sensible, et donc sûr de la justesse de ses doutes, s’en amusa davantage. Plutôt que de faire marche arrière, il proposa d’attaquer sur des bases plus concrètes, surenchérissant le pari, consistant à nous demander de lui proposer ne fut-ce qu’un seul cas connu qui démentirait ses doutes.
Cette proposition jeta encore plus de l’huile sur le feu. L’idée de scruter, de jauger et d’évaluer l’intensité et la profondeur des relations des personnes avec leurs tendres moitiés en effraya plus d’un. Des fois sait-on jamais- pensaient-ils – qu’ils ne passent pas haut la main, le regard inquisiteur de leur semblable sur la solidité de leur amour pour leurs conjointes.
Connaissant la malignité de mon vieil ami, je savais que son propos visait plutôt autre chose. Il relevait de ces vielles blagues éculées à force d’être répétées qui suggèrent que certaines personnes d’une certaine région du pays n’ont d’autre amour que pour ce qui est sonnant et trébuchant, suivez mon regard.
Voulant rassurer mes amis sur les « saines intentions » du « trublion » ; je décidai de baisser la tension, en entrant dans le jeu. Je savais d’expérience et de culture que les plaisanteries et les moqueries joyeuses entre groupes de différentes cutures, régions, ou ethnies existent depuis le début des hommes. Elles font le bonheur des peuples et la richesse des humoristes de tout poil, aujourd’hui comme jamais, notamment dans les émissions TV de l’Occident. Elles contribuent à cimenter des liens d’amitié, quand les peuples qui les émettent, les reçoivent ou les subissent (c’est toujours dans les deux sens que cela se fait), sont assez matures pour comprendre le second degré des choses. La boutade de mon ami s’inscrivait dans cette logique.
Je décidai donc de jouer le jeu, mais tout en jetant l’arme puante loin de nous, on ne sait jamais, en choisissant de prendre comme démonstration l’exemple de couples en dehors de notre groupe.
Comme emporté par une inspiration fulgurante, je pus donner le nom d’une personne extérieure au groupe qui de mon point de vue remplissait de façon indiscutable les exigences d’un amour tendre, visible, et inconditionnel vis-à-vis de sa bien-aimée d’épouse. Je me basai pour cela sur des scènes quotidiennes où on voyait le couple, toujours bras dessus, bras dessous, sur les places publiques, à l’église ou au cours des cérémonies familiales.
Comme par magie, l’atmosphère se détendit. Mes amis prirent gout au jeu, au bonheur de mon ami. Mon choix fut contesté, le couple dont j’avais plaidé l’exemplarité en matière d’amour réciproque fut recalé, au prétexte vague dont j’ai oublié le ressort.
La fatigue aidant, on se perdit dans le jeu. Je ne sais pas si c’est parce que nous n’avions pas pu trouver assez de candidats qui démentissaient les affirmations de mon ami, que nous avons élargi nos recherches au-delà des frontières.
Ce dont je me rappelle et qui me fascine encore est qu’il y a eu quelqu’un au sein du groupe qui a avancé le cas du couple MPORAMAZINA comme un couple tendre et aimant. Et cela emporta sans discussion l’assentiment des convives parmi ceux qui connaissaient cette famille.
C’était il y a quelque temps, mais l’unanimité et la spontanéité de mes amis sur la reconnaissance de l’amour que se portait ce couple ne m’a pas surpris, ayant déjà été témoin à maintes reprises de la force de la tendresse et de l’amour entre les deux époux.
J’ai gardé de la provocation de mon ami un gout partagé. Autant la méthode par laquelle nous sommes parvenus à la découverte de la réalité était contestable, puisque par effraction, par subjectivité, et presque par voyeurisme, nous avons essayé d’apprécier et juger les rapports qui caractérisent les couples ; autant les conclusions de la démarche me sont apparues comme saine. A savoir la reconnaissance par chacun d’entre nous de la grandeur qui doit caractériser les personnes qui se sont engagés en se disant oui, ainsi que le respect unanime que nous leur devons, quel que soit l’état de notre performance en la matière. Il m’est apparu après cette discussion, ce ver de la Lamartine, tiré de son fameux poème intitulé « Le lac » : « Que tout ce que l’on entend, l’on voit ou l’on respire. Tout dise : Ils ont aimé »
J’en viens maintenant au deuxième trait de caractère que je retiens de Mr MPORAMAZINA. Il m’est arrivé en effet, d’avoir quelques moments privilégiés de discussion intense avec ce dernier. Dans une ambiance digne de ce que donne à voir les conversations empruntées à la littérature slave classique. Sourire toujours aux lèvres, voix mesurée, propos ponctués par quelques interruptions qui me faisaient penser que mon interlocuteur se saisissait de l’idée émise, l’analysait, la confrontait à ses savoirs et son vécu, pour émettre des idées étonnamment généreuses, et ouvertes sur d’autres dimensions insoupçonnées. Loin de jouer à ces interlocuteurs hautains, scrutant vos idées pour en relever les faiblesses supposées par rapport à leurs convictions qu’ils cherchent à imposer, MPORAMAZINA se montrait plutôt généreux, humble et à l’écoute.
