Lorsque cet après-midi l’artiste qui nous a fait l’illustration « d’ Au coin du feu », notre rubrique culturelle m’a appelé, furieux, frustré de voir sur les réseaux sociaux son dessin repris, mais « trafiqué », ma première réaction a été de banaliser cela. Il n’y avait pas mort d’homme et puis le plagiat est une pratique qui se banalise au Burundi. Avec tous les sujets politiques délicats en suspens, les difficultés que nous avons de plus en plus d’accéder aux sources officielles , le procureur de la République qui accuse Iwacu de n’avoir pas transmis « toutes les infos sur la disparition de Jean », l’histoire d’un dessin détourné m’apparaissait très mineure…
Puis, je me suis mis à la place d’Alexandre, notre artiste. Je me suis dit qu’au fond la déliquescence de toute organisation, d’un Etat, commence aussi dans les petites choses. Le manque de respect de la chose d’autrui notamment.
J’ai eu la curiosité de jeter un coup d’œil sur l’auteur du détournement , c’est une organisation dénommée Impact Hub. Et j’ai lu avec un peu d’étonnement que « Impact Hub Bujumbura est une organisation qui fait la promotion de l’entrepreneuriat, de l’innovation . » Oui, vous avez bien lu : innovation !
On peut s’interroger sur ses ambitions et ses capacités pour innover. Pour l’affiche annonçant la conférence d’une grande personnalité, l’historien Emile Mworoha, Impact Hub prend photoshop, efface quelques visages d’une affiche d’Iwacu et lance « son » dépliant .
Alexandre, l’auteur du dessin original, est très en colère. Je le comprends. Je lui ai dit qu’il est libre de poursuivre Impact Hub en justice bien que je ne me fais aucune illusion sur la suite. Je ne connais pas cette association qui veut créer, « innover ». Mais comme disait un internaute avec un peu d’humour, faire de « l’ imitasi » (imitation) n’est pas « innover ». Je me demande s’il faut en rire ou en pleurer…