L’ambassadeur Albert Shingiro a soutenu, lors de son briefing au Conseil de sécurité sur la situation au Burundi, mercredi 30 octobre, que Michel Kafando a fini son mandat à cause du « retour au calme et à la stabilité au Burundi après les tensions politiques de 2015 ». Le désormais ex-Envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Burundi, Michel Kafando, a eu une tout autre lecture : « La situation demeure tendue.»
Un « retour au calme et à la stabilité » n’est pas à assimiler à une période d’accalmie dont nul ne sait le jour et l’heure… Pour l’heure, pas de logiciel de sortie de crise activé. Ce faisant, le Burundi demeure sur l’agenda du Conseil de sécurité. Sous peu, le secrétaire général des Nations unies devra désigner son successeur, le 5e depuis l’éclatement de la crise de 2015. Avec le même mandat, pour le moins frappé du sceau « mission impossible » que son prédécesseur après une unique rencontre avec le président Nkurunziza et la fermeture du bureau du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme à Bujumbura? Tant s’en faut! Suivre le processus électoral jusqu’à son aboutissement sera le mandat du successeur du Burkinabè.
Quid du bilan du dialogue inter-burundais, quatre ans après son lancement? L’électrogramme de mise sur les rails est à plat. L’explication réside « sans doute » dans l’absence de volonté politique « des uns et des autres » et aussi, « pourquoi ne pas le souligner », faute d’engagement ferme des Etats de la sous-région. Mais chassez la langue de bois diplomatique, elle revient au galop : « Sans conteste, nous avons contribué à susciter chez les responsables de la région une prise de conscience plus aiguë de ce que la stabilité au Burundi est un impératif catégorique pour la paix globale dans l’ensemble de la région.»
Le 20e sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est a décidé que les présidents ougandais, kenyan et tanzanien entreprendront des consultations pour l’organisation et l’aboutissement du dialogue inter-burundais. « Hélas ! Les choses n’ont malheureusement pas bougé », a déploré l’ex-président par intérim. Le lexique de l’impuissance (« Hélas », « malheureusement ») souligne le rôle marginal joué par l’émissaire onusien comme facilitateur international dans le dossier burundais, relégué au statut d’observateur.
Une mise en garde sur le processus électoral avant de tirer sa révérence : «Il faut espérer qu’il sera transparent. Des élections mal organisées et contestées, on le sait, sont toujours source de conflit.»
Le respect des standards internationaux en matière d’élection a pour condition sine qua non une presse libre. Et l’histoire nous enseigne que l’instinct de survie et les passions mauvaises dictent aussi la conduite des hommes.