Héritier d’une tradition qui croit que l’âge confère la sagesse et le savoir, comme si chaque année nous avançait en savoir, MPORAMAZINA respectait les ainés, tout en cherchant à élever les autres par le partage des connaissances. Nous sommes nombreux à avoir reçu de sa part et sur bien des sujets passionnants, des extraits, des références, des liens permettant de creuser plus des thématiques liés à la transformation du sort des hommes, convaincu qu’il était que la connaissance libère.
Je ne peux pas ne pas souligner la générosité de cet homme vis-à-vis des siens alors que son statut et son parcours auraient pu l’en éloigner sans dommage conséquent pour sa personne et sa petite famille. Né au centre ouest du pays, grandi dans la plaine de l’Imbo et ayant servi à l’âge adulte sur 3 continents de notre planète, la diversité des rencontres et la pluralité des lieux auraient pu l’y aider. Cependant, il est apparu que plus MPORAMAZINA s’éloignait géographiquement de ses racines, plus il organisait les choses pour mieux y rester. Au contraire de nous autres autochtones, qui, vaincus par la vie, dans l’impossibilité de ne plus voir ce que nous regardons en permanence, nous sommes résignés à traduire notre frustration en cynisme.
Lui au contraire a choisi de maintenir le lien avec le lieu d’où il venait, proposant à ceux de ses compatriotes ayant quelque décision, quelques modèles ayant été expérimenté à l’échelle de la planète, pour en étudier l’application chez nous.
Je ne me souviens en particulier de cette discussion sur les opportunités que notre pays pouvait saisir de la vague de délocalisation des services par des entreprises multinationales et des préparations conséquentes à mettre en œuvre pour en tirer le meilleur parti.
Non Mr MPORAMAZINA n’était pas naïf. Au contact avec des expériences riches et fécondes, il se voulait un lanceur d’idées qui feraient évoluer les siens. Laissant aux autres, l’engagement pour creuser, et explorer et investir dans la durée.
La vie de Jean Claude aura été courte, mais intensément utile. Son engagement va nous manquer. Je souhaite que ses enfants Désir et Clarice MPORAMAWINA poursuivent avec l’aide de leur mère : Marie-Louise NDAYEGAMIYE MPORAMAZINA son rêve, pour illuminer un parcours brillant et honore ainsi sa mémoire.
Généreux, engagé et efficace
Par Chris Harahagazwe
La disparition inopinée de Jean-Claude Mporamazina m’a rempli d’une tristesse infinie. « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » déplore le poète. Tous les amis et connaissances ont reçu la triste nouvelle avec choc et incrédulité. Malgré que la mort soit le lot quotidien dans notre pays de malheurs, nous ne nous y habituons jamais et trouvons encore des larmes pour pleurer. Je retiens de Jean-Claude Mporamazina trois choses : Générosité, Engagement, Efficacité.
Générosité pour porter secours ici et maintenant aux damnés burundais, engagement pour transformer la nation abandonnée des dieux et efficacité redoutable pour organiser les initiatives. Impossible n’existait pas dans son vocabulaire. Pour Jean-Claude si cela doit être fait, ce sera fait. Saint Paul écrit que tout finit dans ce monde : la vie, les richesses, les honneurs, le prestige, la seule chose qui reste et qui est éternelle, c’est l’amour.
L’amour de Jean-Claude restera pour toujours et protégera son épouse Marie Louise et ses enfants Clarisse et Désir. Les saintes écritures affirment : Qui sauve une vie humaine sauve l’humanité toute entière.
Jean-Claude en a sauvé plusieurs. Le Christ a établi le cahier des charges et le seul qu’il consultera à la fin des jours. Matthieu 25, 31-46 : J’avais faim, et vous m’avez donné à manger; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli; j’étais nu, et vous m’avez habillé; j’étais malade, et vous m’avez visité; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi!” .
C’est exactement cela que fut la vie de Jean-Claude. Que la terre des ancêtres lui soit légère.