Lors des travaux communautaires, samedi 7 septembre, le ministre de l’Intérieur à Rumonge et l’ombudsman à Kayanza sont entrés dans la danse, exhortant les populations à mettre en œuvre le « cessez-le-feu à l’intolérance politique ».
Trois semaines après cette déclaration, des cas de violence politique persistent. Deux militants du CNL tués à Ntega, des Imbonerakure impliqués. D’autres ont déféqué en groupe devant une permanence du CNL à Gihogazi en province Karusi. Des clôtures d’habitations dans le site de déplacés de Makebuko incendiées par des Imbonerakure, dans le sillage de menaces de passer à l’attaque en cas de refus de déguerpir des lieux, etc. Pouvait-il en être autrement ?
Au commencement était la poursuite des manifestations anti-troisième mandat, au lendemain du putsch manqué du 13 mai 2015 – au plus fort de la crise politico-sécuritaire. L’envoyé spécial de l’UE dans la région des Grands Lacs va alors jusqu’à qualifier les Imbonerakure de « supplétifs des corps de défense et de sécurité ».
Des Imbonerakure ont, par la suite, parfois endossé le rôle de l’armée dans la « protection » des frontières communes avec le voisin du nord. Souvenez-vous, ils en ont été remerciés par le secrétaire général adjoint du parti de l’Aigle, Joseph Ntakarutimana. Des reportages d’Iwacu ont également révélé des cas de rançonnage de la population par des Imbonerakure.
Aujourd’hui, les Imbonerakure portent la tension électorale à son climax par une violence politique ciblant principalement les militants du CNL.
Et une incitation à la haine – un cran au-dessus de ce refrain agressif qui, début avril 2017, a fait grand bruit : ‘’Engrossez les adversaires pour qu’ils enfantent des Imbonerakure’’ – contre les opposants. « Ces petits hommes de l’opposition, nous leur avons conseillé de nous rejoindre, mais ils n’ont pas voulu. Le jour J, nous allons les ‘’nettoyer’’…» Paroles d’une chanson entonnée à la gloire du parti de l’Aigle, lors de l’Imbonerakure day du 17 août dernier.
Pour la direction du parti au pouvoir, désavouer les Imbonerakure érigés au rang de « véritables piliers du développement au Burundi » serait un non-sens et un suicide politique à 9 mois des premiers scrutins. Difficile aussi d’assumer une telle rhétorique aussi belliciste qui va jusqu’à nier le droit à la liberté d’opinion.
Face à ce dilemme, le silence ou le déni n’étant plus une option, le secrétaire général du parti Cndd-Fdd a escamoté la réalité d’un problème interne. La question de l’intolérance politique se ramène désormais à un problème de gouvernance. Lequel justifie son avertissement donné jeudi 22 août: « Après 30 jours, nous nous rencontrerons. S’il y a des partis politiques qui grognent, le gouverneur sera convoqué pour s’expliquer comme au tribunal. S’il échoue, il sera renvoyé. Un représentant qui fait honte à l’Etat c’est une haute trahison.» En tordant la réalité pour faire passer son message politique, il a ainsi procédé à un transfert de responsabilités.